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Créer un espace de célébration

Le Mois de l’Histoire des Noir·e·s à McGill est lancé sous le thème de la justice.

Harmata Aboubakar

Le Délit a rencontré Shanice Yarde, l’Equity Educational Advisor in Anti-Racism and Cultural Diversity (conseillère en éducation sur l’équité dans la lutte contre le racisme et la diversité culturelle, ndlr) de McGill afin de discuter du Mois de l’Histoire des Noir·e·s.

Le Délit (LD): Quelle est la signification pour vous d’organiser le Mois de l’Histoire des Noir·e·s à McGill ?

Shanice Yarde (SY): À McGill, il y a une histoire ancienne de la communauté noire et sa mobilisation. Mais cette histoire est souvent effacée, et c’est important qu’il y ait un espace pour mettre l’expérience et l’histoire des personnes noires  de l’avant. Le mois de février est un moment pour faire cela, mais c’est aussi important de poursuivre ce travail toute l’année. J’ai commencé à travailler à McGill en 2016, et la première chose que j’ai demandée était « qu’est-ce que nous allons faire pour le mois de l’Histoire des Noir·e·s ». À ce moment-là, il n’y avait pas beaucoup de choses planifiées formellement au niveau institutionnel. Cependant, il y a toujours eu des initiatives et événements organisés par la communauté noire sur le campus dans le passé. Le Mois de l’Histoire des Noir​.es à McGill a créé une structure institutionnelle, avec les ressources que cela inclut. 

LD : Le Mois de l’Histoire des Noir·e·s a été mis en place en 2017 à McGill. Est-ce que vous sentez un changement dans l’engagement des étudiant·e·s et de l’administration dans les événements ?

SY : Comme nous sommes à la troisième édition, de plus en plus de gens sont au courant des événements et excités à l’idée d’y participer. Nous avons été en mesure d’être plus proches et de collaborer cette année avec différents départements et organisations sur le campus et d’établir des partenariats avec diverses organisations et personnes de la communauté noire à Montréal. Il y a cette année encore un engagement et du soutien de la part de l’administration, ce qui envoie un message positif pour le reste de l’Université. Beaucoup de personnes noires doivent créer ces espaces en étant seul·e·s, et souvent il n’y a pas beaucoup de ressources. Je suis contente d’encourager le travail des personnes noires et soutenir la création d’espaces de célébration au cœur de l’université. C’est très excitant de faire partie de cela. 

LD : Quels sont les différents thèmes abordés pendant le mois ?

SY : Le thème pour le mois est la justice. C’est important de discuter et de se demander : pourquoi la justice est importante ? À quoi la justice ressemblerait pour nous, pour les personnes noires à McGill et Montréal ? Et lorsque nous tenons ce genre de discussion, il est important aussi de se demander qui est inclus ou pas. Il est important pour moi d’inclure non seulement les personnes étudiantes, employées et professeures de McGill, mais aussi les personnes de la communauté noire de Montréal en général. Le thème de la justice fait qu’on s’assure qu’il y ait de l’espace pour tout le monde et en mettant de l’avant les personnes qui sont souvent ignorées et qu’on ne célèbre pas. 

LD : Est-ce important pour toi que l’intersectionnalité soit prise en compte dans les événements mis en place pendant le mois ?

SY : L’intersectionnalité est connectée au thème de la justice. Car le terme prend en compte qu’il y a certaines personnes qui sont effacées comme je l’ai dit avant. C’est important de comprendre et reconnaître qui est laissé de côté. Dans mon travail, c’est une notion importante en général. Depuis les débuts de cette initiative, j’ai toujours voulu redonner la parole aux personnes marginalisées. Je travaille et j’embauche des femmes, des personnes non binaires, des personnes queer, des personnes trans, des personnes handicapées noires. Il est aussi important, lorsqu’on organise ce genre d’événements, de penser à qui on inclut au sein de ces espaces. Par exemple, je veux que les évènements soient gratuits et les plus accessibles possible  pour tout le monde. Il y a beaucoup de travail à faire, nous continuons d’apprendre chaque année. Même quand on pense à l’intersectionnalité, certaines personnes restent exclues. Il est donc important de nommer ces choses-là et de s’engager à faire mieux pour créer des espaces inclusifs pour tout le monde.

C’est important aussi, car les personnes noires qui étaient queer, trans, des femmes, des personnes handicapées ont été effacées de cette histoire. Souvent, les personnes qui étaient mises de l’avant  étaient les hommes noirs, les personnes noires hétérosexuelles, les personnes cisgenres, les personnes de classes moyennes ou supérieures. C’est important d’écouter l’histoire des personnes qui ont été le plus marginalisées au sein de la communauté noire et d’apprendre de leurs expériences comment lutter pour plus de justice.

Quelques évènements :

  • Commémoration du Congrès des Écrivain·e·s Noir·e·s (McGill Faculty Club, le 6 février à 18h) 
  • Célébrer l’Héritage du Dr. Kenneth Melville (Pavillion Strathcona, le 18 février à 18h)

  • Comprendre la Légalisation du Cannabis (Lieu à déterminer, le 25 février à 18h) 

  • Journée de la famille et de la Communauté (Résidence La Citadelle, Le 10 février dès 11h)

  • Afro-Drag Mtl (Café Cléopatra, Le 21 février à 21h)


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