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Une extravagance mesurée

Queen Extravaganza, cover band du groupe Queen au centre Bell

Produit par Roger Taylor, membre original du groupe Queen, Queen Extravangaza est formé des vocalistes Marc Martel et Jennifer Espinoza, avec Brian Gresh à la guitare, Tyler Warren, François-Olivier Doyon aux percussions et Brandon Ethridge au piano et à la direction musicale.
Dans le centre Bell qui se remplit tranquillement, on peut noter une variété amusante de spectateurs. Des couples d’un certain âge dont les manteaux élégants auraient mieux convenu au vestiaire de la Place des Arts, des groupies vieillies arborant les mêmes vêtements savamment rapiécés qu’il y a vingt ans, de nouveaux fans à la vergue vestimentaire un peu plus retenue et de jeunes enfants excités comme avant la parade du Père Noël ; tous se sont rassemblés pour assister au spectacle du cover band. Le début du spectacle ne laisse pourtant rien présager de bon. Il y a une incongruité frappante à voir cette foule docilement assise écouter passivement la chanson « We Will Rock You ». En vérité, le public ne commence véritablement à rocker qu’à la dernière chanson avant l’entracte, l’épique et incontournable Bohemian Rhapsody. À partir de ce moment-là, la mèche prend feux, et rares sont les chansons du deuxième acte pour lesquelles le parterre s’est contenté de rester sagement assis.
À de nombreuses reprises tout au long du spectacle, le chanteur d’origine montréalaise Marc Martel se fait un plaisir de souligner ses racines québécoises. Il s’adresse tout autant en français qu’en anglais à la foule. Le sentiment d’appartenance au public atteint son summum lorsqu’il réapparaît sur scène arborant fièrement un chandail des Canadiens de Montréal au moment de la chanson « Another One Bites the Dust » qui prend alors une résonnance particulière. 

Bien que la présence sur scène des géants du rock ne pourra évidemment jamais être reproduite, l’héritage musical que les compositeurs laissent derrière eux mérite d’être apprécié à sa juste valeur, partagé par des milliers de fans à la fois. La soirée atteint son comble lorsque le groupe entame « We Are the Champions » alors que les écrans géants derrière eux projettent des images vidéos de foules immenses provenant de concerts passés du groupe original. Deux foules, des milliers d’individus rassemblés, ni dans l’espace ni dans le temps, mais sur une seule et même musique iconique : un rassemblement à travers les époques.
Le spectacle se fait davantage sur le ton de l’hommage que de l’imitation, dans le désir de partager un héritage musical monumental, qui prend toute sa valeur sur scène. Il s’agit d’une expérience drastiquement différente du fait d’écouter cette musique individuellement en format mp3. Quiconque connaît Bohemian Rhapsody sait qu’un plaisir extatique réside dans le fait de s’époumoner en groupe sans retenue sur les paroles à la fois profondes et disjonctées. Après tout, si les orchestres classiques jouent souvent des « reprises » de grands compositeurs au plus grand plaisir des amateurs, pourquoi le rock ferait-il exception ? Il est clair que la musique rock possède un public qui ne cesse de se renouveler. Et tant que les interprètes et la mise en scène sont à la hauteur du matériel original, il n’y a aucune raison pour que les grands classiques des membres de Queen ne résonnent pas sur scène longtemps après leur mort. 


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