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Elections américaines : que promettent les candidats ? 7/7 – Justice

Le Délit passe au tamis les positions des candidats Clinton et Trump quant à la justice.

Mahaut Engérant | Le Délit

Trump s’éloigne des positions habituelles du parti républicain sur les problématiques liées aux communautés LGBT, à l’égalité des sexes, etc. La question des personnes transgenres, et notamment de l’utilisation par des personnes transgenres de toilettes destinés « normalement » au sexe opposé passionne les foules et oppose les Républicains, hostiles à cette réforme, aux Démocrates. Trump ne voit pas cette question comme importante, et apparaît donc comme plutôt ouvert ou du moins indifférent à cette réforme. Sur la question des droits de la communauté gay, sa position est ambiguë. Concentré surtout sur la question de l’emploi et de l’immigration, il ne semble pas vouloir annuler la décision de la Cour Suprême de légaliser le mariage homosexuel au niveau national. Cependant, il a rassuré en février dernier les Chrétiens Évangéliques en affirmant qu’il agirait pour le « mariage traditionnel ». 

Sa position n’est donc pas claire et son programme ne mentionne nulle part les droits de la communauté LGBT ou ceux des femmes. Ayant multiplié les attaques sexistes, son discours ne laisse pas supposer que sa politique soit orientée vers l’égalité des sexes. Il a affirmé à plusieurs reprises son opposition à l’avortement, sauf en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère. Ses programmes et discours n’indiquent pas pour l’instant qu’il prendra des mesures particulières pour l’égalité des sexes et la défense des communautés LGBT, un flou qui témoigne d’un désintérêt pour ces questions. Cependant, la plateforme électorale républicaine 2016 définit le mariage entre un homme et une femme comme le fondement d’une société libre, ce qui laisse présager des pressions républicaines sur Trump pour l’abrogation de la loi, en cas d’élection.

Système judiciaire : Trump favorable à un durcissement de l’institution

En terme de justice, le programme de Donald Trump n’est pas clair. Il a affirmé qu’il laisserait à l’organisation conservatrice The Federalist Society (la Société Fédérale, ndlr) la liberté de nommer les juges fédéraux. Puisque Trump est un candidat républicain hors-norme, il est probable que l’organisation adopte la même politique que pendant l’ère Obama, une politique agressive cherchant à contrer les décisions de l’exécutif, et nomme ainsi des juges ne partageant pas la vision de Trump. Cependant, l’attitude de Trump à l’encontre du système judiciaire laisse penser qu’il prônera un système dur, discriminatoire et violent, où la torture sera encouragée et le camp de détention de Guantanamo en activité. Si le programme de Trump n’est pas clair, la plateforme républicaine se pose très fermement en faveur de la peine de mort, d’une peine de prison obligatoire pour punir toute attaque contre des officiers de polices et d’une importante dépénalisation.

Clinton prône des politiques féministes libérales

Après y avoir été opposée plus tôt dans sa carrière politique, Hillary Clinton se prononce aujourd’hui en faveur du mariage homosexuel. Élue, elle ne reviendrait pas sur le décret de la Cour suprême qui l’autorise au niveau fédéral. Elle prévoit de renforcer les législations condamnant la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et le genre, notamment dans l’accès à l’adoption ou la hiérarchie militaire. Clinton promet aussi de lutter pour le droit des personnes s’identifiant comme transgenres, notamment à faciliter la modification de leurs documents administratifs. Tout au long de sa carrière, travaillant au départ pour le fond de défense des enfants (Children’s Defense Fund) ou en tant que Secrétaire d’État,  Hillary s’est battue pour les droits des individus handicapés, et compte continuer cette lutte en leur donnant plus d’opportunités.

La candidate s’est surtout battue depuis toujours pour le droit des femmes et par là l’égalité des sexes. Ainsi, elle promet d’agir pour briser le plafond de verre en soutenant le Paycheck Fairness Act (Loi Juste Salaire, ndlr), qui donnerait aux femmes une formation pour négocier leur salaire, et réduirait la liberté des employeurs à sous-évaluer le travail des femmes et perpétuer la discrimination salariale actuelle. Par ailleurs, elle prévoit d’élever le salaire minimum, comme expliqué plus haut, et cette réforme pourrait améliorer considérablement la condition des femmes aux États-Unis, puisque deux tiers des travailleurs touchant ce salaire sont des femmes. La candidate prévoit aussi de lutter avec fermeté contre la violence à l’encontre des femmes, notamment les violences conjugales et celles perpétrées sur les campus universitaires. Hillary se démarque ainsi de Trump par des propositions substantielles sur la condition des femmes et de la communauté LGBT, là où le candidat républicain n’en n’offre pas réellement.

Démocrates et justice : des réformes en profondeur souhaitées

Hillary Clinton promet de réformer lourdement le système judicaire. Elle prévoit de consulter les citoyens afin de décider de directives au sujet de l’usage de la force par les forces de police. Clinton prévoit de dédier plusieurs milliards de dollars à la formation des officiers, afin de leur offrir des formations plus complètes, enseignant aux officiers à désamorcer les situations complexes sans avoir recours à une violence physique parfois fatale. Elle envisage aussi de renforcer la législation contre le profilage racial et la violence policière en général. 

Clinton veut aussi résoudre le problème d’incarcération de masse, notant qu’un adulte américain sur cent est derrière les barreaux, et qu’un homme noir sur trois sera incarcéré au cours de sa vie. Bien que la surreprésentation de la communauté afro-américaine dans le milieu carcéral soit indéniable, otons toutefois que cette dernière donnée est fondée sur des chiffres datant de 2001, et est donc aujourd’hui contestée, puisque selon les chiffres du Bureau des statistiques judiciaires américain, le taux d’incarcération de la communauté afro-américaine a diminué de 20,6% entre 2001 et 2014.

Des mesures qui s’attaquent au conservatisme de la justice américaine
Elle compte réformer le système judiciaire de manière à ce que la réhabilitation et le traitement psychologique soient privilégiés par rapport à des peines de prison aujourd’hui trop longues, comme réponse à des crimes non-violents comme la possession de marijuana, crime pour lequel la longueur de la sentence est souvent liée aux origines raciales de la personne jugée. Aussi, la candidate démocrate veut lutter contre la privatisation des prisons, où les conditions d’emprisonnement sont souvent pires qu’en prison publique. 

Enfin, sa campagne met l’emphase sur la réintégration des anciens détenus à la société, sur l’investissement de sommes importantes et sur des réformes législatives pour leur emploi et leur droit de vote. La candidate promet enfin de soutenir l’effort de l’administration Obama vers la fermeture du camp de détention de Guantanamo. Hillary Clinton, à travers ces questions juridiques et carcérales, prouve être plus progressiste que son opposant, qui lui en reste à un conservatisme brouillon.


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