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Marche autochtone

La place Émilie-Gamelin était remplie en ce vendredi 14 février. Une foule s’est rassemblée afin de démontrer sa solidarité à l’égard des femmes autochtones disparues et assassinées. Cette marche organisée par l’association Missing Justice avait pour but de dénoncer une réalité sociale inacceptable : la discrimination des femmes autochtones au Canada. C’est la cinquième année qu’a lieu cette marche à Montréal, et, à travers l’Île de la Tortue, plusieurs marches semblables se sont tenues en ce même jour. Une prière autochtone remerciant la Terre pour sa bienveillance a initié le début de cet événement, suivi de plusieurs performances musicales traditionnelles inuits, ainsi que de prises de paroles de diverses organisations pour le droit des femmes.

Missing Justice a dénoncé « le racisme systémique, le sexisme, et la négligence dont les femmes autochtones sont quotidiennement victimes à travers les médias, le système judiciaire et les forces policières ». Un chiffre effrayant est présenté : au Canada, les femmes autochtones sont cinq fois plus susceptibles que les autres femmes de mourir des suites d’agressions violentes. Anne Aude, qui travaille pour l’organisation Stella, groupe de soutien aux femmes prostituées, n’hésite pas à avancer que les populations autochtones et inuits sont victimes d’un « génocide » depuis l’arrivée des colons au Canada. La police est qualifiée d’assassine puisqu’elle « tue et viole les femmes autochtones en toute impunité ». Les services médicaux sont dépeints comme des bourreaux de par leurs « valeurs radicales blanches » et d’un historique de stérilisation à l’égard de ces femmes autochtones. Pour elle, la société entière est coupable de ces crimes en raison de son inertie complète face à ce problème social alarmant.

Parmi la foule hétéroclite marchant à travers les rues de Montréal, on peut y rencontrer de nombreux étudiants. Gabriella et Cindy, rencontrées séparément, confient au Délit que leur présence ici ce soir « est avant tout de nature féministe, car ces crimes perpétrés à l’égard des femmes autochtones sont un exemple supplémentaire des discriminations et violences auxquelles la femme est victime au sein de la société à l’échelle mondiale ». Zoey, également étudiante, est une activiste luttant pour la reconnaissance des droits des populations autochtones au Canada. Elle déclare au Délit : « le Canada est un pays raciste avec une longue histoire de colonisation, où le gouvernement dénie les droits fondamentaux des populations autochtones. Il est temps que cela cesse et que nous nous allions tous afin de faire bouger les choses de manière plus radicale. L’éducation est sacrée et se doit d’être disséminée dès la petite école afin que les mentalités changent. » Michel, un Canadien ayant vécut dans sa jeunesse au sein d’une réserve inuit, raconte au Délit que le problème de base vient du fait que la police persécute de manière durable les populations autochtones. Elles sont donc dans l’incapacité de bénéficier d’une protection viable, notamment les femmes, qui sont les plus vulnérables. D’après lui, le gouvernement devrait donner plus de droits aux autochtones, tout en s’assurant que leur culture reste préservée.

Idle No More aujourd’hui

Un an après le lancement du mouvement Idle No More, luttant pour les droits des populations autochtones au Canada, en opposition au gouvernement fédéral de Stephen Harper entreprenant des réformes discriminatoires envers les Premières Nations, la situation reste statique. Pour beaucoup des manifestants présents à cette marche, leur solidarité était évidemment destinée aux femmes autochtones disparues, mais également aux populations amérindiennes en général. Pour les participants à la marche, l’oppression dure depuis très longtemps, et il est temps que des réformes concrètes soient entreprises afin que l’égalité pour tous prévale.


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