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Tic-toc, quel temps fait-il ?

Et alors, il est où, cet automne chaud qu’on nous avait promis ?

Je sais que ces pauvres météorologues s’en prennent déjà plein la figure, mais bon, il faudrait savoir tout de même. On a vu la pluie passer en une seule tempête et le froid venir s’incruster doux et ferme dans la vie calme de ces paisibles Canadiens.

Il faut dire que le temps a bien plus d’effets sur nous qu’on ne le laisse croire et que le rapprochement entre les deux définitions du mot « temps » n’a rien d’une coïncidence.

Vous ne comprenez pas ? Prenons un exemple alors : ces pauvres British bien sobres et froids sont forcés de toujours répondre « sale temps dehors, il pleut encore », ce qui, à longueur de journée des mois et des années, les rend malheureux en permanence.

Les Siciliens par contre, ce peuple bienheureux, n’ont que du soleil à longueur d’année. Aucune surprise, donc, quand on les voit avec de grands sourires – ils répondent constamment « il fait magnifique dehors, un temps parfait pour la sieste ». Cette bonhomie solaire est allée jusqu’à infiltrer leur langue : en dialecte sicilien, les conjugaisons passées n’existent pas ! 

Les Canadiens eux, ont le luxe bien heureux d’avoir toutes leurs saisons bien typiques : en été il fait une chaleur à faire baver un dromadaire, en automne, la douce brise décroche gentiment les feuilles écarlates, en hiver, la neige tombe avec une beauté cruelle qui nous donne la joie éphémère d’un chocolat chaud avant le déblayage rituel, au printemps, la neige fond, nous laissant des godasses trempées des décisions difficiles entre pull ou manteau et des traces peu flatteuses sur le dos des cyclistes sans garde-boue.

Pas surprenant, donc, que les Canadiens soient l’exemple même de la politesse ; « quel temps fait-il ? » (la question préférée des anti-silences) peut certainement être répondu de manière différente tous les jours et encore plus certainement à chaque saison. Toujours un début de conversation qui en mène à un autre : bavarde politesse qu’on sort à sa belle-mère (pour que l’interrogatoire cesse), à son impatiente maîtresse, ou avec le prêtre souriant en sortant de la messe. Le climat est un sujet qui s’innove tous les jours ici – et les Canadiens restent sans confrontation… Rares sont ceux qui ont déjà vu une conversation sur la météo tourner à une chicane foudroyante.

Tic toc, quel temps fait-il ? Froid, chaud, moche, beau, il faut bien que l’ombre existe, si ce n’est que pour témoigner de l’existence du soleil. Je me suis fait un serment solennel, je vous en recommande autant : si le temps qu’il fait vous intéresse, c’est que votre montre ne vous sert pas, alors peu importe qu’il pleuve, neige, vente ou grêle, appréciez la tempête et le mauvais temps maintenant, sinon demain il fera beau et vous vous plaindrez de la chaleur !

Je dis tout ceci en me rendant bien compte que c’est autant pour me rassurer que pour vous convaincre que tout ira bien, car, comme l’aurait dit notre cher Ned Stark, « l’hiver approche » !


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