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Hymne à l’égalité

L’hymne canadien devient inclusif grâce à la modification de ses paroles.

Depuis juin 2016, le parlement canadien discutait quant au possible changement des paroles de l’hymne national Ô Canada, écrit en 1908 par Robert Stanley Weir, pour les rendre neutres de genre. Mercredi 7 février, après deux ans de débat autour du sujet, Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien a annoncé les modifications officielles des paroles pour obtenir un hymne plus inclusif.

Évolution

Ce projet de loi a été mis sur la table par Mauril Bélanger, ancien député libéral décédé il y a deux ans. Le projet avait été mis de côté à cause d’une forte opposition de la part du Parti conservateur, mais il a cependant refait surface quand l’opposition a fini par céder. Le 31 janvier, le Sénat s’est accordé sur ce projet de loi qui a reçu la sanction royale le 7 février. 

La modification, ayant été approuvée, transforme donc les paroles de « True patriot love in all thy sons command » (un vrai amour de la patrie anime tous tes fils, ndlr) à « True patriot love in all of us command » (un vrai amour de la patrie nous anime tous, ndlr). Une douzaine de projets visant à rendre l’hymne canadien neutre ont été créés depuis 1980 mais aucun d’entre eux n’avait vu le jour jusqu’à aujourd’hui.

Il y a des gestes concrets qui sont en train d’être pris pour obtenir l’égalité des sexes

Quels enjeux ?

D’après Joël Plouffe, professeur en politique étrangère canadienne à McGill, ce changement est un grand pas en avant pour le Canada. Il explique que « l’hymne national reflète l’identité nationale du pays » et que cette modification montre donc la volonté de faire bouger les choses pour la parité homme-femme. Il explique qu’au « niveau international, c’est un élément que le gouvernement Trudeau va pouvoir utiliser dans des discours pour démontrer qu’il y a des gestes concrets qui sont en train d’être pris pour obtenir l’égalité des sexes ».

Alanna Thain, directrice de l’institut des études sur le genre, la sexualité et le féminisme à McGill (Institute for Gender, Sexuality, and Feminist Studies ou IGSF en anglais, ndlr) renchéri en témoignant qu’elle aussi trouve que ce changement est un grand pas pour l’égalité des sexes au Canada. Elle affirme que depuis toujours « elle changeait les paroles en chantant car elle se sentait exclue de ces lignes », et elle est ravie de savoir que maintenant elle n’aura plus à faire ça.

Une décision qui divise

Cependant, parmi les sénateurs, ce changement de parole divise. Alors que plusieurs sénatrices indépendantes, telles que Nancy Hartling et Pierrette Ringuette, se sentent « soulagées » d’avoir enfin un hymne qui reflète justement l’entièreté de la population, d’autres comme Carolyn Stewart Olsen (sénatrice appartenant au Parti conservateur) ou David Richard (sénateur indépendant) pensent que cette décision aurait dû être prise par le public, soit les citoyen·ne·s canadien·ne·s et non par les membres de la Chambre haute. 


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