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Un cours qui suscite la colère

Un programme d’échange avec l’Université hébraïque de Jérusalem divise.

Iyad Kaghad | Le Délit

Le cours POLI 339, « Selected Topics in Comparative Politics », sera offert par le Département de sciences politiques de McGill durant la session d’été 2019, dans le cadre d’un programme d’études à l’étranger pour les étudiants de McGill. En participant à ce cours, les étudiants passeraient deux semaines en Israël, au sein de l’Université Hébraïque de Jérusalem (HUJI en anglais, ndlr). Le contenu du cours sera fondé sur une étude comparative entre politiques intérieures canadiennes et israéliennes, s’inscrivant ainsi dans la branche « politique comparée » du cursus de sciences politiques de McGill. Ce cours aurait pour objectif de permettre aux étudiants de saisir de véritables enjeux locaux et de communiquer avec des étudiants israéliens. Au total, dix-huit bourses seront accordées afin de permettre l’accès à ce cours.

Le contenu du cours sera fondé sur une étude comparative entre politiques intérieures canadiennes et israéliennes.

Des réactions diverses

La création de ce cours a suscité de vives réactions au sein du corps étudiant, avec notamment un communiqué de la part des Étudiants de McGill en solidarité pour les droits humains palestiniens (SPHR McGill en anglais, ndlr). L’Association des Étudiants de Sciences Politiques (PSSA en anglais, ndlr) a également retiré une publication Facebook faisant la promotion du cours, et a publié un message d’excuse adressé aux étudiants, affirmant « n’avoir souhaité aucun mal au travers cette publication ». Certaines réponses pointent le manque de neutralité de la PSSA, tandis que d’autres saluent l’initiative de l’association. 

SPHR McGill a fermement condamné la création de ce cours dès l’annonce de son ouverture. L’organisation de ce dernier, selon SPHR McGill, « s’inscrit dans la tendance qu’a  McGill d’encourager les échanges avec des institutions universitaires israéliennes, tout en prévenant ceux en relation avec des institutions arabes ». Toujours selon SPHR McGill, en ce faisant, McGill « normalise l’occupation du territoire palestinien ». D’autres arguments sont apportés par l’organisme, notamment vis-à-vis « l’occupation illégale du territoire palestinien par l’université hébraïque de Jérusalem », ainsi que la discrimination que pourraient rencontrer certains étudiants de McGill, « étant donné que l’université hébraïque de Jérusalem restreint son accès aux étudiants palestiniens », explique-t-il.

En s’adressant  au Délit, des membres de SPHR McGill ont souhaité insister sur la provenance du financement de ce cours. Selon l’association, le commanditaire principal pour l’organisation de ce cours est la fondation Schwartz and Reisman. Le communiqué de SPHR McGill rappelle que la fondation est en effet liée à l’entreprise Onex,  dont certains des investissements sont destinés à la technologie d’armement aérien, et qui soutiendrait l’État d’Israël. À cela s’ajoute le fait que l’HUJI comporte des programmes de recherche et de développement d’armements menés en tandem avec l’armée israélienne. L’association affirme donc que McGill prendrait une position très claire quant au conflit, en cautionnant ces programmes. 

La faculté se positionne 

Au cours du dernier conseil législatif de l’Association étudiante de la Faculté des arts (AUS en anglais, ndlr), le 30 janvier 2019, des représentants ont débattu au sujet d’une motion concernant les frais liés au cours POLI 339. Les frais couvriraient une partie du transport aérien et du logement, ainsi que les transports sur place. À cela s’ajouterait une bourse accordée aux étudiants, afin de compenser les dépenses non couvertes par les frais. La motion avait pour but d’accorder des frais s’élevant à un total de 1000$. Cependant, elle a été refusée après avoir été soumise au vote. Ce rejet de la motion est considéré comme une « victoire pour ceux qui croient en la justice à McGill et ailleurs » par SPHR McGill.


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