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Être ou ne pas être végétarien ?

Science ça !

Entre les études, le

travail, la famille et les amis, on a peu de temps libre pour se préoccuper de notre santé et encore moins de notre planète ! Le mouvement altermondialiste souhaiterait le contraire, mais les faits sont là : on n’a pas le temps de magasiner des vêtements de fabrication responsable, d’acheter uniquement des produits équitables, de composter nos aliments et d’acheter local. Toutefois, il existe, selon les altermondialistes, une façon simple et saine de bien s’alimenter tout en protégeant la nature : le végétarisme. Ce mode de vie pose cependant des problèmes éthiques majeurs. Alors, être ou ne pas être végétarien ?

 

Pour l’environnement

Pour la production d’une calorie de bœuf, il en faut dix-sept d’origine végétale. Pour le poulet, le porc et les œufs, seulement quatre calories végétales sont nécessaires. Cela signifie qu’au lieu de consommer 17 calories de céréale, nous en gaspillons seize pour avoir une seule calorie qui goûte le bon steak ! La terre ayant une étendue de terrains agricoles limitée, consommer de la viande comme nous le faisons mènera à un épuisement irréversible des sols. Plus la population mondiale croît (et rien n’indique un prochain renversement de cette tendance), plus cet épuisement approche.  Avec une augmentation de la demande de viande vient la déforestation. En Amérique du Sud, des pans entiers de forêts sont brûlés pour faire place à des monocultures céréalières pour nourrir les animaux d’élevage.

Plus localement, les déchets fécaux du bétail se retrouvent souvent dans les cours d’eau avoisinants. Les éléments chimiques contenus dans ces fèces déstabilisent les écosystèmes des lacs et rivières. Plus d’algues, plus de bactéries, moins de poissons, moins d’amphibiens ; les conséquences sont multiples.

Le végétarisme, avec son exclusion de toute viande animale, semblent donc être LA solution alimentaire à ces problèmes environnementaux. Pourtant, la mondialisation a ses effets pervers et met parfois les « végés » dans l’embarras. L’exemple du quinoa en est un qui fait en sorte qu’on ne sait plus à quel saint écolo se vouer ! La popularité du quinoa, un produit agricole péruvien et bolivien, a fait grimper son prix à un point tel que les populations rurales de ces deux pays ne peuvent plus s’en payer. Désormais, le poulet leur coûte moins cher que cette simili céréale. De plus, l’engouement occidental pour ces grains a remplacé les cultures variées et riches traditionnelles par de vastes monocultures de quinoa. Ajoutons à cela qu’il y a des pénuries d’eau dans les villages dues à l’irrigation de ces cultures ! Cette situation nous montre qu’il faut à la fois manger moins de viande et manger local, mais des bananes et raisins du Québec l’hiver, c’est rare ! L’importation devient inévitable, tout comme l’empreinte CO2 qui accompagne le transport.

 

Pour la santé

Le gras animal est généralement saturé ; s’il n’est pas entreposé dans des cellules adipeuses, il est métabolisé dans notre corps en cholestérol, une molécule qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires. La viande rouge augmente le risque d’avoir un cancer colorectal, un cancer du sein, du foie ou de l’œsophage. Pour éviter ces risques, il faudrait réduire notre consommation de viande rouge à 500g, c’est-à-dire l’équivalent de deux steaks, par semaine. Les consommateurs exclusifs de viande blanche (volaille et poisson) voient ces risques pour la santé diminuer significativement.

Pour avoir un apport complet en protéines tout en étant végétarien, il faut s’assurer d’aller chercher tous les acides aminés essentiels que l’on retrouve dans la viande. Il faut donc combiner les légumes, les céréales et les légumineuses pour obtenir la totalité de l’éventail de ces morceaux de protéines. Il est à noter que dans toutes les cuisines traditionnelles, ces combinaisons existent. On a qu’à penser au couscous, aux plats asiatiques à base de riz et de soja, aux plats latinos contenant des fèves et du maïs, pour ne citer qu’eux. Si un régime végétarien n’est pas complet, des carences peuvent mener à une anémie, un appauvrissement du sang en globules rouges, ce qui est dangereux pour la santé. Il faut donc bien s’informer avant de débuter un tel régime. Le préjugé selon lequel les végétariens sont faibles et dépourvus de muscles est mis à mal par deux athlètes de chez nous, soit Anthony Calvillo, le quart arrière des Alouettes de Montréal, et Georges Laraque, un ancien hockeyeur professionnel, qui ont vu leurs performances physiques s’améliorer après être devenus végétariens.

 

Pour les animaux

La souffrance animale est un des arguments les plus controversés de la cause végétarienne. On peut se demander s’il n’est pas tout naturel de tuer pour se nourrir puisqu’il en a toujours été ainsi pour la race humaine. Mais cet argument naturaliste a ses limites parce que, justement, toutes les maladies chroniques reliées à la consommation de viande révèlent les lacunes d’adaptations dans le corps humain. Environ huit gènes favorisant le métabolisme des gras issus de la viande ont été identifiés chez l’homme, ce qui s’explique tant par une adaptation historique que par la descendance de l’homme du singe. Étudier la physiologie actuelle de l’homme et son rapport à la viande sera éclairant. S’il est possible de s’en passer, pourquoi ne pas le faire ? Les antispécistes poussent l’argument de la souffrance animale un peu plus loin en refusant une distinction entre les espèces et surtout en rebutant l’hégémonie des Homo sapiens sur les animaux qui sont exploités pour la science, le plaisir sportif et la nourriture. Nombre de documentaires ont été réalisés afin de démontrer la souffrance animale dans nos industries, dont Food inc. et plus récemment, La face cachée de la viande. Certains animaux ne voient jamais la lumière du jour, d’autres sont attachés de façon à ne pas pouvoir faire un tour complet sur eux-mêmes. Des conditions épuisantes pour les poules pondeuses aux séparations des veaux de leur mère touchent quiconque les voit, mais au quotidien, l’impact de ces documentaires ne se fait pas sentir. Loin des yeux, loin du cœur.

 

Flexitarisme

En somme, il y a des raisons d’être végétarien et des raisons de ne pas l’être. Beaucoup de gens (et j’en suis) avoueront adhérer à la cause « végé », mais n’arriveront pas à modifier cette partie de leur vie. Il est si facile de se rapporter aux plats que nous connaissons et que nous aimons depuis notre enfance. Il existe désormais une tendance nommée « flexitarisme » qui enjoint ces gens à consommer moins de viande et lorsque l’envie nous en prend, de choisir des viandes d’éleveurs locaux dont les pratiques sont éthiquement responsables et d’acheter des poissons pêchés de façon responsable également. Si tout le monde ne faisait que réduire son apport hebdomadaire de viande, les conséquences environnementales se feraient moins sentir, la santé des gens ne ferait que s’améliorer et les industries agroalimentaires s’adapteraient à la demande des consommateurs. C’est peut-être ça la solution pour les paresseux du type grands-parleurs-petits-faiseurs comme moi qui veulent être et ne pas être végétariens à la fois ! ξ


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