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Echec et Maths

Jeux de maux

« Je pense à toi jour et nuit, toutes mes autres pensées me fuient…»
Une phrase sur l’amour ou les devoirs, deux sujets qui ne s’associent pourtant pas souvent. On n’entendra pas dire « je me dois d’être amoureux » ou alors « je suis épris de mes devoirs ». J’ai un esprit qui n’aime pas les problèmes, et quand il est forcé d’en résoudre, ma journée ne m’appartient plus, mes pensées non plus. Alors ma vie prend la tournure d’un jeu d’échecs. Étudier pour un examen devient une course frénétiquement lente contre un adversaire imaginaire. Un vrai jeu de stratégie, où je dois constamment être sur mes gardes : étudie, lis, regarde un documentaire, prend des notes, participe en conférence, relis, lis tout fort, lis à l’envers, lis en chantant — on se dit, ouais, peut-être pourrais-je le vaincre cet examen au bout du compte.
Mais souvent on glisse : étudie, lis, regarde un film, relis, épisode de Seinfeld, oh pourquoi pas un petit jeu d’échecs, et un p’tit verre de vin, vas‑y sors les olives et les chips, un autre jeu d’échecs, et oh ! Le soir est arrivé.
Je dois avouer que récemment, ma performance scolaire brille bien moins que mes jeux d’échecs, et que par conséquent je m’intéresse bien plus aux échecs qu’à mes études. Au lieu de Sciences Politiques, je regarde ces deux armées de bois, patientes et féroces, une blanche et une noire, prêtes à se jeter au cou de l’autre. J’aime l’histoire du pion faible, qui grâce à son travail et son entourage, réussit à traverser le champ de bataille pour finir promu en reine.
La reine, la pièce la plus forte, était autrefois un simple ministre qui pouvait bouger peu, et fusse la popularité des reines durant le milieu du dernier millénaire, ou l’idée romantique qu’«un Roi n’est rien sans Reine », on créa la reine forte (ou « schacchi alla rabiosa » surnommée « la femme folle »).
C’est cette histoire qui m’a donné l’idée de faire mes devoirs avec ma douce. Le roi devient vite faible si sa reine n’est plus là. Heureusement que nous sommes tous deux étudiants en sciences politiques ! Si j’étais étudiant en mathématiques, j’aurais simplement joué une partie d’échecs, et vous pouvez être sûrs que j’aurais eu un échec en maths. x


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