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Mcgill à découvert

Une série de conférence pour parler de science et foi.

Vittorio Pessin

Cette semaine, l’humain se révèle derrière l’élève et les voiles tombent dans le cadre de l’événement Uncover McGill : ce projet notamment organisé par deux associations chrétiennes de McGill — la Newman Catholic Student’s Society et le McGill Christian Fellowship — propose des discussions qui touchent au fondement de notre identité et aux grandes questions de la vie. Le Délit s’est rendu à deux d’entre elles.


À la croisée des chemins entre science et spiritualité
Science et religion ne seraient pas antagonistes, bien au contraire.

Le jeudi 21 janvier, Basil D. Favis, un professeur en génie chimique à l’université Polytechnique de  Montréal, a tenté de donner des éléments de réponses à une question très débattue : la foi et la science entretiennent-elles un rapport conflictuel ? 

Si pour beaucoup d’entre nous, ces deux éléments qui imprègnent notre quotidien constituent une dichotomie, le professeur québécois est convaincu du contraire. Il en est la preuve en personne : c’est à la fois un chrétien pratiquant et un scientifique passionné, qui a notamment publié des recherches sur les polymères et les biomatériaux. Mais ne vous méprenez pas, il n’est pas l’exception qui confirme la règle.

Des scientifiques aussi théologiens

On a tendance à l’oublier, mais une grande partie des scientifiques sont aussi religieux. Copernic, qui a découvert au 16e siècle que ce n’est pas la Terre qui est au centre de notre système mais bien le Soleil, était très croyant et avait fait des études en théologie. Pascal, qui a prouvé l’existence de la pression atmosphérique, est aussi un grand théologien français et défenseur des jansénistes. Isaac Newton, scientifique majeur qui a découvert notamment les lois de la gravitation universelle, a mis de côté la science à 35 ans pour publier de nombreux ouvrages religieux. Les origines de la science moderne sont donc en lien direct avec la religion. Mais aujourd’hui encore, des scientifiques renommés tel que Antony Flew, Kenneth A. Miller, ou encore Francis S. Collins, défendent cette relation entre science et spiritualité.

Un être divin comme déclencheur du Big Bang

Ces derniers puisent leur foi dans la science elle-même. En effet, comment expliquer ce réglage si précis des lois de la nature à l’origine de notre planète ? Pourquoi le monde n’est-il pas chaotique ? Par exemple, le professeur explique que le dosage entre les forces d’expansion et de gravitation dans l’univers sont le fruit d’un équilibre parfait : si la force d’expansion était ne serait-ce qu’un peu plus forte, il n’y aurait pas d’étoiles. Au contraire, si la force gravitationnelle était un petit peu plus puissante, l’univers s’effondrerait.

Il en est de même pour la masse de protons et d’électrons. Qui est responsable de cette proportion si précise des éléments de l’univers ? C’est là que différentes écoles de pensée s’opposent. Peut-être que nous sommes vraiment très chanceux. Basil D. Favis soutient que les scientifiques n’aiment pas parler de « chance ». Une autre hypothèse serait celle d’un « multivers » : peut-être vivons-nous juste dans le bon univers où le dosage s’est effectué correctement, alors que les autres univers sont chaotiques ? 

Pour l’intervenant, il y aurait une autre explication : cet univers rationnel serait le fruit d’un esprit divin. Il suggère donc que Dieu aurait créé notre univers en définissant ces lois si précises. Mais alors, si les lois de la nature sont si parfaites, pourquoi l’Homme, lui, est si imparfait ? Le professeur me répond que Dieu a voulu donner le choix à l’être humain d’être ce qu’il voulait être. ‑Hannah Raffin

Vittorio Pessin

Intervention divine dans les locaux de l’AÉUM
Une conférence au sujet de Dieu : un dialogue au service de la paix.

Mercredi 20 au soir, une centaine d’élèves assistait avec d’autres Montréalais à une conférence au titre mystérieux « Qui est Dieu ? ». 

Quelques heures avant, les étudiants sont perplexes : le prosélytisme semble en désaccord avec l’esprit McGillois. L’Université retournerait-t-elle sa veste pour revêtir une soutane, un talit ou un kesa ? La réponse est non, et heureusement. 

Un dialogue nécessaire contre le sentiment anti-religieux

L’audience est unanime : un message pacifiste est crucial. À l’échelle mondiale, le nombre de croyants ne cesse de croître. Selon la World Christian Encyclopedia, plus de 64% de la population mondiale seraient aujourd’hui de confession chrétienne, hindouiste et musulmane, contre 50% au début du 20e siècle. Contrairement à ce que beaucoup prédisaient, le monde ne devient pas plus laïc à mesure qu’il se modernise.

Cependant, cette montée de la religion s’accompagne d’une hostilité grandissante. Aujourd’hui, conflits et amalgames teintent les religions d’un sombre gris. Dans l’auditoire, se mêlent croyants, agnostiques et athées, partageant un espoir commun : que les préjugés religieux soient déconstruits. Les auditeurs désirent entendre ce qui lie les religions et veulent en finir avec toute diabolisation. Deux étudiantes assurent que les tensions religieuses existent jusque sur notre campus. Joel, père de famille et ouvrier du bâtiment, souligne l’importance de l’université pour la liberté d’expression, souvent bafouée lorsqu’elle touche au sujet sensible qu’est la religion. 

Ainsi, les spectateurs écoutèrent avec intérêt un dialogue inter-religieux animé, teinté de respect et de sincérité. Tour à tour, Mohamad Jebara, imam et érudit du Cordova Spiritual Education Centre et Abdu Murray, spécialiste du Christianisme, membre du Ministère Ravi Zacharias expliquèrent l’essence de Dieu dans leur religion respective. Chacun offrit une explication documentée, sans rendre le débat ésotérique. D’entrée de jeu, l’échange fut placé sous le signe de l’écoute et de l’humour : « We can disagree without being disagreeable » (« Nous pouvons être en désaccord sans en devenir désagréable », ndlr).

Nombreux furent les points où les interlocuteurs se rejoignirent. À la question de l’identité de Dieu, les deux orateurs répondirent qu’il est le même dans chaque religion : il s’agit du même Être Suprême, prenant différents aspects et caractéristiques. L’idée de l’Amour inconditionnel revint à plusieurs reprises : Dieu est un Être aimant, figure de Bonté et d’Espérance. Dieu attend du musulman comme du chrétien, une conduite morale et respectueuse. Les religions semblent donc promouvoir des valeurs universellement justes. 

Ainsi, il semble résider au cœur des religions, des valeurs pacifistes. La diversité religieuse doit être encouragée et les représentants des religions écoutés, pour lutter à la fois contre l’extrémisme et le sentiment anti-religieux, et pour que ni l’athéisme ni la religion ne fassent loi, dans un pays de droit. ‑Lara Benattar


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