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Concerto pour piano

L’Orchestre 21 interprète une musique classique résolument contemporaine.

Camille Chabrol

En un froid dimanche après-midi d’automne, rien de tel qu’un peu de musique classique jouée par un orchestre symphonique pour réchauffer les cœurs. L’Orchestre 21, aussi connu sous le nom de l’Orchestre du 21e siècle, nous a offert le 27 octobre dernier une majestueuse démonstration de ses talents. Comme son nom l’indique, cet orchestre se veut moderne, interprétant sous la direction de Paolo Bellomia un étonnant mélange de musique classique et contemporaine. Au total, huit compositions, dont deux de l’artiste polonais Witold Lutoslawski jouées en hommage au centième anniversaire de sa naissance, ont été présentées dans la salle Pollack de l’École de musique de McGill. Deux solistes invités, le premier violon Ewas Sas et la pianiste Justyna Gabzdyl, ont fait une apparition dans les compositions de Lutoslawski Partita pour Violon Orchestre et Piano et Concerto pour Piano et Orchestre, respectivement.

Le concert commence avec la Polonaise de Frédéric Chopin, Opus 40, no1. L’interprétation, énergique et parfaitement maîtrisée, semble captiver l’auditoire. Les cuivres, accompagnant les violons, jouent en chœur, et les discrètes percussions apportent une ambiance solennelle au tout. L’ensemble, parfaitement harmonieux, presque festif, ne laisse aucunement présager ce qui suit. En effet, ce n’est qu’à partir du deuxième morceau qu’on se rend compte de la réelle teneur du concert. Il s’agit de la création originale Symphony : vingt-quatre longues minutes d’une musique un peu sinistre, plutôt surprenante, et définitivement captivante. Dès le début, les violons sont très aigus et créent une angoissante atmosphère qui se prolonge tout au long de l’interprétation. D’autres cordes plus graves s’ajoutent et rendent la tension plus palpable encore. Clarinettes et cuivres font de courtes et parcimonieuses apparitions, avant de laisser à nouveau la place au son strident des violons. Le moment le plus intense se situe vers le milieu du morceau, durant lequel trois violentes répercussions – exécutées avec ce qui ressemble à un marteau géant  – retentissent tout d’un coup, cadencées, à intervalles régulières.

Le plus étonnant reste la manière dont l’orchestre passe de compositions très conceptuelles à des compositions tout à fait classiques comme celle de Chopin. Paolo Bellomia semble aimer jouer avec cela, et ne cesse de surprendre son public. Le chef d’orchestre alterne les genres pour offrir une palette d’émotions diverses à son auditoire.

Il est possible qu’un non-initié à la musique classique contemporaine ne soit pas séduit par cette musique déroutante. Néanmoins, il sera certainement intrigué par la singularité qui semble à chaque instant laisser le public en suspens, haletant et sous tension.


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