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Du concret !

Avis étudiants sur la politique contre la violence sexuelle.

Vittorio Pessin | Le Délit

Un mois après la parution de l’ébauche la Politique contre la violence sexuelle de l’Université, un rapport réalisé par des associations étudiantes recommande de nombreuses modifications, dans le détail comme dans les grandes lignes.

Ce rapport, publié en ligne le 12 octobre par l’AÉUM (Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill, ndlr) et l’AÉCSUM (son équivalente pour les étudiants en cycles supérieurs, ndlr), se base sur des consultations étudiantes conduites avec l’aide du SACOMSS (Association mcgilloise de soutien aux survivant•e•s d’agressions sexuelles, ndlr). Bien que saluant les efforts de l’Université, le rapport énumère 28 modifications concrètes à apposer à ce projet politique souvent jugé trop vague et ambigu. 

Document survolé

Le document de l’Université a été présenté ce mercredi 19 octobre au sénat mcgillois, en présence, notamment, de la principale Mme Fortier, mais n’a pas fait l’objet d’une discussion approfondie ni d’un intérêt des plus vifs au sein de l’assemblée de professeurs et haut-responsables. Erin Sobat, vice-président de l’AÉUM aux affaires universitaires, s’est dit « déçu » de ce tiède accueil. Une politique inaugurale sur un sujet aussi essentiel, au cœur aujourd’hui d’une actualité brûlante — et violente — aurait sans aucun doute mérité plus que quelques minutes de commentaires ternes, en cette réunion des plus grandes instances mcgilloises.

Une politique trop approximative 

Le rapport regroupe ses recommandations en sept thèmes : langage et cadre, échelle, habiliter les survivants, éducation et reconnaissance, ressources de soutien, responsabilité et revue d’ensemble. Une critique traverse ces sept thèmes, le caractère vague du projet de politique, dont le langage parfois « ambigu ou légaliste a été identifié comme potentiellement aliénant ». Par exemple, cette politique prétend s’appliquer au « contexte mcgillois », sans préciser son étendue : quid les évènements hors-campus, ou les survivant•e•s non-mcgillois•e•s ayant été agressé•e•s par des membres de la communauté mcgilloise ? Le rapport regrette aussi le terme d’une approche « centrée sur les survivants », et non « pro-survivante », une expression plus valorisante dont il préconise l’usage dans tous les autres textes mcgillois sur la violence sexuelle.

Éducation et prévention

Au-delà de ces reproches, le rapport plaide pour plus de formation et sensibilisation de l’ensemble de la communauté mcgilloise : professeur•e•s, employé•e•s, mais aussi étudiant•e•s logeant hors du campus ou étant en échange — ces étudiant•e•s ne prenant pas part au Rez project, qui éduque les étudiants en première année sur le consentement, entre autres. Il note aussi que les ressources, bien que plus importantes (un conseiller responsable des contre-mesures  aux violences sexuelles étant sur le point d’être recruté), peuvent souffrir d’un manque de visibilité et d’accessibilité, à cause d’une communication maladroite.

Le rapport se permet en dernier lieu de faire quelques plus larges remarques. Il insiste sur le fait que le problème de la violence sexuelle est la responsabilité de tous, et que bien que soutenir les survivants soit à juste titre le priorité de cette politique, il faut aussi de fortes politiques préventives et correctionnelles. Le rapport s’inquiète aussi des modalités d’évaluation de cette nouvelle politique, à savoir par qui et comment ses effets seront-ils jugés. 

Alors que Chrisopher Manfredi, prévôt et v.-p. académique, a promis de soumettre au sénat la version finale de la Politique contre la violence sexuelle de l’administration avant le nouvel an, il semble qu’elle ne fasse pas dans son état actuel l’unanimité chez les étudiant•e•s. 


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