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Floor fellows, retour à zéro ?

McGill revient sur une entente de principe, et refuse de payer un salaire aux floor fellows.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Après plus de deux ans de négociations et un accord finalement passé le 6 décembre 2016, l’administration mcgilloise est revenue sur sa décision de payer un salaire aux floor fellows. Pour information, ces derniers sont des étudiants expérimentés habitant en résidence et responsables chacun d’un groupe d’étudiants. Leur rôle est d’accompagner les nouveaux étudiants arrivant à l’université dans leurs débuts, veillant à leur bonne adaptation académique, comme sociale. Ils sont au nombre de 75 à l’Université McGill.

Récente syndication

Les  floor fellows ne sont syndiqués, au sein du Syndicat des employé-e‑s occasionnel-le‑s de l’Université McGill (SEOUM), que depuis 2014. Ils ne sont pas payés en argent comptant pour leur labeur mais sont logés et nourris, une situation unique au Québec pour un groupe syndiqué. Dès 2014, les floor fellows ont été inclus à l’effort de négociation du SEOUM, en vue du nouvel accord collectif à passer avec l’Université. Le premier accord collectif du SEOUM, n’incluant pas les floor fellows, avait été passé en 2010, avec une durée de vie de cinq ans. Ainsi, des négociations pour une reconnaissance du statut des floor fellows en tant que salariés et de l’importance de leur rôle débutent le 31 octobre 2014. Ces négociations sont menées par l’équipe de négociation de la Cellule B, au sein de laquelle sont regroupés les floor fellows et les moniteurs du campus MacDonald, séparés des autres travailleurs du SEOUM, regroupés en laCellule A.

Parallèlement à cela, épaulés par le SEOUM et son syndicat-parent l’Association de la Fonction Publique du Canada (AFPC), anciens et floor fellows d’alors s’engagent dans une lutte avec l’Université pour être rétroactivement payés. Cette lutte les a menés jusqu’à la Commission des normes du travail du Québec (CNT), qui a tranché en leur faveur, statuant que les floor fellows devaient être reconnus comme salariés et non bénévoles. McGill fit appel de cette décision, qui s’en alla par la suite devant la Court suprême du Canada. Cette année, ce sont à nouveau 31  floor fellows qui ont présenté un dossier pour un salaire rétroactif auprès de l’ex-CNT, qui, le 1er janvier 2016, a fusionné avec d’autres entités pour former la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. 

Une administration récalcitrante

Le 20 mars 2015, les négociations ne progressant pas à sa convenance, l’Unité B demande l’intervention d’un médiateur indépendant. L’administration n’aurait pas voulu faire de concession sur l’adoption de valeurs telles que l’anti-oppression. La situation continue par la suite à se détériorer. Le 15 octobre 2015, 96 anciens et actuels floor fellows signent une lettre ouverte adressée à l’administration dans les pages du McGill Daily, intitulée « Respecter les floor fellows, soutenir les étudiants ». Cette lettre pointe du doigt le statut précaire des floor fellows, qui n’ont pas de bail et peuvent être expulsés à tout instant. Elle dénonce aussi les stratagèmes déloyaux de l’Université, tentant de limiter la charge horaire et les responsabilités des floor fellows, afin de discréditer leurs demandes.

Arno Pedram | Le Délit

Un véto inexpliqué

Le 9 novembre 2015, McGill fit appel à un arbitre externe pour aider à l’avancée des négociations. Un an et une grève plus tard, le 6 décembre 2016, fut passé un accord entre l’Unité B du SEOUM et l’Université McGill. Cet accord donnerait aux  floor fellows un statut de salariés, qui dorénavant recevraient un salaire consacré par un contrat de travail.

SEOUM estime le coût total de cette mesure à 151 000 dollars par an pour l’Université, mais n’est pas en mesure de communiquer d’informations précise quant à la charge hebdomadaire ou le salaire horaire négociés. Robert Comeau, directeur des Relations de travail et salariales de McGill, n’a pas voulu se prononcer sur ce nombre, ne voulant pas « s’engager ici dans un débat des des chiffres ». 

Cependant la relation chaotique entre administration et les  floor fellows ne pouvait se passer d’un dernier rebondissement, et début janvier le Sous-comité aux Ressources humaines du Conseil des gouverneurs mcgillois décida d’opposer son véto à ce récent accord. Précisons qu’aucun étudiant ne siège au sein de ce comité et que ses réunions se tiennent à huis-clos. 

Contestant la légalité de ce volte-face, le SEOUM s’en remettra dorénavant à un tribunal d’arbitration, lors d’une audience, l’opposant à McGill, qui devrait se dérouler prochainement. Présent à la séance du Conseil législatif de l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM) ce 12 janvier passé, Christopher Manfredi, Recteur  de l’Université et conseiller auprès du sous-comité en question, n’a pu faire d’autre commentaire que celui que l’Université ne pouvait communiquer sur des négociations syndicales en cours. Les deux camps se retrouveront autour de la table de discussion le 6 février prochain, à l’invitation de l’arbitre. 


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