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À la prochaine

La principale Heather Monroe-Blum, lors de son entrevue semestrielle avec les journaux étudiants, n’avait qu’un seul vœu après les événements de l’année : « J’espère que nous sommes maintenant plus intelligents qu’en septembre ».

Depuis l’automne, l’administration de McGill a émis de nombreuses injonctions visant à  diminuer les moyens d’expression des individus et des groupes sur le campus. Que ce soit par les différentes règles destinées à contraindre les grévistes de MUNACA, ou le protocole provisoire qui répondait à l’occupation du sixième étage du bâtiment James, ou la mise en demeure envoyée aux journaux qui avaient publiés des articles au sujet de McGillLeaks, les étudiants, les professeurs et les employés de l’Université ont été graduellement de plus en plus contrôlés et muselés. La semaine passée, l’Université est allée jusqu’à évincer les indésirables, dont un étudiant qui remplit aussi le mandat de VP externe de l’AÉUM. Ce n’est pas ce que j’appelle de l’efficacité administrative : si McGill est devenue « smarter », pour reprendre les mots de la principale, elle est aussi devenue plus sournoise.

Pour ce qui a trait aux mesures disciplinaires menées contre les étudiants, Heather Monroe-Blum ne peut pas se prononcer. Pas plus que sur ce qui adviendra de la situation MUNACA. Pas non plus de commentaires poussés au sujet de McGillLeaks. Par contre, selon la principale, « la marque de McGill n’est pas entachée par les événements de l’année, et elle est même encore plus forte qu’avant ». Elle déclare ceci avec tellement de passion qu’on a presque envie de la croire.

Dans la même lignée, le vidéo promotionnel de l’année lancé sur YouTube par des étudiants, McGill state of mind, présente le campus comme un gentil paradis où il fait bon vivre, oubliant les troubles qui y ont brassé des grosses questions identitaires toutes l’année.

Au moins, les archives journalistiques existent pour témoigner des évènements de l’année.

Qui reparlera des carrés multicolores, des partys au James admin, des MRO, des menaces de McGill contre tous ceux qui ne rentraient pas dans les rangs ? Qui racontera ce qui s’est vraiment passé la nuit du 10 novembre, et ce qui ne s’est jamais passé la nuit du 22 mars ?

C’est la dernière édition du Délit après une année sans équivalent depuis 1977. Le journal se taira pour les prochains mois avec l’espoir que la revue de l’année académique 2011–2012, présentée entre ces pages, sera lue et relue. Pour se souvenir.

Sidérant : le nombre d’électeurs prêts à voter pour ou contre la grève. Marquant : le message véhiculé par l’Université à travers les centaines de courriels envoyés. Stimulant : la  mobilisation étudiante, dans les rues ou sur le campus. Aberrant : la bombe qui a dévastée l’opinion publique au sujet de l’amiante à McGill. Dérangeant : des groupuscules de toutes extrémités au pouvoir de la minorité (ou la majorité?) silencieuse. Envahissant : un sentiment de devoir s’associer ou se dissocier de quelque chose. Gagnants : les plus forts. Perdants : les moins adaptés.

Effrayant, ahurissant, éreintant, galvanisant… Autant d’adjectifs pour réduire à peu une année qui a mis le campus à feu et à sang. En effet, qui peut se targuer d’avoir réussi à garder son groupe d’amis à l’abri des débats « pour ou contre », « vert ou rouge », « blanc ou noir » ? Au plus fort la poche comme dirait Darwin, ou un étudiant socialement responsable.

En conclusion : s’il y a un aspect à retenir cette année c’est qu’il semble qu’il y ait eu beaucoup d’efforts mis dans la répression, alors que laisser vivre aurait coûté moins cher.


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