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L’université en campagne : CAQ

Jean-François Roberge présente sa vision de l’éducation supérieure au Délit. 

Courtoisi de la Coalition Avenir Québec

L’université pour le savoir ou l’université pour le milieu du travail ? Pour la Coalition avenir Québec (CAQ), l’une ne va pas sans l’autre. C’est ainsi que l’explique Jean-François Roberge, porte-parole en matière d’éducation et candidat dans Chambly. Différente de l’éducation primaire et secondaire, l’éducation supérieure doit permettre aux jeunes d’atteindre leur plein potentiel. Le candidat caquiste souligne par ailleurs l’importance d’arrimer davantage les milieux de l’enseignements et du travail, ainsi que de l’enjeu de la recherche transférable en entreprise.

Il va falloir davantage tenir compte des demandes des universités pour poursuivre cette mise à jour et réellement transformer le financement

Financement adapté

Questionné sur la formule actuelle du financement universitaire, Jean-François Roberge affirme que la récente modification (un changement dans la portion de financement que les universités reçoivent selon les programmes qu’elles offrent, ndlr) est positive, mais qu’elle ne va pas assez loin : « C’est allé dans la bonne direction, mais ça a été trop timide. Ça a été une mise à jour plutôt qu’une réforme. On a corrigé ici et là des problèmes, mais je pense qu’une part de la réflexion est encore à faire. » 

Toutefois, le candidat critique la rapidité de la décision du gouvernement libéral, et ce, même s’il reconnait que les milieux universitaires ont été consultés dans le processus. « Ça a été fait rapidement parce qu’ils voulaient mettre le couvercle sur la marmite. J’ai l’impression qu’il va falloir davantage tenir compte des demandes des universités pour poursuivre cette mise à jour et réellement transformer le financement », avance-t-il. 

Quant à la formule de financement en tant que telle, Jean-François Roberge propose de modifier le financement du réseau d’enseignement supérieur au complet en prenant compte des spécificités des réseaux universitaire et collégial : 

« Au collégial, c’est clair qu’on veut revoir la formule de financement FABES (formule à plusieurs segment comprenant entre autres les bâtiments, le personnel enseignant et les allocations fixes, ndlr) de manière à rehausser le financement de base et à permettre à des cégeps plus petits, souvent en région,  d’avoir un financement qui tienne compte du fait qu’il y a moins d’étudiants par classe […] et à financer ces groupes plus petits pour s’assurer que les cégeps en région soient forts et que les programmes survivent. »

Pour le réseau universitaire, le candidat caquiste avance l’idée d’un financement adapté à la pluralité des universités : 

« Nous voulons garantir un financement qui réponde aux besoins différents des universités. McGill n’a pas les mêmes enjeux que l’Université du Québec à Chicoutimi ou l’Université du Québec à Rimouski. Il faut financer les créneaux d’excellence des plus petites universités pour s’assurer qu’elles se distinguent et qu’elles soient très fortes, même à l’international. De plus, il va falloir financer davantage les partenariats en recherche, et ce, particulièrement dans les domaines des sciences de la vie et du génie. » 

Lorsque questionné sur l’évolution de l’accessibilité depuis 2012, le porte-parole en matière d’éducation soutient qu’il faut améliorer l’accessibilité aux études supérieures « en bonifiant toujours et encore notre régime d’aide financière ». Il se montre également en faveur de l’actuelle indexation des frais de scolarité qu’il décrit comme « revenant presque à un gel » et souligne l’importance de conserver la « paix sociale », en comparaison avec la « crise sociale » de 2012.

Le Québec, leader mondial

Pour Jean-François Roberge, la place du Québec à l’international est très importante. Le candidat rappelle que Montréal a été classée 1re ville universitaire au monde (selon le classement QS 2017 de Quacquarelli Symond, ndlr ), mais se désole de l’évolution récente du réseau d’éducation supérieure :

« Les dernières années ont témoigné d’un laisser-aller avec des coupes successives ou des réinvestissements qui ne sont pas à la hauteur. En 2012, il y avait un consensus pour reconnaître que notre réseau universitaire était sous-financé. On ne s’entendait pas sur la manière de le refinancer, mais tout le monde était d’accord là-dessus. C’est grave, parce que nos bons classements actuels ne sont pas dus aux dernières années de gouvernance libérale. C’est un leg historique des années 80 et 90 qu’on est en train de perdre. »

Il faut financer les créneaux d’excellence des plus petites universités pour s’assurer qu’elles se distinguent et qu’elles soient très fortes, même à l’international

Dans cette même veine, Jean-François Roberge croit que le Québec a une richesse à offrir parce qu’il forme une société distincte inspirée à la fois des pensées nord-américaine et européenne. C’est ainsi que le candidat estime qu’il faut attirer davantage d’étudiant·e·s internationaux·ales. Le porte-parole énumère plusieurs arguments pour soutenir sa vision, évoquant notamment le soutien à la recherche ou encore la création de « ponts entre les nations », les étudiants étrangers faisant office d’«ambassadeurs du Québec ». De plus, Jean-François Roberge vante l’apport migratoire : 

« Lorsque les étudiants internationaux viennent ici, ils s’établissent souvent chez nous, ils deviennent des immigrants. C’est extraordinaire parce qu’évidemment, nous n’avons aucun problème de reconnaissance des acquis, ce sont des immigrants exceptionnels. Et lorsqu’ils s’installent dans de plus petits programmes — dans des cégeps ou dans des universités — en région, ils permettent de maintenir ceux-ci en vie. »

Ainsi, pour augmenter le taux de rétention de ces étudiant·e·s, Jean-François Roberge croit que le gouvernement doit mobiliser les acteurs locaux pour réaliser des « opérations de séduction » visant les étudiant·e·s étranger·ère·s, indiquant qu’il serait ravi de voir ces dernier·ère·s faire « le choix du Québec ». En ce sens, il soutient la nécessité de la coopération entre les universités, les municipalités et le ministère de l’Immigration. Questionné sur la déréglementation des frais de scolarité pour les étudiant·e·s internationaux·ales, le candidat caquiste explique que cette mesure comporte à la fois des avantages et des inconvénients : 

« L’avantage, c’est qu’il y a des universités qui vont pouvoir se financer davantage. Disons-le, il y a des étudiants internationaux que cette hausse de prix n’effraiera nullement et qui n’auront donc aucun problème à payer et financer davantage notre réseau universitaire, donc pourquoi s’en priver ? L’inconvénient, c’est qu’on pourrait perdre certains étudiants internationaux qui ne viendraient plus chez nous à cause de cela, particulièrement en région et pour les universités francophones. Il y a évidemment plus d’anglophones que de francophones sur la planète, alors il est plus difficile pour le réseau francophone d’attirer des étudiants internationaux. Il y a donc un risque de disparité de financement à l’intérieur du réseau. »

Besoin de clarté pour la loi 151

Enfin, l’enjeu de la violence sexuelle sur les campus est abordé. Que pense Jean-François Roberge de la loi 151 (Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur)? « On a fait un pas en avant », affirme-t-il d’emblée. Toutefois, le candidat soulève un bémol, à savoir l’absence de balises claires quant aux relations intimes entre professeur·e·s et étudiant·e·s. En effet, il s’inquiète des disparités qui pourraient exister entre différents campus : 

« Imaginons que sur un campus, ce soit accepté et que des abus sexuels aient lieu, l’étudiant ou l’étudiante pourrait se dire : “Si j’avais été au campus à côté, j’aurais été mieux protégé·e.” Le principe d’une loi, évidemment, c’est d’établir des balises qui soient valides à la grandeur du Québec. » 

En conclusion, le candidat précise qu’il ne détient pas la solution à cette problématique, mais il croit que cette question a été évacuée et « balayée dans la cour de chaque université » et qu’il est nécessaire d’avoir une position claire et uniforme pour tous·tes les Québécois.ses.


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