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Quand Manfredi nous serre la ceinture

Cent cours de la Faculté des Arts ne seront plus offerts à partir du semestre prochain

« Il y a beaucoup de monde ! », s’exclame Christopher Manfredi, doyen de la Faculté des Arts de l’Université McGill, en entrant dans le Salon des Arts le 22 janvier dernier. Devant la colère de certains étudiants suite à l’annonce de « coupures » de cours, l’administration a décidé d’organiser une rencontre avec ces derniers, pour « tout mettre au clair », dit le Doyen.
L’événement commence par une grande présentation du projet, l’annonce de la disparition d’une centaine de cours de moins de vingt élèves ; source de l’inquiétude de nombreux étudiants. Selon Manfredi, le projet date du Livre Blanc de 2006, où il est indiqué que McGill cherche à « atteindre une taille de classe optimale ». Pour arriver à ce but, il vise à réduire les cours à très faible demande (vingt étudiants ou moins, soit 443 cours – 37% – dans la Faculté des Arts) de 25%.
Le but, à ses yeux, est clair : il s’agit de créer des rapports plus proches entre les étudiants et les professeurs, ainsi que d’améliorer le sort des Auxiliaires à l’Enseignement, les Teaching Assistants. En effet, le budget leur étant octroyé est resté constant depuis plusieurs années, tandis que le nombre d’étudiants a augmenté. Résultat ? À en croire la vice-doyenne, Gillian Lane-Mercier, le ratio est maintenant de un AE pour 80 élèves. Couper une centaine de cours, cela voudrait donc dire assez d’argent pour embaucher 120 autres assistants et ramener le ratio à un pour 60 élèves.
Afin de ne pas faire d’incartades ou d’aller « trop vite », Mme Lane-Mercier a voulu rencontrer les représentants de chaque département pour comprendre leur mode de fonctionnement et savoir « quels cours de moins de vingt élèves sont vraiment nécessaires ».
À ce jour, il semble y avoir plusieurs raisons pour la petite taille de certains cours, l’une étant que le professeur refuse de faire cours à un large public. D’autres expliquent que le cours est petit par nécessité, ou encore que la pédagogie employée ne peut fonctionner qu’en petits groupes.
Après une présentation d’environ une demi-heure, pendant laquelle M. Manfredi et Mme Lane-Mercier se sont partagés le devant de la scène, la séance s’est ouverte aux questions. Là, les deux responsables se sont retrouvés devant des étudiants clamant que de telles coupes seraient « catastrophiques » pour la réputation de l’université et la qualité de l’enseignement. Un étudiant a décidé de parler de sa propre expérience, expliquant que « les cours de petite taille sont nécessaires pour entamer des discussions et des débats » et que les professeurs contournent le problème de la taille « en donnant des lectures en plus, quitte à ensevelir l’étudiant sous le travail ».
D’autres, plus modérés, se sont demandés pourquoi aucun professeur ne recevait d’introduction à la pédagogie, pour simplement « apprendre à enseigner ». Manfredi a reconnu que cela pouvait être un problème et qu’il le mentionnerait lorsque les membres de la faculté se rencontreraient de nouveau en mars.
Rien n’est encore fait, même si tout commence à se concrétiser du côté de la Faculté. L’année prochaine risque donc d’être riche en débats… mais pauvre en choix de cours.


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