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Crise à l’AÉUM

À quand une remise en cause de l’institution ?

Mahaut Engérant

L’idée de parler de beauté n’est pas sans élégance. Cependant, dans un éditorial, elle semblait soudainement inappropriée face au spectacle désarmant que l’AÉUM (Association des étudiants de McGill, SSMU) nous a offert au cours de ces dernières semaines. Le style, l’art, la beauté, la perfection et le sublime devront donc laisser leur place à la politique et au cynisme. 

Après être passée sous une panoplie d’émotions au cours de ces dernières semaines, l’équipe du Délit était optimiste quant à ces élections. Nous nous sommes donc réunis pour éplucher les programmes de chaque candidats, prêts à mettre nos « lunettes » de la francophonie pour nous assurer que les programmes des candidats prenaient en compte les milliers d’étudiants francophones qui peuplent le campus de McGill. 

Notre optimisme fut de courte durée. À l’exception de deux candidats, aucun des programmes ne fut entièrement traduit en francais. À peu près aucune proposition sérieuse pour la francophonie. 

Le débat organisé par l’AÉUM a fait l’éloge de la médiocrité des candidats qui se pavanent sous nos yeux depuis déjà quelques jours. Parlons de beau, mais de laid aussi. Et présentement, la politique étudiante n’aura jamais été aussi laide, fade, peu accessible, mais surtout déconnectée. 

Pour pallier le manque d’engagement des étudiants, une candidate a proposé d’utiliser les fonds de l’AÉUM, qui proviennent des frais payés par les étudiants, afin de créer une page de « mèmes ». De quoi se poser des questions. 

Une autre a proposé de créer une semaine pour célébrer la francophonie. Le hic, cette semaine existe déjà et a lieu cette semaine, justement. Lorsque mise devant la contradiction, la candidate a rectifié qu’elle entendait plutôt créer un « mois » de la francophonie. Peut-être qu’une simple consultation auprès de ses pairs lui aurait permis d’éviter un tel embarras. 

Mais peut-être est-ce moi qui suit trop ambitieuse. Peut-être que c’est moi qui a des attentes trop élevées. Peut-être que les étudiants visionnaires qui rêvent d’un AÉUM qui construit des serres sur ses toits et qui propose un système de récupération de l’eau de pluie pour les usages sanitaires ne vont tout simplement pas à McGill. Aucun des candidats n’a proposé une vision pour McGill. Peut-être méritons-nous un tel niveau de médiocrité. 

Un vieil adage dit que nous avons les élus que nous méritons. La chose n’aura jamais été aussi vraie qu’avec la politique étudiante mcgilloise. Sur les sept postes exécutifs qui sont présentement en jeu, seuls deux sont contestés. Au total, ce sont 10 étudiants sur les 23 140 en premier cycle à temps plein qui se sont présentés. Pas de quoi se réjouir.

Nous sommes plusieurs à avoir cette mauvaise impression que chaque année à l’AÉUM c’est la même rengaine. Après une année à couvrir les frasques des uns et des autres, de la violence verbale à la violence sexuelle, visiblement, les mécanismes censés prévenir ce genre d’incidents ne semblent pas fonctionner. À quand une remise en cause de l’institution ?


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