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Entretien exclusif avec la nouvelle rectrice de McGill

Un premier vingt minutes avec Suzanne Fortier

 

Caricature par Romain Hainaut
Caricature par Romain Hainaut

Le Conseil des gouverneurs de McGill a annoncé aujourd’hui son choix de Mme Suzanne Fortier en tant que 17e principale et rectrice de l’Université McGill. Mme Fortier assumera son rôle à partir du début septembre 2013 et ce pour un terme de cinq ans. 

Le Délit vous présente un premier entretien avec la future rectrice sur les enjeux du moment :

Le Délit (LD): Sachant que les cours de français langue seconde sont très contingentés à McGill, que seulement 17.5% de la population de McGill est francophone, que 80% des étudiants internationaux quittent le Québec une fois leurs études terminés…

Que comptez vous faire pour rendre le français plus accessible à McGill et McGill plus accessible au francophones ?

Suzanne Fortier (SF): Écoutez, moi, c’est un de mes objectifs : que la population en général au Québec, que ce soit les anglophones, francophones ou allophones, voient en McGill une institution qui est la leur, qu’ils ont bâti eux-mêmes, un endroit qui est là pour les accueillir. Il va falloir faire du travail dans les deux sens […].

[Cette question] me touche profondément car je fais partie de la population francophone qui ne parlait pas un mot d’anglais et est allé à McGill et a eu toutes sortes de portes qui se sont ouvertes à cause de cette expérience là. […]

LD : Plus concrètement ; quelles mesures avez vous en tête ?

SF : J’en ai plusieurs […] la première chose à faire pour moi c’est d’apprendre et d’écouter la communauté  étudiante de McGill : “quelles sont les idées, quels sont les objectifs?” […]. J’arrive d’Ottawa, ça fait longtemps que j’ai pas vécu au Québec. Arriver avec mes opinions à moi n’est pas vraiment ce que je veux faire, mais plutôt de bien comprendre la communauté […].

LD : Il y a un fossé qui semble s’être créé entre l’administration et les étudiants au cours des dernières années… 

Quelles mesures allez-vous prendre de ce côté là et comment comptez-vous aborder le sujet ?

SF : […] Je peux parler un peu de ce que j’ai fait par le passé. Vous savez que j’ai été Vice-principale à l’enseignement […] qui est un peu comme un Provost quand j’étais à l’Université Queens. Et puis, j’étais aussi dans l’École des études supérieures. On a travaillé très bien et de très près avec le leadership étudiant, avec les étudiants, […] c’est leur avenir qui est le centre de l’action de l’université. Alors j’espère que je vais pouvoir créer ce même type de lien que j’avais crée dans le passé […] beaucoup d’ouverture d’un côté, et de l’autre, un environnement où on peut avoir des bonnes discussions en profondeur.

LD : J’aimerais maintenant toucher au frais de scolarité

SF : Oui.

LD : J’aimerais premièrement savoir quelle est votre opinion de ce côté là mais aussi, sachant que vous avez été présidente du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) qui favorise une collaboration industrie-université, savoir si ce genre de collaboration est quelque chose que vous préconisez.

SF : Je vais commencer par la première question. Alors écoutez, moi, la façon dont j’aimerais aborder le sujet c’est pas de commencer par la question des frais de scolarité mais plutôt de commencer par les questions  qui sont beaucoup plus importantes […] : des questions sur la qualité de l’éducation le type d’éducation que les étudiants ont besoin durant leur formation dont les priorités seraient l’entrée sur le marché du travail ou le développement personnel et puis aussi l’accessibilité […]. De là on ira savoir comment est-ce qu’on va payer pour ça ; ‘est une question secondaire […].

La deuxième question que vous m’avez posé, par rapport au partenariat avec l’industrie ; effectivement, au NSERC, on a trois priorités qui sont le talent, la découverte, et l’innovation […]. Comment peut-on mettre à profit de la société ces connaissances est une question importante. Ce que j’ai beaucoup remarqué avec les partenariats avec l’industrie […] – dans la majorité des cas surtout quand il s’agit de la grande entreprise – ce qu’on veut, ce sont en priorité des partenariats qui vont encourager la recherche fondamentale pour que l’industrie puisse voir ce qui peut être fait dans le futur avancé […]. Pouvoir travailler très tôt avec les étudiants [et] étudiantes […] à leur formation […], il y a des bénéfices des deux côtés […]

LD : Au risque de se retrouver avec des controverses comme c’est le cas avec la recherche sur l’amiante du professeur MacDonald ?

SF : […] Il y a des principes fondamentaux établis dès le début  […] pour un bon développement des partenariats. Ça c’est très important de le faire […].

LD : Quelle est votre réaction face au Sommet sur l’éducation. Entre autres face a l’indexation ?

SF : […] Le sommet était un premier pas […] et il y a encore beaucoup de discussions qui vont se passer dans l’avenir. On a essayé de faire un premier pas rassembleur pour que les gens puissent continuer la discussion et s’engager ensemble pour discuter des sujets importants. Mais ce n’est pas avec une journée et demie… On a défini beaucoup de questions mais on n’a pas eu le temps d’y répondre […]

LD : L’indexation, elle même, est-ce un pas vers l’avant ?

SF : […] Oui ; je crois que oui. Écoutez, moi, je le vois comme une réflexion, une discussion qui doit avoir lieu […]. Force des circonstances, on a provoqué cette discussion plus rapidement au Québec et ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose […] .

Je n’ai pas assez participé pour avoir des réponses. La question essentielle revient au rôle de l’université. […] La société en bénéficie, donc la société devrait participer au coût de l’éducation à l’université. Par contre, l’étudiant lui aussi en bénéficie. Donc, “comment on partage?”. Ça c’est une question qui se pose partout : on se l’ai posée au sommet et on est arrivé avec un compromis pour continuer dans la discussion qui est déjà en soi un bon coup.

LD : Par rapport au coupes dans le budget universitaire, comment pallie-t-on à ces coupes là ?

SF : Les coupure j’en ai vécu autrefois quand j’étais a l’université Queens et quand j’étais au sein du CRSNG […]. On a travaillé très fort pour établir les priorités, les valeurs, les principes qu’il fallait préserver et où on pouvait se serrer la ceinture sans créer un impact négatif à long-terme […] Je rentre en fonction seulement au mois de septembre, donc je ne peux pas me prononcer sur ce qui se passe à ce niveau là immédiatement.


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