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Spaghetti sauce hémoglobine

Quentin Tarantion revisite le Western

C’est toute fébrile que je me suis faufilée dans la foule excitée du cinéma Quartier Latin, un billet de Django Déchaîné à la main. Amateurs de Quentin Tarantino, soyez heureux ! Son tout nouveau joyau, suite à l’excellent Commando des Bâtards, est d’un résultat saisissant.

Ce western spaghetti, qui a lieu avant la guerre de Sécession, met en scène Django (Jamie Foxx), un esclave libéré par un ancien dentiste allemand (Christopher Waltz) reconverti en chasseur de primes. Comme Django n’a jamais vu le visage des trois frères Brittle, criminels que le docteur Shultz a pris en chasse, celui-ci a besoin de l’esclave qui a subi le joug de ces hommes. Le marché : lui indiquer qui ils sont en échange de sa liberté. Django accepte, car regagner sa liberté lui permettra de retrouver sa femme Broomhilda (Kerry Washington), séparée de lui par le marché d’esclaves. Mais l’union temporaire des deux hommes devient une relation d’affaire et d’amitié. Le docteur Shultz, personnage déroutant croyant aux valeurs de l’égalité, s’éprend de la cause de Django et l’aide dans sa recherche, les menant tout droit dans l’antre de Calvin Candie (Leonardo DiCaprio), cinglant propriétaire de la jeune femme.

La durée de ce film peut laisser présager quelques longueurs. Malgré certains plans dont il aurait pu se passer, le réalisateur parvient pourtant à nous tenir en haleine durant tout le long-métrage. Le budget, qui s’élève à environ 100 millions de dollars, s’explique par la quantité effarante d’explosions, de sang et sa brochette impressionnante d’excellents acteurs. Le jeu de ces derniers, impeccable, contribue grandement à la réussite du film. Christopher Waltz a d’ailleurs obtenu le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour la deuxième fois, sous la direction de Tarantino (obtenu la première fois pour Le Commando des Bâtards, pour lequel il avait aussi été récompensé par un Oscar). Ce film a aussi obtenu les prix de meilleur scénario (Golden Globes 2013) et meilleur acteur second rôle pour Leonardo DiCaprio (National Board of Review 2012).

Le western spaghetti, sous-genre du western, qui émerge dans les années 60, vise à se moquer des Américains. Les personnages ne sont plus que noirs ou blancs. Le héros blanc n’est plus que le « juste américain » sauvant sa patrie du « méchant indien ». La gâchette facile retentit dans des déserts présentés sous des plans larges, souvent accompagnés d’immenses sous-titres qui nous situent dans l’Ouest américain. Sergio Leone vient donner un second souffle au western avec des films tels que Il était une fois dans l’Ouest et sa trilogie de L’Homme sans nom. Influence que respecte Tarantino avec des plans subjectifs, des cadrages serrés, une multitude de plans présentant les ravages de l’esclavagisme et un cynisme omniprésent.

Sanglant, violent et maître d’un découpage technique impeccable, Tarantino retourne aux sources. Moi qui craignais de le voir tomber dans la dentelle, ses derniers films étant moins acerbes que ses tout premiers, je suis ravie. Django déchaîné, c’est les répliques cinglantes de Fiction Pulpeuse et les geysers de sang de Tuer Bill en un seul film. Il nous revient en force, plus déjanté et cynique que jamais.


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