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Justice pour les femmes autochtones

Une centaine de personnes se sont rassemblées en soutien aux femmes disparues.

Iyad Kaghad | Le Délit

Station Berri-UQAM, jeudi 14 février. Une centaine de personnes sont réunies au centre des allées de la station de métro la plus achalandée de la métropole. Depuis 1991, le 14 février est la date à laquelle plusieurs communautés autochtones et allochtones se réunissent pour dénoncer le manque d’actions entreprises par les autorités publiques pour rendre justice aux victimes autochtones disparues ou assassinées, dossiers souvent laissés sans suite. 

En 1991, c’est la mort dans l’indifférence générale d’une femme du peuple de la Côte Salish (Coast Salish Peoples, ndlr) sur la rue Powell à Vancouver qui a initié le mouvement. La famille n’avait d’ailleurs pas voulu mentionner son nom.

Un enjeu encore méconnu

Marine, bénévole allochtone pour la campagne Justice for Missing and Murdered Indigenous Women ou Missing Justice rappelle que, malgré l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées qui s’est terminée en décembre passé, le drame persiste. Elle indique également que la station Berri-UQAM est un carrefour par lequel beaucoup de gens passent et est ainsi un lieu pertinent pour la sensibilisation à un tel sujet. La population semble sommairement savoir ce qu’il en est, mais ignore l’étendue du problème, indique-t-elle. 

Le rassemblement vise également à rappeler que l’enquête fédérale amorcée en 2016, chargée de « produire un rapport sur les causes systémiques de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles autochtones », comme l’énonce leur rapport provisoire, n’a pas arrêté le problème ; depuis le début de la commission, plus de 100 femmes autochtones ont été assassinées. 

Kristen Gilchrist, chercheuse indépendante à Ottawa ayant compilé la liste, mentionne que la croyance populaire perçoit le phénomène comme statique, alors que la réalité est toute autre ; chaque jour la liste s’allonge et prend de l’ampleur.

Iyad Kaghad | Le Délit

 

Élan de solidarité

Pour Édith, le fait de se rassembler le jour de la Saint-Valentin est une manifestation de la solidarité des personnes présentes envers les communautés autochtones concernées. Pour elle, la fête du 14 février est souvent associée aux couples, mais se rassembler en ce jour constituerait une occasion de parler d’amour de façon plus large, et de surcroît en partager avec les communautés marginalisées et stigmatisées ; le nom du rassemblement est Love in action (L’amour en action, ndlr). Son but serait ainsi de sensibiliser, mais aussi de permettre aux participant·e·s de partager des sentiments d’affection, de solidarité et d’amour.

Un dîner communautaire était d’ailleurs prévu, à la suite de la période de mobilisation, au collège Dawson. 

L’enquête fédérale

Le projet d’une commission d’enquête fédérale sur les femmes,les filles et les communautés LGBTQ+ autochtones disparues et assassinées a vu le jour en fin 2015. Cependant, plusieurs embûches ont limité le travail des commissionnaires. L’organisme avait demandé une extension de deux ans sur le déroulement de l’enquête et un budget supplémentaire de 50 millions de dollars afin de continuer les consultations régionales avec les communautés et les experts. 

La commission n’aura obtenu qu’un délai supplémentaire de six mois, délai dépassé en décembre passé. Les commissaires, comme Michèle Audette, la représentante québécoise, ont exprimé leur désarroi et leur incompréhension face à ce refus. Selon certain·e·s d’entre eux·elles, cette décision signifierait que la sécurité des filles, femmes et personnes LGBTQ+ autochtones passerait après d’autres intérêts politiques. Le rapport ainsi que les recommandations  seront dévoilés en avril prochain.


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