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Les douceurs de la rupture

La Collectionneuse, album délicat avec pour thème la rupture amoureuse.

C-collectionneuse1  Pascal, bédéiste désabusé dans la trentaine, vient de se faire larguer et squatte chez un couple d’amis le temps de se reprendre en main. Pascal a l’air assez gentil, mais pas très chanceux : lorsqu’il va    courir, il se fait une entorse lombaire ; lorsqu’il essaye d’oublier son ex, elle lui envoie des caisses de livres toutes plus envahissantes les unes que les autres ; lorsqu’il tente de changer de carrière, c’est  un fiasco, etc. C’est donc l’heure des bilans pour ce personnage sympathique et maladroit, qui se remet d’une relation amoureuse vieille de neuf ans dans laquelle on l’imagine facilement un peu  dépendant et passif. Depuis son irrépressible envie de courir jusqu’à sa remise en question professionnelle, tout est prétexte à oublier le chagrin et force est d’admettre qu’à la fin du récit, on partage  son envie maladroite d’aller de l’avant, même si l’avant s’avère parfois être un chemin tortueux. Oui, tortueux ! Car Pascal rencontre un jour enfin une jolie fille… qui n’est autre que la cleptomane de  sa librairie de quartier. Notre héros paumé se lance alors dans une enquête surprenante et finit par tomber en amour avec cette charmante demoiselle qui a eu la délicatesse de voler son propre  livre, Jimmy et le Bigfoot. L’histoire qui s’en suit dans les jolies rues du Mile-End sortira forcément du commun, puisque Pascal n’a pas l’air plus doué comme détective que comme amoureux.

La rupture, un sujet triste ?

Pathétique et sombre, la prémisse de ce récit ? Certes. Mais c’est avec beaucoup de sensibilité et d’humour que Pascal Girard raconte cette histoire absolument universelle. Son regard amusé et respectueux lui permet de rester toujours léger, sans toutefois s’éloigner de la réalité. Le bédéiste qui s’était fait discret depuis le triste et drôle Conventum n’a rien perdu ni de sa verve ni de son trait. Sobre et simple, cet album en noir et blanc charme par sa sincérité. Les traits sont fins et concis, la trame narrative efficace. Un bel album qui fera sourire amoureux et cœurs brisés.

Les 15 ans de la Pastèque

Pour en savoir plus sur le travail des éditions La Pastèque, profitez de l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Montréal « La BD s’expose au Musée. 15 artistes de La Pastèque inspirés par la collection ». L’expo qui fête les 15 ans d’existence de la maison d’édition montréalaise créée des liens fascinants entre des arts qui, le temps d’une visite, se rejoignent et se bouleversent avec succès. Les œuvres de grands artistes tels que Joan Miro ou Serge Lemoyne, ainsi que de multiples objets d’art décoratif et contemporain côtoient avec perfection les planches des dessinateurs aux styles variés. Le tout est accompagné de vidéos, photos et entrevues donnant un bel aperçu du travail des bédéistes.

Le livre souvenir offre un très beau témoignage de l’incroyable travail de La Pastèque ces quinze dernières années à travers des documents d’archives et des textes de spécialistes variés. On y retrouve notamment les œuvres exposées au musée et une multitude d’extraits. Le petit plus : le livre est très bien présenté, coloré à souhait et agréable à feuilleter. Un indispensable pour tous ceux qui aiment la bande dessinée. Après tout, comme le dit Martin Brault dans l’avant-propos : « Quinze ans, ça peut paraître anodin, mais dans le monde de l’édition au Québec, surtout en bande dessinée, il s’agit ni plus ni moins d’un exploit. »

 


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