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Cendrillon charme Montréal

L’Opéra de Montréal présente La Cenerentola de Rossini.

Yves Renaud

Ce samedi 11 novembre, jour du Souvenir, a été aussi soir de première à Montréal, pour l’adaptation lyrique du conte de Cendrillon par Gioachino Rossini à la salle Wilfried-Pelletier. Le conte, connu de tous — notamment à travers la version de Charles Perrault, ainsi que du long-métrage d’animation des studios Walt Disney —, constitue l’intrigue pour cet opéra de Rossini, qui compte parmi les plus joués de son œuvre, derrière l’incontournable Barbier de Séville, produit en 2014 par l’Opéra de Montréal.

Dans La Cenerentola de Rossini, écrite en l’espace de trois semaines en 1816, avec un livret de Jacopo Feretti, la belle-mère cruelle de Cendrillon est remplacée par un beau-père bouffon, Don Magnifico (campé par Pietro Spagnoli), qui compte bien récupérer son rang et sa fortune en mariant l’une de ses deux filles reconnues, Clorinde (Lauren Margison) et Thisbe (Rose Naggar-Tremblay), à Don Ramiro (Juan José de Leon), qui réside dans un palais avoisinant. Le beau prince, curieux, rend visite à Don Magnifico en échangeant de rôle avec son laquais, pour confondre cette famille d’arrivistes. À son arrivée, déguisé, il tombe nez-à-nez et en amour avec Angelina la bien-nommée (Julie Boulianne), surnommée Cendrillon par une famille la condamnant au ménage. Après plusieurs péripéties, elle finira bien-sûr par épouser le prince.

Une production bien huilée

La mise en scène de Joan Font, chorégraphiée par Xevi Dorca, ne pouvait pas décevoir le public montréalais, ayant été éprouvée dans plusieurs grandes villes d’opéra depuis sa création à Houston en 2007, et interprétée par de grands noms de l’art lyrique, tels Joyce Didonato et Juan Diego Florez. Le décor, sobre, permettait de jouer sur plusieurs niveaux, dédoublant les jeux d’apartés, et donnait une intimité à la scène, loin des extravagances scéniques de Samson et Dalila présentés ici en 2015. Autre ingéniosité : la présence de six personnages de souris, qui, par leurs comiques de geste et de situation, ont grandement contribués à la dimension comique de cet opéra-bouffe. Le public montréalais a fort apprécié ces touches d’humour, à en juger l’ovation qu’ont reçu les six souris à la tombée du rideau.Deux moments forts

Souffrant peut-être du manque d’air d’opéra mondialement connu — qui fait la véritable joie du dilettante et de l’amateur — cette production de La Cenerentola  a tout de même connu deux moments forts, à en juger par la réaction du public. Le premier, porté par le personnage éponyme, a été la montée en carrosse de Cendrillon, carrosse apparu magiquement par l’entremise du mage Alidoro (Kirk Eichelberger). La mezzo-soprano Julie Boulianne, véritable star mondiale de l’opéra et ancienne mcgilloise — qu’on avait pu voir dans  Les noces de Figaro à Montréal en 2011 —, est fulgurante, tout comme la mise en scène atmosphérique qui joue magistralement d’ombre et de lumière. Le second moment fort, clou de la soirée, a été le numéro de soliste de Juan José de Leon, au départ en carrosse de son personnage Don Ramiro, empreint d’humour et de force lyrique.

Saluons la programmation de l’Opéra de Montréal, qui continue son parcours à travers l’opéra-bouffe italien entrepris depuis plusieurs années déjà.  La Cenerentola se place dans le haut du panier de productions inégalées ces dernières saisons. À voir, alors, jusqu’au 18 novembre ! 


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