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L’AÉUM ne s’oppose pas au gazoduc

Malgré la signature du Pacte de solidarité, le Conseil refuse de condamner le projet.

Lucile Jourde Moalic | Le Délit

Lors du conseil législatif de L’AÉUM (Association Étudiante de l’Université McGill, SSMU en anglais, ndlr) du 24 janvier, les représentant·e·s ont voté presque à l’unanimité pour exprimer ouvertement, au nom de tou·te·s les étudiant·e·s, leur solidarité envers la communauté Unis’tot’en.

Solidarité mcgilloise

Le projet de construction du gazoduc Coastal GasLink supposé passer par le nord de la Colombie-Britannique, ayant été approuvé par la Cour Suprême de la province en décembre 2018, a récemment fait beaucoup de bruit dans les médias. Le projet aurait été approuvé sans consultation des chefs héréditaires de la Première Nation Wet’suwet’en vivant sur le territoire, ce qui explique les rassemblements d’opposant·e·s ayant eu lieu sur place ainsi que dans plusieurs autres villes du Canada. 

Le 14 janvier dernier, des étudiant·e·s mcgillois·es se rassemblaient à l’intersection Y pour  témoigner leur soutien au camp Unis’tot’en, notamment suite aux confrontations violentes entre des membres du camp et de la Gendarmerie royale canadienne,  ayant mené à plusieurs arrestations. 

Jeudi dernier, le sénateur d’Arts et Sciences Bryan Buraga a soumis au conseil législatif la motion de « se montrer solidaire avec le camp Unis’tot’en, et en opposition au pipeline de gaz naturel Coastal GasLink ». Cette proposition serait justifiée par un article de la constitution de l’AÉUM stipulant que « l’association s’engage à démontrer un leadership en ce qui concerne des enjeux de droits humains, de justice sociale et de protection environnementale ». La motion énonce aussi le fait que l’AÉUM se doit de communiquer sa position au ministre de la Justice du Canada et à la Ministre des Affaires autochtones et du Nord. Le commissaire aux Affaires autochtones, Tomas Jirousek, n’était pas présent lors du débat. 

Des conseiller·ère·s réservé·e·s

Beaucoup de conseiller·ère·s ont affirmé ne pas vouloir approuver la deuxième partie de la motion, soit celle mentionnant l’opposition à la construction du gazoduc. Le représentant de la Faculté de génie, Maxence Frennette, a déclaré : « 10% des étudiants que je représente étudient pour entrer dans l’industrie pétrolière, ce qui me met dans une position difficile, et ce qui m’empêchera de voter pour la motion si l’on garde la deuxième partie ». Une autre a soutenu que l’emploi futur de certain·e·s étudiant·e·s pourrait être mis en danger. La solution, pour eux, proposée par la conseillère Victoria Flaherty, serait donc d’amender la motion en retirant la deuxième moitié de la phrase, en ne laissant qu’une affirmation de solidarité. Le vice-président aux Affaires internes, Matthew McLaughlin, a également montré son soutien quant à cette suggestion.

Plusieurs étudiant·e·s se sont fortement opposé·e·s à cet amendement. Pour Buraga, se montrer solidaire et s’opposer au gazoduc sont deux positions inséparables : « Soit on est solidaire et on s’oppose au pipeline, soit on n’est pas solidaire du tout ». L’amendement a finalement été approuvé par la majorité. Jacob Shapiro, vice-président aux Affaires universitaires, s’est dit être extrêmement insatisfait par la décision : « La solidarité devrait aller au-delà des mots ». Imogen Hobbs, représentante de la Faculté d’Arts et Sciences, déclare que «  l’on ne peut pas être à moitié solidaire avec quelqu’un […] Maintenant, la motion est vide, et elle n’a aucune signification et aucun pouvoir  ». Buraga, ainsi que Shapiro, ont encouragé ceux ayant voté pour l’amendement à ne pas voter pour la motion. 

Celle-ci a tout de même été approuvée par une grande majorité : l’AÉUM soutient donc officiellement Unis’tot’en. S’adressant au Délit, Buraga, malgré sa déception, s’est dit être « heureux que nous soyons tous capables d’être solidaires avec Wet’suwet’en, en signant l’engagement (Pledge to stand with Unis’tot’en, un pacte constitué de cinq points créé par Unis’tot’enet signé par plusieurs grandes organisations, ndlr), en harmonie avec les intentions de l’Alliance des Étudiants autochtones et du commissaire aux Affaires autochtones ».


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