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Les samosas, là pour rester !

Vote historique : les mcgillois se prononcent en faveur du beignet indien.

Vittorio Pessin | Le Délit

Les résultats officiels sont tombés mercredi 26 octobre, avec la fermeture du bulletin de vote en ligne : les samosas sont là pour rester. À la question : « Les samosas devraient-ils être interdits sur le campus ? », 98% des interrogés ont voté « Non », ce qui constitue un record absolu. De plus, 96% des étudiants ont pris part au scrutin, du jamais-vu dans la longue histoire de la démocratie universitaire à McGill. L’Association des étudiants de l’Université McGill (AÉUM) s’est dit « extrêmement » contente du taux de participation, bien que la résolution ne soit pas passée. « Cela démontre qu’il est possible d’enrayer l’apathie générale vis-à-vis de la politique étudiante » a dit Gen Ber, le président de l’AÉUM, dans un courriel à la communauté. « Je suis heureux de voir que, pour les questions vraiment importantes, une écrasante majorité du corps étudiant exerce le droit de vote ».

Il faut dire que l’annonce du scrutin avait causé un émoi. Pour rappel, une campagne du « Non » s’était immédiatement formée. En moins d’une demi-heure, elle avait recueilli plus de sept mille signatures et près de trente mille dollars en dons.

Pendant deux semaines, son équipe de communication avait inondé le campus de publicités ; d’ailleurs, le fameux panneau géant en forme de samosa orne toujours la façade de la bibliothèque McLennan. Jean-Rolph Trudeau (aucune relation connue avec le premier ministre), un étudiant de deuxième année en physique et mathématiques qui faisait partie de l’équipe de campagne du « Non », a bien voulu nous parler de son expérience. « Je ne m’intéressais pas vraiment à la politique avant, mais ces deux semaines ont changé ma vie. Vous vous rendez compte ! Nous retirer nos samosas, c’est nous retirer une liberté fondamentale ! Cela relève du fascisme, purement et simplement. » Jean-Rolph a tenu à ce que nous précisions qu’il s’est fait tatouer « Je suis samosa » sur le front. La campagne du « Non » a promis de donner ce qui reste du trésor de campagne à l’Université pour la création d’une bourse « samosa », ouverte à tous les étudiants pour peu qu’ils « démontrent leur amour du plat préféré du campus ».

Le camp du « Oui » était moins enjoué après l’annonce des résultats. Dans un message publié sur sa page Facebook, le groupe McGill Sans Samosas (McGill SS) s’est dit « déçu » par le résultat, mais promet de « respecter » le choix des étudiants. « Le peuple a parlé : longue vie aux samosas » conclut-il. La directrice de campagne, Michelle Scott, a accepté de répondre à nos questions. « Oh, vous savez, ce n’est pas si grave que ça. Moi-même, il m’arrive de manger un samosa de temps en temps. Le problème de fond, c’est bien sûr la non-participation à la vie politique. Ce référendum aura, on espère, donné le goût des élections aux étudiants ». Il est intéressant de signaler que Michelle est la colocataire du président de l’AÉUM Gen Ber, et qu’elle faisait partie de son équipe de campagne pour l’élection présidentielle de l’année dernière. 

Cette étrange coïncidence nous a mis la puce à l’oreille, et nous avons contacté le président pour lui faire cracher le morceau. « Oui, bon, c’est vrai. On a orchestré tout ça avec Michelle pour jouer un tour à toutes ces moules apolitiques qui peuplent le campus. L’hiver passé on n’avait même pas atteint le quorum de 15% des inscrits pour un référendum, et on avait dû réitérer. C’est désolant de voir à quel point l’apathie règne sur les questions de politique chez nous. Cette fois-ci on a testé les eaux mais la prochaine fois on utilisera cette tactique pour y glisser quelques questions sérieuses. Nous réfléchissons déjà à un thème : la suspension des cours à McIntyre en hiver, ou la canonisation de flood girl, c’est à voir ! » 


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