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Le Mois de l’Histoire des Noirs s’implante à McGill.

Chloé Anastassiadis | Le Délit

Il aura fallu près d’un siècle pour que le Mois de l’Histoire des Noirs (Black History Month en anglais, ndlr) arrive à l’Université McGill : cette édition est la première à aussi se tenir dans notre école. Tout au long du mois de février ont lieu, à l’initiative du Bureau de l’éducation pour l’équité sociale et la diversité (SEDE en anglais, ndlr), une quinzaine d’évènements « célébrant l’excellence Noire dans toute sa diversité ». 

Une première à McGill

Les origines du Mois de l’Histoire des Noirs remontent à la création en 1926 d’une « Semaine de l’Histoire Nègre » (Negro History Week) par l’historien afro-américain Carter G. Woodson. La deuxième semaine de février est choisie, pour coïncider avec les anniversaires d’Abraham Lincoln et Frederick Douglass, meneur abolitionniste afro-américain au passé d’esclave. Cette semaine devient officiellement le Mois de l’Histoire des Noirs en 1976, à l’occasion du bicentenaire des États-Unis d’Amérique. Il s’exporte au Royaume-Uni en 1987, pour être reconnu par la Chambre des communes du Canada en 1995, et par son Sénat en 2008.

À McGill, le Mois de l’Histoire des Noirs n’était célébré que par quelques événements indépendants les uns des autres, jusqu’à ce que le SEDE s’engage à organiser un événement unique, englobant tout le campus, ainsi que la communauté environnante. Shanice Yarde, récente recrue du Bureau, est l’instigatrice du projet. En tant que conseillère éducationnelle à la diversité, responsable de l’anti-racisme et de la diversité culturelle, elle décide l’année passée de monter une édition inaugurale du Mois de l’Histoire des Noirs à McGill.

Diversité et inclusion

Une consultation communautaire fut organisée en novembre passé, afin d’inclure une « plus large communauté » explique Shanice Yard, car le campus mcgillois a tendance à être refermé sur lui-même, justifie-t-elle. 150 idées d’événements furent proposées, et une quinzaine verront le jour. La variété de ces évènements, allant d’une conférence sur les racines africaines du yoga à un atelier pratique sur le profilage racial, découle d’une volonté manifeste de diversification, de faire déborder hors du cadre ce Mois de l’Histoire des Noirs.

Déborder dans le temps aussi, affirme Shanice Yarde, car pourquoi consigner l’Histoire des Noirs à un mois de l’année ? Cette situation reflète peut-être la « sous-représentation des personnes noires à McGill », où elles et ils peuvent « se sentir isolées », avance-t-elle. C’est pour contrer cette isolation que des évènements fermés, auxquels seuls ceux ou celles s’identifiant comme noir·e·s peuvent participer, sont organisés. « Les évènements fermés favorisent l’équité et l’inclusion » nous explique Shanice Yarde, « un espace fermé n’est pas une mauvaise chose ».

Maintenant tous les ans ?

Ayant travaillé avec des organismes mcgillois tels le Black Student Network, la McGill African Students Society, ou la Maison des Premiers Peuples (First Peoples’ House), le SEDE aimerait dorénavant pérenniser cet évènement à McGill. Selon Shanice Yard, le Prévôt Christopher Manfredi y aurait donné son accord de vive voix, le succès rencontré aidant. D’ici l’édition prochaine, vous avez encore l’opportunité de vous rendre à une conférence sur Octavia E. Butler et les femmes noires écrivaines ou un atelier Écrire Étant Noir·e (Writing While Black), tous deux ce mercredi 22 février. ξ


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