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Une AG ostentatoire… pour si peu

Aucune motion, aucun public : un retour à la normale ?

Luce Engérant

Au moins deux cents chaises installées. Deux bureaux d’enregistrement pour le vote. Une caméra pour une projection en direct sur le web. Deux coordinateurs logistiques. Un carré VIP pour la presse étudiante. L’équipe exécutive de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) semblait obnubilée par le succès de ses Assemblées Générales (AG) de l’année dernière, souhaitant faire un aussi bon score pour son AG d’automne.  Mauvais calcul. Les quelques étudiants présents se perdaient dans la trop grande salle de bal du bâtiment Shatner, réquisitionnée pour l’occasion. Le président de l’association, Kareem Ibrahim, le reconnaît lui-même : l’aspect managérial de l’AÉUM n’attire pas les foules. Les étudiants ont besoin de plus pour sortir le nez de leurs bouquins et se tenter à l’extérieur de McLennan : une motion politique, une motion choc, qui fait vibrer. Nous l’avions connu en octobre dernier lors d’un texte en soutien aux « peuples opprimés » de Palestine. Hier, le quorum (cent étudiants, dont un maximum de cinquante provenant d’une seule faculté) n’était pas atteint malgré les samosas gratuits.

Luce Engérant

L’absence d’étudiants se confondait d’ailleurs avec une autre absence : celle des motions à débattre. Une première pour votre humble rapporteur, qui croyait pourtant avoir tout vu des AG, les ayant couvertes sans discontinuer depuis trois ans. Les étudiants présents (pour la plupart membres du conseil de l’AÉUM ou salariés) n’ont eu le droit qu’à une présentation des rapports de mi-mandat du président et de ses vice-présidents. Pour la plupart une continuation du travail entrepris par leurs prédécesseurs, sans remous ni idée géniale. Un quotidien plongé dans les réunions et les enjeux administratifs, qui leur font souvent perdre de vue l’unique raison de leur arrivée au pouvoir : le corps étudiant, appelé à voter chaque avril. Un quotidien dans lequel l’AÉUM est d’autant plus enfermée cette année qu’elle a subi de nombreux départs inattendus ces derniers mois.

Seule discussion munie d’un quelconque intérêt, celle sur la restructuration des portefeuilles de l’équipe exécutive. Quelques idées ici et là : donner un plus grand rôle au vice-président aux affaires internes pour éliminer le portefeuilles des clubs et services ; diviser les tâches du v.-p. aux affaires financières et opérationnelles entre un v.-p. finances et un v.-p. opérations. De quoi être décontenancé par tant d’originalité. Au moins y eut-il une discussion, qui devrait ensuite mener à une procédure légale. Néanmoins, les années peuvent filer et les équipes exécutives se succéder avant d’arriver à quelque chose de concret.

Cet article est aussi pour moi, votre rédacteur, l’occasion de me retirer du Délit et de la vie étudiante. Trois ans durant j’ai fait bataille pour rendre la politique étudiante lisible et intéressante. Quand j’ai compris que le mur grandissait à mesure que je le grimpais, je me mis à vouloir changer les mentalités à coup d’invitations Facebook et à clamer haut et fort mon attachement à la constitution de l’Association. Rien n’y a fait et je me suis même pris à penser que le jeu n’en valait pas la chandelle. Je laisse donc les commandes à un prochain, plein d’espoir niais que l’AÉUM remplisse enfin son devoir de faire changer les choses de manière durable et visible. Et souvenez-vous, il y aura toujours des samosas gratuits. 


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