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Nous faudrait-il oser être dangereusement optimistes dans nos manifestations pour le climat ?

Iyad Kaghad | Le Délit

Le 15 mars, environ 150 000 d’entre nous marchions dans les rues de Montréal au sein des cortèges formant l’une des plus grandes manifestations des jeunes pour le climat. Pour une fois, les étudiant·e·s de McGill descendaient du piédestal auxquels les classements internationaux les placent pour se joindre aux élèves des autres universités montréalaises. Nous aimerions réfléchir à « l’après-marche » car il est évident que cet effort mondial, aussi impressionnant qu’il soit, ne se suffit pas à lui-même. 

D’abord, nous osons encore avoir l’espoir que les élu·e·s prendront la mesure de leur responsabilité et mettront le pied à l’étrier afin d’entamer les efforts nécessaires pour réduire l’imminence des situations catastrophiques qui nous menacent aujourd’hui d’ici 2030. Nous encourageons la volonté dont le gouvernement provincial a semblé faire preuve pour échanger avec les organisateur·rice·s de la marche. Cependant, nous nous faisons peu d’illusions quant à la possibilité d’un changement radical immédiat. Il nous semble donc nécessaire d’écrire à nouveau le danger que nous encourons et de pointer du doigt le mur vers lequel le système économique actuel nous emmène. 

Nous ne vous ferons pas l’offense de vous dresser une liste des composantes des changements climatiques et des bouleversements géopolitiques, économiques et sanitaires, entre autres, que ceux-ci vont engendrer. Tout le monde les crie, partout, depuis des dizaines d’années. Plutôt, nous vous offrons un appel peut-être dangereusement optimiste à l’action. Il semble redondant de dire que c’est maintenant ou jamais, alors que ça l’a été depuis une vingtaine d’années. Il serait plus adapté  de dire “mieux vaut tard que jamais”. Peu importe l’expression utilisée, reste que nous avons été immergé·e·s, le 15 mars, dans un mouvement d’une incroyable puissance. 

Cette puissance, pourtant, semblait déjà s’essouffler quand nous sommes retourné·e·s en cours, à écouter tranquillement nos professeur·e·s. Peut-être qu’en se mobilisant massivement, les structures de nos sociétés pourraient évoluer, même minimement, vers plus de résilience. Peut-être qu’en criant fort, nous pourrions redonner goût au collectif. La résolution de cette crise – il faut bien commencer à la nommer comme telle – représentera un travail  collectif à une échelle jamais atteinte auparavant. On y voit donc clairement l’intersection de tous les problèmes sociaux auxquels nous sommes confronté·e·s : il faudra, et il faut, mettre de côté les interminables discussions sur les politiques et les tarifs qui semblent occuper la majorité des pages de nos journaux, pour s’efforcer de provoquer un changement au plus vite, et ce jusqu’à nos lignes éditoriales. 

Il nous faut continuer à parler et ce de plus en plus fort, lancer ces débats “chauds, plus chauds, plus chauds que le climat”, comme le scandaient les étudiant·e·s. Il nous semble essentiel d’utiliser la visibilité qui est la nôtre en tant que journal étudiant et étudiant·e·s de McGill. Soyons donc à l’écoute de celles et ceux qui se sont donné·e·s corps et âme à l’organisation de ce mouvement mondial. Elles·ils n’ont pas cessé leur travail : occupons donc ces espaces qu’elles·ils nous fournissent. 

Car ce ne sont pas les espaces qui manquent : le chapitre McGill de « La Planète s’invite à l’université » tient un rassemblement ouvert ce jeudi, le 28 mars, et une seconde grève aura lieu le 27 septembre («  On marche, et après ? » p.5). Ne laissons pas couler entre nos doigts cette énergie, si éphémère, que nous tenons en ce moment dans nos mains. 


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