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Le combat du Vieux-Port

Les travailleurs(euses) du Vieux-Port continuent de lutter pour un salaire horaire minimum de 15 dollars.

Mahaut Engérant | Le Délit

Aujourd’hui, le salaire horaire minimum au Québec est de ‑10,75 dollars soit un demi-dollar en dessous de la moyenne fédérale canadienne. Pour une province où la vie est relativement chère, c’est embêtant. Au Vieux-Port de Montréal, les travailleurs(euses) ont décidé de s’attaquer au problème frontalement. Depuis l’automne 2015, la coalition « 15$ maintenant » se bat pour établir un seuil à 15 dollars l’heure pour tous les employé(es) du secteur.

Le Vieux-Port se met en branle 

Le 27 mai dernier, la grève générale a été votée à 80%. Depuis, les manifestations s’enchaînent, à l’image de celles qui ont eu lieu entre le 15 et le 17 septembre. Pendant trois jours, les travailleurs(euses) du Vieux-Port ont, avec leurs alliés, organisé une série de rassemblements. En plus d’un point presse, les militants ont tracté et récolté des signatures pour leur pétition.

« Selon nos recherches, selon le type d’emploi, les employés du Vieux-Port gagnent entre 1 et 8 dollars de moins que ceux qui occupent un emploi semblable ailleurs dans la ville » explique Jacques Fontaine, un des grévistes lors d’un entretien avec Alternative Socialiste.

Avec un salaire de départ moyen à 10,67 dollars (moins que le salaire minimum provincial), et des rémunérations qui ne sont pas indexées sur les prix (dans la dernière décennie, les salaires du Vieux-Port ont augmenté de 4,25% alors que le Québec a connu une inflation d’environ 17% sur la même période), les grévistes expliquent qu’ils ont raison d’être indignés. 40% des travailleurs(euses) du Vieux-Port verraient leur fiche de paie augmenter avec un salaire à 15 dollars.

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Mahaut Engérant | Le Délit

Une mesure contestée

Sans surprise, le mouvement n’est pas vu d’un bon œil par le patronat de l’entreprise. Pour l’instant, les demandes des grévistes n’ont pas été acceptées. Une augmentation de salaire de 9,5% sur quatre ans a été proposée, mais la majorité des travailleurs(euses) ont voté pour son rejet. Pour Jacques Fontaine, elle ne permettrait pas de combler le retard pris au cours des dernières années.

Cependant la question de savoir si une telle augmentation est soutenable dans le contexte économique actuel se pose aussi. Pour Martine Hébert, vice-présidente de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), interviewée par La Presse, une telle loi engendrerait des coûts prohibitifs pour les petites entreprises.

Les manifestants en sont conscients, et cherchent des alternatives. Julien Daigneault, porte-parole du mouvement à Montréal, explique par exemple au journal de Montréal qu’à Seattle, si une entreprise peut démontrer son incapacité à verser des salaires à ce niveau, elle bénéficie d’une subvention alimentée par une taxe sur les grandes entreprises style Walmart.

On peut par ailleurs penser que ce genre de problématique s’effacera à terme, puisque l’accroissement de la consommation renflouera les caisses des entreprises québécoises.

Un mouvement international 

Ce mouvement vient rejoindre une multitude d’autres qui militent en faveur d’un salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Récemment, le gouvernement néo-démocrate (Nouveau Parti démocratique, NPD, ndlr) de l’Alberta a décidé de procéder à une augmentation en trois temps, pour arriver à 15 dollars le 1er octobre 2018.

Il y a quelques mois, l’État de la Californie adoptait une loi similaire, pour arriver à ce seuil en 2022. L’année dernière, la ville de Seattle s’est elle aussi engagée à une augmentation progressive sur quatre ans pour arriver à 15 dollars.

Il s’agit d’initiatives publiques venant du haut plutôt que du bas, dans un contexte de prospérité difficilement comparable à la situation du Québec, ce qui n’est pas de très bonne augure pour la campagne 15$ maintenant


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