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Fortin fait bande à part

Un nouveau parti nationaliste québécois sur la scène fédérale.

Frédérique Lefort

Lors d’une conférence de presse tenue le 21 octobre, Jean-François Fortin, député de la Haute-Gaspésie—La Mitis—Matane—Matapédia et ancien membre du Bloc Québécois, a annoncé la création du parti Forces et Démocratie. Le parti est pour le moment composé de deux députés : M. Fortin ainsi que Jean-François Larose, député de la circonscription de Repentigny, ayant tout récemment quitté le Nouveau Parti démocratique (NPD). 

Bien que Jean-François Fortin ait auparavant appartenu au Bloc Québécois, il a souligné que Forces et Démocratie est un parti régionaliste et non pas souverainiste. Bien que l’objectif ne soit pas la souveraineté du Québec, il s’agit d’un parti nationaliste qui ne sera en action qu’au Québec. L’objectif premier du parti est d’offrir une meilleure représentation aux régions du Québec incluant celle de Montréal. Le nouveau chef assure que le parti sera en mesure de présenter 78 candidats pour la province aux prochaines élections. 

Forces et Démocratie se donne pour mandat de faire valoir les intérêts des régions auprès du gouvernement fédéral, de simplifier les relations région-fédéral à tous les niveaux et d’assurer une nation québécoise forte et résiliente. Selon un document sur les mesures proposées émis par le parti, ces engagements prendront une forme concrète comme, par exemple, élargir le mandat des agences fédérales de développement économique. Le parti propose aussi de stimuler la main‑d’œuvre qualifiée en région en offrant un crédit d’impôt aux jeunes diplômés qui choisissent de s’y établir. 

Ce nouveau parti, selon ses fondateurs, se veut une solution aux problèmes qui affectent la démocratie au Canada. Dans une entrevue à l’émission Pas de midi sans info de Radio-Canada, M.Fortin a souligné le manque d’intérêt de la population canadienne pour la politique. Il accuse les partis traditionnels d’en être la cause en imposant des lignes de parti et des politiques pancanadiennes qui ne répondent pas aux besoins des régions. Selon lui, les populations ne se sentent plus écoutées et incluses dans les décisions politiques. Une réforme s’impose afin de donner plus de pouvoir aux députés au sein des partis. Interrogé au sujet de la nécessité d’un nouveau parti pour accomplir cette tâche, Jean-François Fortin déclare qu’il ne croit pas que les partis présentement en place soient en mesure d’effectuer les changements nécessaires pour donner une plus grande voix aux députés : « présentement, les structures des partis sont tellement fortes qu’elles empêchent tout changement interne parce que le parti, à chaque fois, tente de se protéger.»

Le départ de Jean-François Fortin du Bloc Québécois au moins d’août avait causé bien des remous dans l’organisation. Le chef du parti, Mario Beaulieu, avait accusé le député d’hypocrisie, de manque de loyauté et de transparence lors d’une conférence de presse suite à sa démission. Celui-ci avait défendu son choix en reprochant à M. Beaulieu de détourner la vocation du Bloc Québécois. Du côté du NPD, la réaction n’est pas tendre quant au changement d’allégeances de Jean-François Larose. Robert Aubin, président du caucus québécois du NPD et député de Trois-Rivières, condamne le geste dans les médias. Selon lui, « c’est une trahison pure et simple de la mémoire de Jack Layton et du choix démocratique des électeurs de Repentigny ».


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