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Le NON l’emporte, contre R*dmen

La majorité refuse de continuer à financer l’amélioration des installations sportives.

Béatrice Malleret | Le Délit

La saison des référendums s’est achevée le 29 mars dernier. Au même moment où les Mcgillois et Mcgilloises de premier cycle devaient voter pour leurs prochain·e·s représentant·e·s, ceux·celles-ci ont aussi dû se prononcer sur le renouvellement des frais entretenant le complexe sportif de l’Université, dont le montant s’élève à 10$ par trimestre. La question portait sur leur intention de continuer, ou non, à payer ces frais visant à maintenir et améliorer les installations sportives de McGill.

Après consultation

La décision de faire passer cette question au référendum d’hiver a été prise, comme toutes les questions de ce genre, lors d’un conseil législatif de l’AÉUM, où se réunissent des représentant·e·s de toutes les facultés. C’était le 28 février ; bien que plusieurs représentant·e·s s’y soient opposé·e·s, la discussion n’a pas duré longtemps et une très grande majorité a approuvé cette question de référendum, malgré le fait qu’il ait été soulevé qu’elle avait un lien étroit avec le nom R*dmen et qu’elle pouvait être problématique. Dans les dernières semaines, une véritable campagne, de nouveau guidée par Tomas Jirousek, commissaire aux affaires autochtones de l’AÉUM, encourageait les étudiant·e·s à voter « non » afin de faire pression sur l’administration pour changer le nom des équipes sportives. Celui-ci, dans une lettre publiée dans le McGill Tribune, écrivait qu’en tant que membre de l’équipe d’aviron, qu’il « aimerait beaucoup voir une amélioration des installations sportives, mais seulement si celle-ci bénéficie à tous les membres de la communauté ». Les personnes autochtones, explique-t-il, dû au nom des équipes, font face à un environnement hostile au sein du complexe sportif, et voter « non » reviendrait à défendre les mêmes valeurs que lorsque la communauté avait dû voter directement pour un changement de nom.

Contre toutes attentes

Lors du conseil législatif du 28 mars, avant les résultats du référendum, Connor Spencer, vice-présidente aux affaires externes de l’année 2017–2018, a fait une déclaration au nom de Christelle Tessono, présidente du BSN (Black Students Network en anglais, ndlr) et Tomas Jirousek. « L’AÉUM a directement failli à son mandat de se montrer alliée avec les étudiant·e·s autochtones à McGill », a‑t-elle déclaré. « Il était décourageant de voir que le conseil législatif avait approuvé que cette question apparaisse dans le référendum d’hiver sans considération apparente de l’impact qu’elle pourrait avoir sur les étudiant·e·s autochtones. […] Une réconciliation implique des sacrifices. Elle implique une auto réflexion qui créera forcément des moments d’inconfort. Il s’agit de l’un de ces moments ».

Connor Spencer a démontré qu’en faisant passer directement la question au référendum, le labeur est automatiquement retombé sur les épaules des étudiant·e·s autochtones, les obligeant à construire eux·elles-mêmes une toute nouvelle campagne. Connor Spencer a demandé au conseil de considérer sa déclaration comme une condamnation du manque de respect et de professionnalisme des représentant·e·s de l’AÉUM. Tomas Jirousek, qui assistait au conseil en diffusion en direct, a aussi fait une déclaration par l’intermédiaire de Connor Spencer : « Il est déplorable de voir que les membres du conseil essayent de « gérer » ce problème alors que j’avais directement exprimé mes préoccupations quant à celui-ci. J’ai été ignoré et défié quant à mes expériences et j’ai senti que  l’on a parlé à ma place. Ceci est un exemple clair du rôle performatif  d’allié de l’AÉUM ». 

« Je présume que le renouvellement des frais va être approuvé, malheureusement », avait commenté Christelle Tossono. Le lendemain, les résultats sont tombés : le « NON » l’a emporté à 58%. La veille, Tossono avait déclaré que voter non s’agirait « d’une façon d’utiliser notre pouvoir pour faire passer un message ; et il est fondamental de réaliser le pouvoir que nous avons en tant qu’étudiant·e·s ». Elle n’y croyait presque pas, mais il semble que ce potentiel ait été réalisé. Reste maintenant à voir si l’administration répondra à cette pression. 


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