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Suggestions de lecture 2019

Gaston Bachelard (1884 – 1962)

La poétique de l’espace  (1957) :

Dans ce merveilleux opus, Gaston Bachelard nous livre, par la pensée poétique, la ferveur nous permettant d’habiter le monde avec grande beauté. La poétique de l’espace s’inscrit dans la série de livres de Bachelard consacrés à la « phéménologie de l’imaginaire ». Face à un monde dénué de sens et de l’attentivité qui en trace le sublime, pareil livre nous permet d’apprécier la sacerdoce du vivant et autres vertiges vitalistes auxquels nous devrions rendre grâce. Qu’est-ce la beauté d’une maison ? Comment pouvons-nous habiter notre demeure ? Quelle consolation saura recomposer le mouvant sanguin du milieu chaleureux ? Bachelard nous offre des réponses à pareilles questions, sinon des chemins où s’esquissent les retours bienheureux.

 

George Grant (1918 – 1988)

Technology and Empire : Perspectives on North America  (1969) :

Dans ce livre, George Grant travaille philosophiquement les termes qui ont marqué la politique canadienne depuis la parution de son précédent livre Lament for a Nation : the Defeat of Canadian Nationalism. Suivant les traces de Martin Heidegger et de Jacques Ellul, Grant cherche à comprendre le processus historique inhérent à nos sociétés techniques, n’hésitant pas à comparer (comme les deux autres) le capitalisme libéral au communisme bolchévique ou encore au fascisme nazi. La clef de lecture, si l’on en croit Grant, réside dans la pensée technique commune à ces trois grands empires idéologiques. À une époque où les communautés se décomposent, la pensée de Grant concernant le destin de nos sociétés est d’une actualité à en faire trembler les âmes. Les processus historiques tels que décrits par Grant semblent s’être réalisés et accélérés.

 

Vladimir Jankélévitch (1903 – 1985)

Traité des vertus  (1949) :

Quelle place ont les vertues aujourd’hui ? Vladimir Jankélévitch n’est pas sans avoir compris que la philosophie n’était rien sans une vie l’accompagnant. Face à un Sartre qui appelle les citoyens à s’engager dans la Résistance, Jankélévitch comprend que le vrai courage n’est pas s’engager à s’engager, mais à directement agir avec courage et honneur. Jankélévitch a donc risqué sa vie à une époque où Sartre faisait des conférences en France nazie. Dans le Traité des vertus, nous voyons le courage d’un homme qui nous enseigne avec brillance ce qu’est la vertu : son exercice répété.  Par une énergie souterraine et dans le style que l’on lui connait, le philosophe sait faire profession de pédagogue et en même temps de musicien.

 

Arne Næss (1912 – 2009)

Écologie, communauté et style de vie  (1989) :

Ce célèbre livre de Næss est la bible de nombreux écologistes sérieux. Nous y retrouvons les fondements philosophiques et politiques de l’« écologie profonde », cette mouvance philosophique et politique qui considère que notre rapport à l’environnement doit changer à un point tel que notre modèle civilisationnel ne peut que lui aussi être dans la nécessité de changements profonds. Ce livre nous permet de renouer, à travers les gestalts de l’écologie profonde,  avec les milieux naturels, en plus de nous guider dans nos interractions plus générales avec nos milieux. Ce livre se fait le nocher sylvestre nous permettant de comprendre à nouveau ce qu’est la « communauté » et la pleine existence. Un livre puissant.

 

Jean Vioulac (1971 – )

La logique totalitaire : essai sur la crise de l’occident  (2013) :

Ce livre n’est pas étranger à ce que nous avons dit du livre de Grant. Vioulac, dans une excellente synthèse de plusieurs travaux de Tocqueville, Hegel, Marx, Heidegger et Anders, nous offre les outils pour évaluer l’aspect totalitaire au coeur de nos « démocraties libérales ». Si l’Histoire tend à nous apprendre que la victoire des Alliés durant la Deuxième Guerre mondiale fut la victoire de la liberté et du fait démocratique, Vioulac nous montre le monstre habillé en sympathique agneau. Ce livre évacue la futilité de nos polémiques médiatiques.


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