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Une assemblée chargée

L’AÉUM accueille près de 750 étudiants pour débattre.

Inès L.Dubois

C’est étendue sur trois salles bondées que l’Assemblée générale du semestre d’automne de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) s’est déroulée le mercredi 22 octobre, tant les étudiants voulant débattre sur les motions proposées étaient nombreux. Résultat : près de 750 étudiants répartis entre la salle de bal, la cafétéria, sa salle adjacente et les couloirs du bâtiment Shatner, tous désireux de faire entendre leur voix. « C’est vraiment gratifiant de voir tout ce monde ici aujourd’hui qui prend part à la vie politique étudiante », commente Amina Moustaqim-Barrette, vice-présidente aux affaires externes de l’AÉUM.

Les motions à débattre portaient sur l’action concernant les changements climatiques, un campus sans développement de technologies militaires nocives, et surtout, une motion sur la solidarité de l’AÉUM envers les peuples des Territoires palestiniens occupés. Cette dernière, raison du succès de l’AG du 22 octobre, avait résulté en la création de deux groupes Facebook pour le Oui et pour le Non, regroupant plus de 500 internautes chacun. À ces trois motions se sont ajoutées dès le début de l’Assemblée générale deux autres motions, une proposée par le conseiller David Benrimoh sur la solidarité envers les étudiants et manifestants demandant un gouvernement démocratique à Hong Kong, et la deuxième, proposée par Amina Moustaqim-Barrette sur la solidarité contre l’austérité. Retour sur huit heures de débat.

La motion sur la solidarité avec les peuples palestiniens occupés étouffée

C’était la grande motion de l’AG de l’AÉUM d’octobre 2014, celle pour laquelle s’étaient déplacés tant d’étudiants, et qui s’est vue reportée indéfiniment avant même d’avoir été débattue. L’annonce d’un débat sur une telle motion avait déjà causé une telle mobilisation avant le début de l’Assemblée que le compte Facebook de Mlle Dina el-Baradie s’était vu piraté le jour de l’AG afin de supprimer la page du Oui, selon ses propos. Juste avant d’entamer les débats, Ameya Pendse, étudiant en Arts, a proposé de reporter la motion indéfiniment. Une telle décision empêche la possibilité de débat sur la motion telle qu’elle est avant l’automne 2015. L’argument principal des partisans du report de la motion était similaire à celui des partisans du Non à la véritable motion, selon lesquels une telle motion ne pourrait que diviser le campus. « Je me sens inconfortable à l’idée que l’AÉUM prenne si hâtivement une position sur un enjeu politique très controversé et qui divise sans apprécier à sa juste valeur toute sa complexité » complète Max, un étudiant en sciences environnementales. Ralph Haddad, une des personnes à l’origine de la motion, perçoit la motion comme un enjeu humanitaire avant tout : « Le discours qui entoure cet enjeu est perçu comme divisant les étudiants, mais nous voulons vraiment que les gens se concentrent sur l’aspect humanitaire de la question. » D’autres invoquent de manière plus générale l’importance d’un débat constructif sur la question par le corps étudiant, comme Théo, étudiant en  sociologie : « En tant qu’étudiants d’une université de renom international, nous sommes parfaitement capables de débattre d’une manière constructive. »

  Après une heure et demie de débat sur le besoin de débattre, la demande de report de la motion indéfiniment est passée à 402 voix contre 337.

La motion sur l’action sur les changements climatiques approuvée

Devant une assemblée réduite par le départ de ceux qui n’étaient venus que pour soutenir ou empêcher la motion sur la solidarité avec les peuples palestiniens, la motion sur l’action sur les changements climatiques a été abordée. Cette motion prévoit que l’AÉUM se joigne aux Étudiants Contre les Oléoducs (ÉCO), une association étudiante qui lutte contre les projets de pipeline au Québec ainsi que contre l’extraction des énergies fossiles. La motion, une des plus consensuelles de l’AG même avant le 22 octobre, est passée avec 111 voix pour et 17 contre. On remarque l’écart important dans le nombre d’étudiants votant entre la première et la deuxième motion.

La motion sur la recherche militaire modifiée

La motion concernant le soutien à un campus sans développement de technologies militaires nocives s’est vue quant à elle modifiée par l’ajout de deux amendements ayant une étrange teinte de déjà-vu, tant ils se rapprochaient de la motion pour la solidarité avec les peuples palestiniens. La motion initiale prévoyait le renouvellement et le renforcement de la position de l’AÉUM contre la recherche militaire nocive et létale sur le campus mcgillois. Un amendement a été ajouté par Cadence O’Neal, l’une des auteurs de la motion, afin que l’AÉUM soit solidaire envers les populations affectées par la recherche militaire létale produite à McGill. La motion est passée à 146 voix contre 11.

Hong Kong et austérité

La motion sur la solidarité de l’AÉUM avec les manifestants Hongkongais en début d’AG par Benrimoh a été reportée afin de pouvoir mieux éduquer les étudiants sur la portée d’une telle motion. Certains craignaient en effet que l’absence de campagne pour la motion avant le 22 octobre n’avait pas permis suffisamment de réflexion au corps étudiant. Le report de la motion a été voté à 105 voix contre 77.

La motion proposée par la v.-p. aux affaires externes Amina Moustaqim-Barette est cependant passée, et ce malgré les peurs de certains qu’une position de l’AÉUM contre l’austérité implique un débat sur la grève. Cependant, la motion n’étant que destinée à condamner les coupures budgétaire du gouvernement provincial dans l’éducation post-secondaire, la motion a été approuvée à 142 voix contre 14.


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