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Tout ce qui ne va pas chez PETA

L’organisme cumule les scandales pour le meilleur et pour le pire.

Monica Morales | Le Délit

Lors de la soirée du 25 octobre se tenait une conférence avec la vice-présidente de l’organisme PETA, Tracy Reiman. Suite aux campagnes promotionnelles choquantes, je m’attendais à une discussion « de surface », mais étonnamment, Mme Reiman parut très à l’aise de dire qu’en somme, la fin justifie les moyens. Toujours.

Une analogie qui fait réagir

Leur campagne la plus récente présentait une dizaine de femmes déguisées en « servantes écarlates » — en référence à la série télé populaire mettant en scène un monde où les femmes fertiles deviendraient des servantes au service de couples bien nantis souhaitant avoir un enfant. Dans cette mise en scène publique, chaque « servante » portait un masque de vache. Le but de cette parution : sensibiliser au traitement des vaches laitières, qui sont violées, c’est-à-dire inséminées contre leur gré, puis séparées de leur veau. L’organisme a aussi, par le passé, comparé la souffrance des vaches laitières à celle d’une mère immigrante étant séparée de son enfant, en faisant écho cette fois aux nombreux scandales quant au traitement ignoble des immigrants illégaux aux États-Unis. Sans surprise, ce genre de campagne a créé beaucoup d’indignation, mais selon la vice-présidente, c’est un mal nécessaire, et les messages haineux envers l’organisme ne sont que l’œuvre d’individus ignorants. Se pourrait-il que ce genre de campagne contribue à générer de la haine ?

La fin justifie les outrages ?

Que ce soit par inadvertance, par ignorance ou encore par entêtement maladif et dommageable, les campagnes de PETA sont misogynes. Oui, l’organisme est géré par une présidente et une vice-présidente, et Tracy Reiman ne semblait pas insensible aux critiques visant l’éthique des campagnes, mais somme toute les actions posées par l’organisation semblent discutables lorsque vient le temps de parler de féminisme. On pense notamment à la publicité mettant en scène une femme qui semble voir été battue ; la voix off explique que c’est son copain nouvellement végétarien qui lui a fait mal par la puissance soudaine de ses prouesses au lit. Il y a plusieurs problèmes avec cette publicité, dont le premier plutôt évident est l’utilisation de l’image de la femme battue à des fins « commerciales ». Non seulement cela, mais en plus l’organisme la tourne en ridicule.

Lors de la conférence, une personne assise dans l’audience posa une question fort pertinente : ce genre de campagne choquante n’est-il pas une balle dans leur pied ? Ne serait-il pas plus efficace de tenir des propos moins controversés et, de ce fait, d’atteindre un plus grand public ? Ces décisions prises par l’organisme à la volée attirent peut-être un grand nombre de regards, mais aussi la haine, et repoussent un public potentiel.

PETA et l’écoféminisme

Malgré la compréhension de la vice-présidente face aux questionnements quant aux implications misogynes de l’organisme, ses opinions exprimées avec une langue de bois et les actions de l’organisme portent à croire qu’ils se pensent défenseurs d’un type de féminisme : l’écoféminisme. Pour résumer, cette théorie fait remarquer que les rapports de pouvoir se manifestant dans la société entre les genres sont aussi présents dans nos rapports à l’environnement Ainsi, selon la philosophie de PETA, les animaux (non-humains) sont victimes d’une hiérarchisation, à la manière dont les femmes sont victimes de l’intersectionnalité. Le professeur Richard Twine parle du dégoût de certaines féministes face à la comparaison des femmes aux animaux (non-humains), et déplore cette réaction qui intensifie la hiérarchie dont j’ai fait mention ci-haut. Enfin, comme PETA, le professeur dénonce cette violente réticence à la comparaison entre les structures oppressives subie par les femmes humaines et celles subies par les animaux non-humains.

Je ne veux pas dire ici qu’une vache séparée de son veau ne souffre pas, et cela ne devrait pas arriver, mais de là à comparer la complexe souffrance d’une mère immigrante qui perdrait son enfant aux mains d’un gouvernement et d’une société cruellement injuste, et celle d’une vache et de son veau me semble très exagéré, et très inégal. La souffrance des animaux est effectivement totalement injustifiée et inutile, mais cela ne veut pas dire que cette souffrance soit égale à la souffrance des femmes qui dure et qui progressent avec les patrimoines culturels depuis des siècles. Si PETA souhaite gagner de la crédibilité, l’organisme devrait cesser de faire des comparaisons outrageuses et de faire dans le clickbait.


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