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Le débat sur la marijuana

Prévue pour juillet 2018, la légalisation du cannabis reste sujet de discorde.

Capucine Lorber | Le Délit

Que ce soit au niveau fédéral ou provincial, les désaccords sont nombreux quant à la légalisation du cannabis. Par exemple, Gaétan Barrette, ministre de la Santé du Québec, trouve que le gouvernement est trop pressé d’en finir avec le sujet. Or, il est nécessaire que toutes les facettes du projet posant problème soient examinées en détail, comme par exemple les produits dérivés (huile, hasch, « space cakes » …), que la proposition de loi a omis de mentionner. Il semble donc que la loi manque de clarté sur certains points. 

Solidarité provinciale

En revanche, en ce qui concerne la distribution et la production de marijuana, la plupart des acteurs semblent être sur la même longueur d’ondes.

Martine Ouellet (Bloc Québécois) souhaite que le gouvernement québécois s’en occupe, en nationalisant la distribution et la production, et en confiant cette tâche à une nouvelle branche de la Société des alcools du Québec (SAQ) prévue à cet effet. 

Cela permettrait, d’après elle, de mieux conjuguer les impératifs économiques et la protection de la santé publique. 

Le gouvernement ontarien a des objectifs similaires, puisqu’il souhaite opérer de la même manière en créant une filiale de la Régie des alcools de l‘Ontario pour le cannabis. Selon les prédictions, 150 succursales devraient ouvrir d’ici 2020, ainsi qu’un site web, dans le but de gérer digitalement la vente et la production de pot.

« Pour [la CAQ] il n’est pas question de banaliser la consommation de cannabis »

Pas tous du même avis 

Cependant, les partis provinciaux québécois ne voient pas toutes les prévisions gouvernementales du même œil. Tandis que Québec Solidaire (QS) semble suivre la ligne directrice, Coalition Avenir Québec (CAQ) serait partisane d’un encadrement plus strict. Pour eux, il n’est pas question de banaliser la consommation de cannabis, il faudrait toujours la dissuader au maximum.

C’est pour cela qu’ils souhaitent que l’âge minimum de consommation soit de 21 ans au lieu des 18 ans prévus. Ils souhaitent aussi baisser la quantité maximale de cannabis autorisée à 15 grammes par personne au lieu de 30 grammes (chiffre jugé beaucoup trop élevé par la CAQ) et veulent  interdire la culture à domicile. De plus, la CAQ souhaiterait que la taxation relève des provinces, et non de l’État fédéral. 

Cela permettrait en effet aux provinces de toucher l’ensemble des revenus de taxation, ce qui devrait pallier l’augmentation des coûts sociaux et financiers engendrés par la légalisation. Le Parti Québécois (PQ) juge cependant les idées de la CAQ incohérentes. 

Il y a quelques années, la CAQ diabolisait la SAQ, voulant même la privatiser, alors qu’ils sont désormais de l’avis de leur laisser la distribution du pot en province. Le PQ a jugé préférable de prendre le temps d’étudier les résultats des différentes consultations menées sur la question avant d’émettre des propositions concrètes au gouvernement fédéral.Malgré les divergences qui subsistent, le Québec semble avoir trouvé une ligne directrice plutôt fiable afin de mener le projet à terme. 

Les parties devront donc surmonter leurs différences pour pouvoir arriver à un accord commun.


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