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Une odeur de fraude

La nouvelle direction de l’AÉUM part du mauvais pied.

78 votes. 1,3% d’écart. Les élections de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) n’auront jamais vu autant de débats et d’engagement, d’après de nombreux étudiants. Le résultat n’aura jamais été aussi serré, comme aime le répéter Tariq Khan, candidat et vainqueur à la présidence. Enfin, la participation étudiante dans les urnes aura été la plus haute depuis plusieurs années, avec un peu moins d’un tiers des 22 000 étudiants inscrits.

Les élections de l’AÉUM 2014 auront donc, il est clair, battu des records. Selon Tariq Khan, en entrevue avec Le Délit après la tombée des résultats, les campagnes étudiantes « ont servi à éduquer le corps étudiant. Cela permet à beaucoup de découvrir ce que fait l’AÉUM, et de s’engager dans l’association ». Une vision qui semble partagée par beaucoup d’acteurs dans la politique étudiante, et qui change de l’année dernière lorsque Katie Larson avait gagné la présidence sans que le campus soit ébranlé par la campagne. D’après un membre influent de la politique estudiantine qui a souhaité garder son anonymat, « la campagne [2014] a apporté un énorme élan de diversité, puisque quatre personnes se présentaient avec des programmes très différents ». Et de rajouter : « cependant, j’ai eu accès à des informations [compromettantes] qui [auraient] du être communiquées » quant à la campagne de Tariq. Une campagne avec certaines facettes illégitimes, d’après cette même source.

Le mardi 18 mars 2014, les étudiants de premier cycle recevaient la censure publique de Sandhya Sabapathy, qui aurait promis des positions dans l’AÉUM en échange de vote. Une manière polie de parler de corruption, que Sabapathy semble nier fermement : d’après une source du Délit, elle s’apprête à se tourner vers le conseil judiciaire de l’Université pour contester la décision du directeur de scrutin, Ben Fung. Lequel dit très clairement que « s’il y avait des preuves concrètes, une censure publique était envoyée ». Pas de faute de sa part, une faute aux yeux de Sabapathy – ça devrait plaire à nos confrères du McGill Tribune.

Des preuves, il y a en aussi eu pour Tariq Khan, qui s’est vu assigné une censure alors qu’il a « demandé de manière explicite à une personne ne faisant pas partie de son équipe de campagne » d’envoyer des messages au corps étudiant. Loin d’être de la corruption, « c’est une faute qui n’était pas sous mon contrôle. On cherche toujours qui cette personne est », d’après Khan. Et de rappeler très clairement que « ma campagne a été complètement légale ». Quant à une perte de crédibilité, Khan hausse les épaules : « j’ai une confiance à gagner, et à regagner. Cela se fera par le biais d’une AÉUM unie, que je veillerai à mettre en place en tant que Président. »

Le problème n’est pas pris à la légère par tout le monde ; les preuves d’irrégularités de la part de Khan existent « avant même le début de la campagne » explique notre source, citée plus haut. « Même si cela est impossible à calculer, il est possible que Khan ait bénéficié d’une plus grande visibilité avant même le début de la campagne officielle ». Pour un Président nouvellement élu, il semble que ça soit un mauvais départ.

Ne nous méprenons pas : la plupart des informations du Délit, récupérées par le biais de sources bien implantées dans l’association, ne sont pas des preuves tangibles. D’ailleurs, beaucoup l’admettent : les preuves ne sont pas simples à avoir. Qui plus est, il ne s’agit pas d’attaquer un candidat qui n’a pas encore fait ses preuves, et, il est important de rappeler que Le Délit a soutenu la candidature de Tariq (voir l’éditorial, volume 103, n°19). Il est juste question d’intégrité, qui n’est pas toujours à l’ordre du jour, même à un niveau aussi « limité » que celui de l’Université. Ou, peut-être, de se demander si les règles quant aux élections ne sont pas un peu trop restrictives. Ce qui, d’après une étudiante interviewée par Le Délit, « retire un peu l’esprit de campagne ».


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