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Tim Burton a encore frappé

Tim Burton réalise son seizième film avec Frankenweenie. Après ses derniers échecs, peut-on encore aimer celui qui réalisa Beetlejuice et Edward aux mains d’argent ?

L’histoire 

Victor Frankenstein est un jeune garçon introverti, terriblement gentil et attachant, entouré de parents heureux et aimants. Cette famille modèle qui évolue dans une bourgade similaire à celle d’Edward aux mains d’argent a pour dernier et fidèle compagnon Sparky, le petit chien qui accompagne Victor dans toutes ses aventures. Ils se réunissent principalement dans le grenier familial où Victor réalise des films en 8mm, des courts-métrages dans lesquels Sparky tient évidemment le rôle principal. Quand l’attachant cabot se fait écraser par une voiture, le cœur de l’enfant est brisé, son deuil impossible. Parce qu’il ne peut pas accepter cette mort, le petit génie trouve dans son cours de science une façon de faire renaître son ami. Seul problème : une fois Sparky de retour parmi les vivants, Victor va trouver bien difficile de garder son terrible secret, surtout avec ses curieux petits camarades de classe. Rapidement, chacun veut tenter l’expérience avec de plus ou moins bonnes intentions et le chaos s’installe dans cette charmante petite ville…

Les qualités

Ce qui est génial dans Frankenweenie, c’est non seulement qu’une fois de plus, Burton nous plonge dans son univers démentiel, décalé et effrayant, mais qu’il mêle les références cinématographiques et littéraires pour le plus grand plaisir des spectateurs cultivés et sans priver de rien ceux qui n’y verront que du feu. Il cale ainsi son histoire entre Frankenstein et Simetierre en l’enrichissant de références à nombreuses de ses œuvres fétiches tout en la portant bien plus loin dans le délire. Là où le film aurait pu être une simple redite du chef d’œuvre de Shelley, Burton entraîne son récit dans un chaos d’une sympathique originalité. Là où Burton aurait pu tomber dans le sans intérêt, il rebondit avec justesse et crée ainsi un petit film qui saura séduire grands et petits (c’est quand même un Disney). Le seul hic de ce film, a priori ? Un aspect technique : cette fameuse 3D qui, une fois de plus, est d’une constante et triste inutilité. À quand la fin de ce phénomène de mode mal utilisé, mal exploité ?

La difficulté

Alors, Frankenweenie, un bon film ? Difficile de juger, au fond, d’un œil purement cinématographique, car c’est sûr, c’est du déjà-vu. On est loin de découvrir un nouvel univers ou des personnages uniques –à titre d’exemple, on dira simplement que les gamins de Frankenweenie, malgré leurs qualités, sont moins bien cernés et psychologiquement moins développés que les héros de L’étrange Noël de monsieur Jack. Évidemment. Les esprits naturellement critiques encore fâchés contre le réalisateur pour ces derniers ratés, Dark Shadows et Sweeney Todd en tête de liste, ne verront pas dans ce film un intérêt quelconque. Tout d’abord parce qu’il ne révolutionne pas l’histoire du cinéma, mais aussi, avouons-le, car il est devenu difficile, pour tout cinéphile qui se respecte, d’être en société et d’apprécier « les derniers Tim Burton » depuis Big Fish voire, pour les plus irréductibles, depuis Sleepy Hollow. On reproche au réalisateur de se cantonner dans ce qu’il connaît, voire même de puiser incessament dans ses propres oeuvres pour s’inspirer. Et ce n’est sans doute pas complètement faux, le réalisateur a des ratés et innove peu en – dehors de sa zone de confort. Alors, au final, qu’en est-il de Frankenweenie ? Il ne fera pas partie des inoubliables, des films de l’année, de ceux qu’il ne faut absolument pas rater, c’est certain. Pourtant, en chuchotant, discrètement, loin des critiques blasés et intransigeants, on pourra s’avouer que ça reste sympathique, drôle et touchant. et que c’est bon de se replonger dans l’univers magique, unique et délicieux d’un réalisateur somme toute génial.


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