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Délier les langues

Les douze coups de minuit retentissent : l’année 2017 est révolue et il semblerait qu’un soupir de soulagement collectif se fasse entendre au loin.

Le début d’une nouvelle année symbolise pour beaucoup un moment de réflexion — parfois amer
— sur les mois écoulés. Cette coutume nous pousse à transformer ces réflexions en actions concrètes pour l’année qui débute. Ces actions, sur lesquelles nous pourrons revenir l’année prochaine avec un œil critique, sont un exercice nécessaire et souhaitable qui incite à ce qu’on lève les yeux de nos maux quotidiens pour jeter un regard plein d’espoir sur les mois à venir. Pour ainsi dire, la nouvelle année appelle à une introspection perpétuelle qui n’aurait d’utilité si elle ne nous commandait pas de remonter nos manches.

Ainsi soit-il, Le Délit s’y met aussi.

L’année 2018 porte en elle l’espoir d’une amé- lioration des échanges d’idées entre individus,
entre communautés, entre nations. Il nous faut faire preuve d’une communication plus juste, plus claire qu’avant, empreinte de respect et de tolérance. La solution à un problème n’est point de restreindre la parole, mais au contraire d’en rajouter. Il nous faut sans hésitation nous emparer des sujets qui nous effraient, ceux que nous cachons par convenance, avec l’espoir illusoire de voir nos problèmes se résoudre. Hier signalait justement le début de la semaine de la conscientisation de la santé mentale, une parfaite opportunité pour s’informer, réfléchir et parler d’une question qui touche tant d’entre nous.

Cet impératif de parole n’échoit pas seulement aux citoyens que nous sommes, mais également à nos administrations. À ce titre, l’AÉUM a largement manqué à remplir sa tâche. Les nombreux scandales et les querelles internes tachent notre quotidien depuis le début de l’année et l’aspect souvent négligé des traductions des listserv nous fait grincer. De la part de notre présidente qui nous a tant promis au niveau de la francophonie et de la transparence, nous attendons bien plus.

À McGill, nous espérons une meilleure communication entre l’administration et ses étudiants : améliorer l’image d’une université qui n’est pas à l’écoute de ses étudiants afin d’éviter des situations telles que l’entrevue d’Ollivier Dyens (par rapport au désir étudiant d’avoir une semaine de relâche en automne) aux propos gauches et sourds, ou celle de la décision, très critiquée, des services aux étudiants de mettre fin au programme d’aide pour les étudiant·e·s souffrant de troubles de l’alimentation, et cela sans consultation estudiantines.

Finalement, nous souhaitons que la conversation sur les violences sexuelles, qui prirent de l’ampleur en 2017, continue de vive voix cette année. On applaudit notamment les efforts du mouvement #MoiAussi et celui de la campagne Québécoise #EtMaintenant qui re-affirmait ce dimanche même la poursuite de la lutte contre les agression sexuelles. N’oublions pas non plus ces étudiants qui luttent contre les violences sexuelles sur le campus et qui continuent de se battre pour un meilleur encadrement des relations professeurs‑étudiants à travers notamment du collectif À Notre Tour (Our Turn, ndlr) et du projet de Loi 151 (« Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur », ndlr).

C’est ainsi que nous espérons voir l’année 2018, placée sous le signe d’une communication améliorée et d’une discussion élargie. Du haut de notre rôle de média indépendant, nous revient alors le devoir et le privilège de faire couler l’encre qui déliera les langues. Bonne année !


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