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Pas si femmelettes que ça !

« Pourquoi #Moiaussi ? Parce qu’il est temps que la honte change de camps » Martine Delvaux.

Alexis Fiocco | Le Délit

Au cours des dernières années, le nombre de demandes d’aide contre les agressions sexuelles a considérablement augmenté. Cependant, beaucoup des femmes et des filles qui osent dénoncer reçoivent une réponse négative, que ce soit de la part des médias, des collègues de travail ou des membres de familles qui les accusent de jouer aux victimes, a souligné Maude Chalvin, coordonnatrice au Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), lors de la manifestation des femmes qui a eu lieu ce samedi 20 janvier à Montréal.

Webmestre, Le Délit

Contre les agressions sexuelles

Devant les quelques centaines de personnes rassemblées à l’esplanade de la Place des arts, Chalvin a également rappelé le mot-clic qui circulait il y a quatre ans #AgessionsNonDénoncées, qui met en lumière le fait qu’on ne peut pas se fier au système judiciaire pour avoir une idée de l’ampleur des agressions sexuelles.

« Les femmes ne jouent pas aux victimes et ne veulent plus être des victimes »

Il n’y a que 5 % des agressions sexuelles qui sont répertoriées et qui font l’objet d’une plainte devant un tribunal, 95 % des agressions passent sous silence, et parmi les 5 % connues, seulement 3 sur 1000 vont se solder en une condamnation. Des statistiques accablantes qui appellent au changement et à la lutte. Selon l’intervenante, une agression sexuelle n’a lieu que lorsqu’il y a rapport de pouvoir. Elle ne se produit pas dans une situation d’égalité, où il n’y a pas de vulnérabilité ou de dépendance. Les femmes en situation de handicap, isolées dans une société en manque d’accessibilité universelle, trop souvent en situation de dépendance et dont la parole est communément remise en question, sont d’ailleurs celles chez qui il y a le plus haut taux d’agressions sexuelles. Une lutte contre les agressions sexuelles équivaut donc à une lutte contre les rapports de pouvoir et les inégalités dans notre société.

« Il n’y a que 5% des agressions sexuelles qui sont répertoriées, 95% des agressions passent sous silence, et parmi les 5% connues, seulement 3 sur 1000 vont se solder en une condamnation » 

Dénonciations

Alexis Fiocco

Lors de cet évènement, Maude Chalvin était l’une des militantes à prendre la parole pour dénoncer le sexisme et la violence — qu’elle soit sexuelle ou de toute autre nature — commise contre les femmes.  En solidarité avec le mouvement #MoiAussi, Marlihan Lopez, représentante de Black Lives Matter et Montréal Noir, ainsi que Vivan Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec, ont tour à tour parlé des femmes de leur communauté et des difficultés auxquelles elles font face. Martine Delvaux, professeure, romancière, essayiste et féministe, a affirmé que les femmes ne jouent pas aux victimes et qu’elles ne veulent plus être des victimes. Natalie Provost, une des survivantes de la tuerie à la faculté Polytechnique, a souligné ne pas avoir été victime de violence sexuelle, mais d’une violence certainement sexuée dirigée contre les femmes. Sandra Wesly, de l’organisation Stella, représentante des travailleuses du sexe, a rappelé que certaines femmes ne peuvent pas se joindre au mouvement #MoiAussi  de peur des représailles, comme les travailleuses de sexe, les femmes racisées ou les immigrantes, au risque de déportation. Elle a aussi déclamé que le travail du sexe est un travail comme un autre, et que tous ceux et celles qui le pratiquent, trop longtemps exclu·e·s du féminisme, ont droit à la protection, à la solidarité et au respect de leurs droits en tant que travailleurs·euse·s et en tant qu’êtres humains. Ne pas oublier les femmes qui ne peuvent pas parler et qui ne peuvent pas se présenter à la manifestation était une des réclamations principales des militantes, car c’est surtout pour elles que la lutte a lieu et qu’elle doit continuer.

 


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