Aller au contenu

Année 2014–15 : les grands sujets au Délit

Bilan 2014–2015.

L’austérité en résumé

Les mesures d’austérité libérales auront fortement été présentes au Délit cette année, de la première édition à la dernière. À la rentrée, on se souviendra des policiers et des pompiers avec leurs véhicules couverts d’autocollants (ils le sont toujours d’ailleurs). Alliés avec tous les autres employés municipaux, leur lutte concernait le projet de loi 3 visant les pensions de retraite. C’est par la suite l’idée du mouvement Printemps 2015 qui a vu le jour le 9 octobre 2014 lors d’une réunion de syndicats et d’étudiants luttant contre l’austérité et pour les droits syndicaux. Le comité Printemps 2015 s’inscrivait donc dans une mentalité parascolaire, c’est-à-dire en solidarité avec les services de santé, les services sociaux, les droits syndicaux et les hydrocarbures. Déjà, une grève étudiante était envisagée comme moyen de pression. Le 27 octobre 2014, le vice-principal exécutif de McGill, Anthony Masi, conviait une réunion pour exposer les effets concrets des coupures dans le budget de l’Université. La conférence pourrait être résumée par cette brève affirmation : « Ceci n’est pas une crise financière, c’est une situation difficile mais nous nous en sortirons. » Évidemment, ce constat n’aura pas été partagé par toute la population québécoise. Le 31 octobre a eu lieu une énorme manifestation en soutien à la classe moyenne qui est la plus durement touchée par les mesures d’austérité. Àl’inverse de McGill, les cégeps du Québec se sont largement indignés des coupures à leur endroit. Le 22 février, la semaine dérangeante contre l’austérité débutait avec notamment un Craie-in contre l’austérité et l’occupation des bureaux de l’Association des Banquiers Canadiens, suivis d’une quarantaine d’actions à travers le Québec. Les grandes manifestations anti-austérité ont officiellement débuté avec le début du printemps, le 21 mars, dans la première grande manifestation organisée par l’ASSÉ, conférant ainsi au mouvement un caractère foncièrement étudiant. Depuis, les manifestations de jour et de nuit se multiplient, les itinéraires sont rarement fournis, et les arrestations et les altercations policières se multiplient. Enfin, lundi 30 mars, l’AGELF, l’Association générale des étudiants de langue et littérature françaises, première association mcgilloise à s’engager officiellement contre l’austérité, a officiellement amorcé une grève d’une semaine.

Désinvestir McGill

Cette année aura été très productive pour le mouvement de désinvestissement qui a fait l’actualité à plus d’une reprise, la plupart du temps à travers l’association mcgilloise Divest McGill. L’objectif du mouvement est de convaincre les dirigeants des administrations des institutions d’enseignement supérieur en Amérique du Nord et plus particulièrement de McGill – dans le cas de Divest McGill – de cesser d’investir dans l’industrie des combustibles fossiles. Après avoir organisé le transport des activistes mcgillois vers la marche pour le climat à New York en septembre dernier, l’association a fait ses preuves le 2 février 2015 en présentant une seconde pétition et un résumé de recherche pour Comité de conseil en matière de responsabilité sociale (CAMSR) [Committee to Advise on Matters of Social Responsability, ndlr] afin de convaincre ses membres qu’investir dans les hydrocarbures n’est pas éthique. Cette fois-ci, leur démarche était appuyée par plusieurs professeurs de McGill. Les professeurs Shaun Lovejoy, Darin Barney et Christopher Barrington-Leigh ont d’ailleurs publié le 10 février une lettre ouverte dans The Montreal Gazette pour donner leur appui au mouvement et réclamer que l’Université retire ses investissements dans le domaine des hydrocarbures. Divest McGill a continué sa croisade le 13 février lors de la journée internationale d’actions pour le désinvestissement. L’organisation a profité de l’occasion pour hisser des bannières dans le local 132 du bâtiment Leacock et dans l’amphithéâtre Dawson Adams. À Montréal, l’Université Concordia a entamé des procédures de désinvestissement au mois de décembre.

L’AÉUM à l’ombre de Tariq Khan

En avril 2014, la commission juridique de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) invalidait l’élection de Tariq Khan au poste de président, pour cause d’infraction au règlement des élections. Au mois de mai, le candidat destitué attaquait l’AÉUM en justice, à la Cour supérieure du Québec. L’affaire s’est poursuivie jusqu’en octobre dernier, quand M. Khan a retiré sa plainte. Pourtant, au premier jour de la période de vote pour les élections du conseil exécutif de cette année, Tariq Khan a fait une réapparition surprise sur la page de campagne Facebook du candidat au poste de président, maintenant élu, Kareem Ibrahim, l’accusant de s’être introduit par infraction sur son compte à la suite des affaires de l’an dernier afin de prouver sa culpabilité. À l’appui des accusations de Tariq Khan, des captures d’écran de conversations entre Kareem Ibrahim et Lola Baraldi, alors candidate au poste de v.-p. aux affaires internes, publiées sur Reddit le matin même. M. Khan a déclaré son intention de mettre à jour la plainte déposée à la police, afin qu’elle contienne l’accusation de M. Ibrahim. Le caractère inédit des élections de l’an dernier a manifestement établi un précédent de contestation des résultats à l’AÉUM. Lola Baraldi a vu son élection contestée auprès de la commission, à la suite d’une plainte de son adversaire Johanna Nikoletos. Les élections du conseil exécutif de cette année ont compté 25,9% de participation, une baisse de 5% par rapport à l’année dernière. 16,7% du total des électeurs ont choisi de s’abstenir sur le vote présidentiel. Les affaires qui s’enchainent semblent entraver la confiance des étudiants envers leur association étudiante. Un vent de contestation souffle sur l’AÉUM, thème particulièrement abordé dans la campagne présidentielle d’Alexei Simakov. Le candidat sortant a déposé jeudi une plainte auprès de la commission juridique pointant les dysfonctionnements du comité des élections de l’AÉUM. En attendant la résolution des affaires en cours de la commission, on peut se demander si les précédents chroniques des élections de l’AÉUM se poursuivront dans les années à venir.

Des AG mouvementées

L’année 2014–2015 a vu une participation étudiante aux assemblées générales de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) sans précédent, rassemblant près de 750 étudiants au semestre d’automne, et plus de 400 au semestre d’hiver. Cependant, l’intérêt porté pour la politique étudiante cette année était dû plus aux propositions de motions controversées aux AG qu’à un réel désir de participation à la politique étudiante. La motion proposée à l’automne sur la solidarité avec les peuples des territoires palestiniens occupés et pour la condamnation des actes de violence de l’État israélien l’été précédent a été reportée indéfiniment, après plusieurs heures de débat sur la controverse que suscite le sujet. Au semestre d’hiver, c’est une motion proposant le désinvestissement des compagnies profitant de l’occupation illégale des territoires palestiniens qui a été rejetée. Depuis 2009, c’était la quatrième fois que des motions liées au conflit israélo-palestinien étaient rejetées. Au semestre d’automne, toutes les motions sont passées avec quorum, la motion sur les territoires palestiniens ayant été une des dernières débattues. Au semestre d’hiver cependant, le quorum n’avait pas été atteint pour la dernière motion, sur l’éducation accessible, après que la grande majorité des étudiants aient quitté la salle une fois terminé le vote sur la motion pro-Palestine, débattue en premier. L’espoir que les étudiants mcgillois seraient subitement devenus plus avides de politique étudiante n’est donc qu’un mirage. Dans la foulée de l’effervescence participative, des motions sur la lutte contre le réchauffement climatique, contre la recherche militaire, et contre les stages non-rémunérés à McGill auront tout de même été approuvées cette année.


Articles en lien