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Le mois de la moustache

En novembre, l’événement Movember récolte des fonds pour la recherche sur le cancer de la prostate.

Novembre, c’est le mois du changement d’heure, des journées de plus en plus fraîches, de la morosité. Pour beaucoup d’hommes, cependant, ce mois est d’une importance considérable : c’est le temps de révolutionner la mode pilaire en se laissant pousser la moustache.

Tous les ans, l’événement Movember (le terme vient du mélange des mots « moustache » et « November ») organise une campagne de levée de fonds. Le « Mo Bro », c’est-à-dire, le donateur, où qu’il réside, devra mette son rasoir au chômage technique dans le but de « sensibiliser l’opinion publique aux maladies masculines [surtout le cancer de la prostate, ndlr] et recueillir des dons ». L’année dernière, ces hommes, accompagnés des femmes qui les soutiennent, les « Mo Sistas », étaient 850 000 dans le monde à soutenir la cause, dont 245 000 au Canada et 451 à McGill.

Movember, avant d’être un phénomène mondial, n’était rien d’autre qu’un pari fait entre deux amis en 2003 lors d’une soirée arrosée dans un pub de Melbourne. Regroupant 30 amis, ils décident de mettre leur beauté en suspens et se laissent pousser une humble « lipo-chenille » (terme employé dans un article sur techCrunch​.com par Gregory Ferenstein).

Le monde autour d’eux devint vite intrigué par un pareil changement. Terra Barnes, responsable de la campagne à McGill, explique au Délit que la moustache devint sans le vouloir « un nouveau sujet de discussion », qui poussera Adam Garone, fondateur et PDG de l’association Movember aux États-Unis, à proposer l’idée à la Fondation Australienne du Cancer de la Prostate en 2004. « Nous ne souhaitons pas faire affaire avec vous. Mais si vous recueillez de l’argent, on sera content de le prendre », répond alors la fondation. Adam Garone prend cette réponse comme une offense personnelle et arrive à force de détermination à briser tous les records : 55 000 dollars sont récoltés la même année, ce qui représente la plus grosse donation privée de la Fondation.

Depuis ce jour, l’événement ne fait que prendre de l’ampleur : « c’est devenu une communauté en soi », explique Terra.
Aujourd’hui, que ce soit le Canada, le Royaume-Uni ou le Japon, tous se sont réunis pour atteindre une nouvelle somme, estimée à 130 millions de dollars. L’année dernière, la somme avait été de 125 millions de dollars.

Si le cancer ne semble représenter qu’une légende aux yeux de jeunes étudiants, Terra s’indigne : « Le cancer est présent dans beaucoup de familles, chez beaucoup de proches. C’est devenu une réalité devant laquelle on ne peut rester indifférent ». La fondation Cancer de la Prostate Canada estime qu’aujourd’hui un Canadien sur sept sera diagnostiqué avec le cancer de la prostate, soit 26 500 en 2012.
Avec de tels pronostics, McGill part à l’attaque en s’inspirant du succès de 2011 où 62 642,87 dollars avaient été amassés, soit la plus grosse somme recueillie par une université d’Amérique du Nord. 

Tout au long du mois de novembre, des soirées sont organisées, aux clubs Le Belmont et Tokyo par exemple, mais aussi de calmes fins d’après-midi chez Gert’s sont inscrites au programme. Enfin, l’événement « Mo Parté » regroupera tous les participants le dernier jour du mois pour décerner les prix aux meilleures moustaches et les féliciter de leur action exemplaire. Pour la première fois d’ailleurs, Terra raconte que « ce sont les bars qui prennent contact avec [McGill pour l’organisation de fêtes] et non le contraire » ! 


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