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La tarification du carbone : Une entrevue avec Brendan Frank

À l’occasion de la publication de son dernier rapport, Le Délit s’est entretenu avec un analyste de la Commission de l’écofiscalité du Canada. 

Capucine Lorber | Le Délit

Le rapport de la Commission de l’écofiscalité du Canada visait principalement à montrer comment la tarification du carbone fonctionne, et donne des exemples de situations où ce processus s’est montré efficace, en utilisant l’exemple de la taxe sur le carbone implantée en Colombie-Britannique en 2008, mais aussi l’exemple de la Californie et du Royaume-Uni. Ces études de cas sont illustrées par des graphiques, ce qui rend l’accès au rapport plus facile. De plus, en ce qui concerne la partie expliquant pourquoi la tarification du carbone fonctionne, les auteur·e·s ont utilisé des mises en situation simples, comme par exemple comment les prix du carbone ont un effet sur nos choix lorsque nous achetons une automobile, et donnent les caractéristiques des différents véhicules en les liant à la question principale du rapport. Ensuite, il est question de comprendre comment la tarification du carbone fonctionne. Sont aussi présenté·e·s différent·e·s défenseur·e·s de la cause, pour montrer que le soutien est plus fort que ce que l’on peut penser.  La suite du rapport vise à expliquer le processus d’implémentation de ces politiques, et se termine sur des recommandations de la part des auteur·e·s du rapport. Si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous sur le site de la Commission de l’écofiscalité du Canada afin de consulter le rapport.

Commission de l’écofiscalité du Canada

Commission de l’écofiscalité du Canada

Analyste de recherche à la Commission de l’écofiscalité du Canada, présidée par Christopher Ragan, professeur de l’Université McGill, Brendan Frank est également coauteur du rapport intitulé « Nettoyer l’air : Comment la tarification du carbone aide le Canada à combattre le réchauffement climatique ». La Commission vise principalement à allier prospérité économique et environnementale. L’entrevue portait sur les enjeux liés à la tarification du carbone au Canada.

Le Délit (LD): Pour commencer, parlez-nous un peu de vous. Pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer dans la Commission, et plus particulièrement de travailler sur ce rapport ?

Brendan Frank (BF): Je suis inquiet à propos du réchauffement climatique, et j’ai passé la plupart de ma carrière à étudier et à travailler pour aider le monde et plus particulièrement le Canada à éviter les impacts du réchauffement climatique. Si nous voulons éviter les pires conséquences, il est indispensable de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce rapport que nous publions est axé sur la tarification du carbone, et explique pourquoi c’est la meilleure manière de réduire nos émissions.

LD : Que souhaitez-vous accomplir à travers ce rapport ? Quel type de personnes est visé par ce rapport ?

BF : Nous avons beaucoup travaillé sur les détails de la tarification du carbone. Mais en s’attardant sur ceux-ci, il est facile de perdre de vue l’objectif central, qui est de montrer l’efficacité de la tarification du carbone pour réduire les émissions. Nous avons voulu produire un rapport qui mettait en avant les principaux enjeux de cette question, pour éviter un groupement d’informations trop denses et confuses. C’est moins pour les hommes politiques, et plus pour les personnes qui sont intéressé·e·s par la question de la tarification du carbone, mais qui ne savent pas par où commencer.

LD : En ce qui concerne la seconde recommandation de ce rapport (les responsables politiques et les analystes devraient essayer de mieux communiquer les réalités de la tarification du carbone), pensez-vous que cela devrait se faire à petite échelle ?

BF : C’est aux personnes qui travaillent dans le domaine que revient la responsabilité de communiquer les objectifs plus larges de la tarification du carbone. C’est très facile de se perdre dans les détails. Les avis favorables à la tarification du carbone augmentent au Canada, mais ce n’est pas encore du solide. Il y a encore beaucoup de personnes qui pensent que les comportements ne changeront pas, et que cette tarification aura un impact négatif sur l’économie canadienne. Nous avons besoin de personnes qui travaillent sur cette question quotidiennement pour communiquer ces idéaux.

LD : Pourquoi est-ce que la tarification du carbone est importante à l’heure actuelle ?

BF : C’est important de faire son possible pour éviter les impacts les plus lourds du réchauffement climatique. Le plus longtemps nous attendons pour agir, le pire les conséquences seront. Je me souviens avoir entendu parler du réchauffement climatique lorsque j’étais un enfant, et je me rappelle qu’on en parlait comme étant un problème éloigné dans le futur. Mais la vérité, c’est que le réchauffement climatique est déjà là, et nous en ressentons déjà les impacts. La tarification du carbone est l’outil le plus efficace et le moins cher pour réduire les émissions, même s’il y a différentes manières d’y parvenir.

LD : Pensez-vous qu’il y a encore moyen d’arrêter le réchauffement climatique et de sauver l’environnement ?

BF : Il est impossible d’éviter tous les impacts du réchauffement climatique, puisque le climat est déjà en train d’évoluer. Et plus nous attendons pour agir, plus ce changement sera important. Si nous n’agissons pas maintenant, les dommages pourraient être catastrophiques. Le but de la tarification du carbone est donc de réduire le plus possible les impacts du réchauffement climatique. Le climat a toujours évolué, mais ces derniers siècles, l’investissement humain a fait pencher la balance, et le processus s’est accéléré. Nous voulons réduire les impacts que nous avons sur le climat.

LD : Avez-vous des conseils à donner à un·e étudiant·e qui souhaiterait agir pour réduire le réchauffement climatique ?

BF : Au niveau individuel, il est possible de préconiser les politiques intelligentes pour réduire les émissions. Il y a des gestes comme moins utiliser la voiture, baisser le chauffage, acheter un vélo qui peuvent réduire nos émissions sur une base quotidienne. La tarification du carbone n’est pas nécessaire pour cela, puisqu’il s’agit d’une motivation économique qui concerne tout le monde. Cela envoie un signal clair, et s’applique à tout le monde. C’est une chose de vouloir soi-même faire changer les choses, mais la lutte contre le réchauffement climatique est une action collective, où tout le monde doit agir.

 

Cette entrevue a été traduite de l’anglais.


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