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Il a dit « ma neige » ou « manège » ?

Dixit, le jeu de société qui imagine toutes les couleurs.

Gwenn Duval

Qui n’a jamais rêvé de pouvoir décrypter la pensée d’un adversaire pendant une partie de cartes ? Qui n’a jamais eu envie de transmettre des messages codés sans avoir à se casser la tête pour apprendre un code ? Qui n’a jamais été long à la détente, perdu dans la contemplation d’une carte ? Qui n’a jamais osé interroger, noir sur blanc, les connexions mentales des autres joueurs ? Qui n’a jamais joué à Dixit ?

Depuis sa création en 2008 par Jean-Louis Roubira, Dixit a fait parler de lui aux quatre coins du monde. Plus de 18 prix lui ont été accordés : un succès international du Portugal à la Belgique en passant par la Pologne, les États-Unis, le Japon… et le Québec où il a reçu le Lys Grand Public 2009. 

Il faut dire qu’à part les règles du jeu, toute parole s’inscrit dans un système de communication à la fois unique et universel. Le jeu repose sur l’interprétation d’images, de petites cartes délicatement illustrées par Marie Cardouat. Le principe est simple : chaque joueur a 6 cartes en mains qu’il cache aux autres au début de la partie. Le premier joueur choisit une carte de sa main et s’en inspire pour formuler un énoncé : un mot ou une courte phrase. Tous les autres joueurs consultent leurs propres cartes et choisissent celle qui correspond le mieux au mot ou à la phrase énoncée. Le premier joueur récolte toutes les cartes qui sont désormais associées à cette idée, y inclut la sienne, les mélange et les dispose sur la table. 

Les joueurs doivent alors tenter de deviner quelle était la carte qui a inspiré l’idée. Il faut décider d’une limite de temps, sinon les coups d’œil furtifs ne peuvent trouver de fin. Premier ou second degré, le pied de la lettre ou le figuré, quelle référence se cache donc derrière cette image ? Le malin qui glisserait une carte qui semble n’avoir aucun lien pourrait bien découvrir des associations insoupçonnées autour de la table. Les jeux de mots, double sens et références littéraires ou cinématographiques sont souvent appréciées car les joueurs honnêtes évitent les inside jokes. Une petite précision qui donne tout son piquant au jeu : pour que le premier joueur gagne des points, il ne faut pas que tous les autres trouvent sa carte, mais il faut qu’au moins l’un d’entre eux la trouve. De plus, les joueurs dont la carte est pointée comme étant celle qui a inspiré l’énoncé, alors que ce n’est pas le cas, gagnent des points. 

Chaque image, dont l’esthétique est très plaisante, sera passée au radar : est-ce une carte inspirée ou une carte inspirante ? Chaque joueur, dont la clairvoyance est très agréablement frustrante, sera passé à la sonde : jusqu’où réfléchir pour ne pas tomber dans un piège imaginaire ? 

La première version comportait 84 cartes, mais les extensions se multiplient et la société Libellud qui édite Dixit a embarqué dans son aventure ludique un fier équipage d’illustrateurs : Pierô, Xavier Collette, Dominique Ehrhard, Clément Lefèvre et tout récemment Franck Dion. Plus de 500 cartes ont été dessinées, qui proposent une forme de communication si adaptable, pertinente et amusante qu’on en retrouve son latin : dixit.


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