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Inuktitusuunguvit ?

ArcticRealities, une discussion sur la langue inuktitut et la vie des étudiants Inuit à Montréal

Jeudi dernier, le 15 mars, KANATA, le « Undergraduate Journal of the Indigenous Studies Community of McGill », organisait une discussion sur la langue inuktitut et sur la vie des étudiants Inuits à Montréal. Cette conférence s’inscrivait dans le cadre d’ArcticRealities, une semaine d’événements consacrés aux Inuit.

Étaient invités à témoigner Jason Annahatak Timmons, professeur d’inuktitut au cégep John Abbott, et plusieurs de ses élèves Inuits.

Jason Annahataka a tout d’abord donné une introduction à l’inuktitut. Cela a permis à l’assemblée de se rendre compte des difficultés que pose l’apprentissage de cette langue. La prononciation, la longueur des mots (qui constituent en réalité des phrases), et la grammaire peuvent en effet en décourager plus d’un.

« Je dis à mes étudiants au cours d’introduction que l’inuktitut est comme un casse-tête complexe », commente Jason Annahatak, « mais c’est un casse-tête qui vaut la peine d’être tenté ». La langue compte également de nombreux dialectes, selon que l’on se trouve dans les régions du Nunavut, Nunavik (nord du Québec), Nunatsiavut, ou Inuvialuit.

Le problème est qu’aujourd’hui cette langue est de moins en moins étudiée. Avant de commencer sa présentation, Jason Annahatak a demandé si quelqu’un dans l’assemblée parlait l’inuktitut. Parmi la quarantaine de personnes présentes –et mis à part les étudiants Inuit– une seule en avait quelques notions. Pourtant, dans les années 1970–80, il était beaucoup plus fréquent pour les « gens du sud » d’apprendre cette langue.

Ce problème se ressent surtout chez les Inuit. La langue risque de se perdre. Pour Jason Annahatak, il est primordial que sa communauté prenne conscience du fait qu’elle utilise de plus en plus de mots anglais pour s’exprimer. « Je n’ai jamais une conversation entière en inuktitut ou en anglais ; c’est toujours un mélange des deux », a avoué une des étudiantes de John Abbott. De plus, avec l’invention de nouvelles technologies, la langue doit sans cesse évoluer et s’adapter à la modernité pour ne pas devenir obsolète, et les diverses institutions culturelles qui tentent de préserver la langue ne travaillent pas toujours main dans la main.

Le fait qu’on ne puisse pas, à l’heure actuelle, offrir une éducation supérieure dans les communautés inuit est problématique. Pour la deuxième partie de la conférence, l’assemblée s’est réunie autour d’un grand cercle, et les étudiants Inuit ont alors pu s’exprimer librement sur la question. Venir à Montréal a été, pour plusieurs d’entre eux, assez difficile. Même s’ils se disent contents d’avoir eu cette chance d’étudier au sud, leur région natale leur manque.

Certains sont déterminés à retourner au Nunavik après leurs études. « La vie est trop rapide ici[…]et il faut payer pour tout », a déclaré une jeune Inuit. D’autres se voient bien rester ici. Un des étudiants, spécialisé en sciences politiques, pense s’installer à Ottawa. Il aimerait alors peut-être contribuer à la préservation de sa langue et des traditions de sa communauté auprès des autorités fédérales. La préservation de la l’inuktitut passe aussi par le respect de la langue et de ses locuteurs. Lorsque le Premier ministre du Canada, dit « Iqualuit » plutôt que « Iqaluit », le risque est fort qu’il perde la confiance des inuktitutophones.


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