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Dicte-moi ton français

La Grande Dictée donne la voix à la littérature francophone d’outre-mer.

Karene Jean-Baptiste

Ce samedi 29 septembre, le Moyse Hall de notre université a accueilli la Grande Dictée dans le cadre des Journées de la Culture. L’initiative est portée par l’organisme FrancoKaraïbes, créé il y a cinq ans dans le but de promouvoir les langues et cultures des territoires de la France d’outre-mer, et de favoriser une passerelle entre le Québec et ces cultures ultramarines. Ce samedi, c’était la Réunion qui était mise à l’honneur.

Envol pour FrancoKaraïbes

L’évènement marquait le lancement d’un projet ambitieux pour FrancoKaraïbes. Dès octobre, ses membres vont se rendre dans les treize territoires d’outre-mer français, sur une période de six mois, et organiser une grande dictée dans ces régions pour célébrer une richesse commune : la langue française. Le projet est louable : l’emphase est mise sur le partage des cultures de ces régions, l’étreinte d’un français qui évolue et se lie aux langues créoles. Au programme de l’après-midi : des discours, une dictée, des spécialités réunionnaises, une conteuse. Le texte que l’on recopie précautionneusement est celui de Mafane (photo), écrivaine réunionnaise qui emmène l’auditoire dans un récit teinté de l’imaginaire de l’île. L’exercice est plaisant, adultes et étudiant·e·s se prennent au jeu dans une activité à premier abord enfantine et presque scolaire. On sort de la dictée en discutant de l’orthographe de « rougeoyante » ou de « tonitruant », des liens se créent autour d’une langue commune et d’une littérature vaste. Mafane, ensuite, berce les spectateur·rice·s et nous narre des contes et légendes de l’île de la Réunion et de Mayotte. Son français est parfois remplacé par un créole de la Réunion, la conteuse rend hommage à des histoires qu’on ne nous raconte que trop peu avec une poésie belle et simple. Si l’événement est chaleureux, on le doit notamment à Ania Ursulet. La sincérité et le charisme de la fondatrice de FrancoKaraïbes forcent l’admiration. Les enjeux de la francophonie sont mis sur le tapis, dans une logique d’inclusion et de célébration, la mission semble réussie.

Mais où sont-ils·elles ?

Un évènement agréable, intéressant et original : alors où étaient les francophones, les francophiles et les curieux·se·s ce samedi après-midi ? La recette, pourtant honorable et difficilement critiquable, ne semble pas attirer. Le choix de l’université McGill pour héberger l’événement interroge. Bien que l’initiative soit louable, que le but soit de célébrer le français dans des environnements qui ne sont pas forcément à dominante francophones, qu’une partie de McGill s’efforce de mettre en avant la francophonie ; on sent tout de même que la dynamique anglophone du campus se marie difficilement à celle que le centre de l’enseignement du français promeut. La Grande Dictée n’a pas exactement trouvé son public à McGill ce samedi. Cependant, la beauté du projet et la passion de ceux et celles qui le soutiennent portent à croire que l’initiative de FrancoKaraïbes rencontrera son succès dans son périple ultramarin.

 

On pourra retrouver FrancoKaraïbes le 20 mars 2019 à l’occasion de la FrancoFête.


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