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Trois petits tours et puis s’en vont

La motion sur le désinvestissement rejetée, pas de quorum pour l’éducation accessible.

Eléonore Nouel

Près de 500 personnes se sont déplacées dimanche 15 mars pour participer à l’Assemblée Générale du semestre d’hiver de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Contrairement à l’usage habituel, les débats, qui ont démarré vers midi, se sont déroulés dans l’amphithéâtre Leacock 132 et non pas dans la salle de bal du bâtiment Shatner. Ce semestre, les motions à l’ordre du jour concernaient le désinvestissement des compagnies profitant de l’occupation illégale des territoires palestiniens, les stages non-rémunérés et une politique étudiante pour l’accessibilité de l’éducation. La motion sur la solidarité envers les étudiants et les protestataires demandant des gouvernements démocratiques, qui avait été annoncée et devait être proposée lors de l’Assemblée, ne l’a finalement pas été.

Avant d’entamer les débats sur les motions mentionnées ci-dessus, une motion a été présentée par la v.-p. aux finances de l’AÉFA Kathleen Bradley au sujet du renouvellement du contrat entre l’AÉUM et RSM Richter, qui s’occupe des contrôles financiers de l’AÉUM. Le contrat doit être renouvelé tous les 3 ans par un vote étudiant, et la motion est passée avec 259 voix pour, 6 contre, et 4 absentions.

Motion sur le désinvestissement

La motion pour le désinvestissement des compagnies profitant de l’occupation illégale des territoires palestiniens, pour laquelle la plupart des étudiants s’étaient déplacés, avait été présentée à l’Assemblée par pétition. C’est l’organisation étudiante mcgilloise Solidarity for Palestinian Human Rights [solidarité envers les droits de l’homme en Palestine, ndrl.] qui était à l’origine de la recherche et de la rédaction du texte lui-même. La motion visait à ce que l’AÉUM, à travers son exécutif, s’engage à faire pression sur l’administration de l’Université pour que celle-ci désinvestisse de cinq « compagnies qui profitent de l’occupation illégale des territoires palestiniens », les compagnies incluent entre autres Volvo et Mitsubishi. Avant d’être présentée à l’Assemblée Générale, la motion avait reçu l’appui officiel de 22 associations étudiantes, dont le Groupe de Recherche d’Intérêt Public (GRIP-McGill) et Midnight Kitchen.

À la présentation de la motion a succédé un long débat, tant les avis de la communauté étudiante étaient divisés. Simon Parentski, étudiant en droit, a affirmé au Délit qu’il était venu pour voter contre la motion car : «[…] par le passé, je sais que des étudiants se sont sentis menacés par des motions comme celles-ci  qui imposent un côté du débat [sur le conflit Israélo-Palestinien] plutôt que l’autre, et je ne pense pas que cela peut être accepté sur un campus comme McGill où la diversité des opinions est valorisée ». Mackenzie Kibbler, étudiant en Arts, a quant à lui ajouté que la motion était « une insulte à l’intelligence des étudiants.»

Du côté du oui, on regrettait surtout un débat qui s’est plus concentré sur des théories générales liées au conflit Israélo-Palestinien que sur le contenu de la motion elle-même. En entretien avec Le Délit, Dina el-Baradie, étudiante en gestion, a déploré que « La majorité des arguments contre la motion étaient sans rapport avec les investissements économiques de McGill dans ces compagnies, aucune desquelles n’est israélienne. » « Je suis venue parce que je me sens complice du fait que mon université investit dans ces cinq compagnies qui aident activement l’occupation illégale [des territoires palestiniens] et l’expansion des colonies.», a‑t-elle ajouté.

Après environ 45 minutes de débat, une motion pour passer au vote a été approuvée, ainsi qu’une mention proposée par Zain Ali Syed, étudiant en sciences, de procéder au vote par bulletin secret, ce qui a considérablement allongé la procédure. À 212 voix pour, 276 contre, et 9 absentions, la motion a été rejetée, annonce après laquelle la majorité des participants ont quitté les lieux.

Plus ou moins d’état

Présentée par le Nouveau Parti Démocrate de McGill (NPD-McGill), cette motion suggérait que l’AÉUM ne soutienne plus et ne promeuve plus « tout stage qui aille à l’encontre des lois du travail applicables. » et que l’AÉUM incite l’administration mcgilloise à faire de même. La majorité du débat autour de la question concernait l’application de cette motion aux clubs et services de plus petit calibre, certains craignant que la dernière clause de la motion en particulier limiterait ces derniers dans leur marge de manœuvre. Scott Conrad, étudiant en génie, a fait valoir que : « Limiter les clubs n’est pas une bonne idée, ils détestent ça, et ce n’est pas une bonne relation pour l’AÉUM et les clubs. ». Duncan Walt-Kier trouvait quant à lui que « notre syndicat étudiant doit parler d’une seule voix pour dire que nous n’accepterons pas que des clubs au sein de l’AÉUM promeuvent des stages non-rémunérés. » Après qu’une modification à la dernière clause concernant l’application de la motion aux clubs ait été rejetée, la motion a été divisée en deux sections : une plus générale et une concernant seulement les clubs, les deux ayant été approuvées.

Motion sur l’éducation accessible

La dernière motion débattue, concernant l’accessibilité de l’éducation, a été présentée par l’une des auteurs de la motion, la v.-p. aux affaires externes Amina Moustaqim-Barrette. La motion, qui répond au contexte provincial actuel de mesures d’austérité, vise à ce que l’AÉUM « s’oppose spécifiquement à tout mécanisme visant à augmenter les frais de scolarité » et « mobilise ses membres contre les mesures d’austérité ». Comme pour la première motion, le débat s’est rapidement éloigné du contenu lui-même alors que certains étudiants craignaient qu’elle ne serve de base à un vote de grève, dont Joshua Chin, représentant de la faculté de médecine à l’AÉUM. Plusieurs étudiants ont fait remarquer que les étudiants Français pourraient payer de plus hauts frais de scolarité si l’Université avait besoin de plus d’argent, avant que Mme Moustaqim-Barrette ne leur réponde que ces frais venaient d’avoir été augmentés. M. Chin a par la suite proposé que, comme la motion précédente, la motion sur l’accessibilité de l’éducation soit divisée en deux, sans succès. La motion a été approuvée par l’Assemblée Générale, mais seuls 97 étudiants étaient présents lors du vote, soit 3 de moins que le quorum requit pour qu’elle ait une valeur quelconque. La motion sera donc présentée au conseil législatif de l’AÉUM pour être approuvée plus tard.

Après les rapports des exécutifs de l’AÉUM, devant une vingtaine de personnes, l’Assemblée Générale s’est conclue vers 17h00. De près de 500 personnes à un peu plus d’une vingtaine, la longueur de l’Assemblée Générale aura fait fuir les plus militants, les auteurs des premières motions passées inclus. 


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