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Muse inspiré

Vague de rock britannique au Centre Bell de Montréal.

Luce Engérant

Pour présenter leur dernier album Drones, la tournée mondiale du groupe de rock alternatif Muse est passée au Centre Bell pour deux soirs de spectacle à plein régime. En première partie du concert du 21 janvier, le groupe américain X Ambassadors a interprété, devant un public enthousiaste mais distrait, plusieurs de ses tubes, dont Renegades (2015).

Un spectacle en résistance

Muse, groupe créé en 1994 par les adolescents britanniques Matthew Bellamy, Christopher Wolstenholme et Dominic Howard, est ensuite monté sur scène dans la clameur du stade presque plein. Il faut souligner la production élaborée, impressionnante, du concert. La scène ronde centrale (et pivotante) — entre deux passerelles rejoignant des plateformes latérales — était surmontée d’un écran circulaire gigantesque. Au-dessus des passerelles, de chaque côté, quatre rideaux blancs se déroulaient de temps à autre, pour la projection d’animations. Plusieurs fois, notamment au début du concert, des drones sphériques illuminés volaient au-dessus de la salle, dans une danse lente et régulière. À un moment, c’est même un gigantesque missile noir qui a fait le tour du stade, à quelques mètres de la foule. Tout le spectacle a été composé autour du thème de Drones : la robotisation, la déshumanisation, la violence militaire, la société de surveillance… Les lumières, les animations, les décors suggéraient une sorte de dystopie mécanique, métallique. 

« Les décors suggéraient une sorte de dystopiemécanique, métallique. »

L’effet scénique le plus impressionnant restera la projection, au-dessus du chanteur-guitariste Matt Bellamy et du bassiste Chris Wolstenholme, de deux mains colossales, argentées, avec des fils noués au bout des doigts. Elles semblaient guider les musiciens comme des marionnettes tout au long de The Handler.

Le groupe a abordé la critique politique avec Drones,  Psycho et Dead Inside en ouverture, suivis de près par Isolated System. Toutefois, avec des chansons comme Revolt, Resistance ou Uprising, servies dans la deuxième moitié, persistait un message appelant au soulèvement, à l’anticonformisme.

Luce Engérant

Retour sur la performance

Hormis la mise en scène spectaculaire, Muse a su contenter les fans les plus acharnés en jouant ses chansons les plus emblématiques : Map of the Problematique, Hysteria, Undisclosed Desires, Supermassive Black Hole, Time is Running Out… La clôture s’est faite en grandeur, avec Knights of Cydonia, endiablée, introduite par le thème célébrissime du western Il était une fois dans l’Ouest (composé par Ennio Morricone). Quand on a vingt ans de carrière derrière soi, quelque part, le public surexcité fait la moitié du travail en matière d’ambiance.

L’enchaînement des chansons, et surtout l’alternance entre les chansons les plus récentes tirées de Drones, et les classiques, a quelque peu enrayé la performance. Après que la foule ait entonné le chant de ralliement de Uprising, « they will not control us, we will be victorious » (« ils ne nous contrôleront pas, nous sortirons vainqueurs », ndlr), il était dommage de poursuivre le concert avec The Globalist, longue et plus lente. Bien que les animations à l’écran — des paysages urbains en décrépitude, pittoresques et colorés — aient captivé l’assemblée, cette suite a complètement brisé l’excitation générale. Le public, près du terme d’un concert de deux heures, a eu le temps de réaliser qu’il avait soif et mal au dos.

Somme toute, cette tournée mondiale en met plein la vue, parce qu’elle est de ces productions qui jouent de créativité et d’ambiances thématiques. Il ne se place pas en première place des meilleurs concerts de l’Histoire, mais certainement parmi les plus mémorables.


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