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Des souvenirs à raconter

L’histoire de la vie de nombreux Montréalais déplacés par la guerre, le génocide et d’autres violations des droits de la personne.

Ne vous êtes-vous pas déjà demandés d’où venaient tous ces immigrants dans la ville ? Comment se fait-il que Montréal ait une si grande diversité culturelle ? Sans doute pour la bonne raison que notre belle ville est une terre d’accueil pour les réfugiés de plusieurs pays. En effet, d’après le recensement de 2006, la population immigrée représentait 11,5% des Québécois. Il est donc habituel de rencontrer des gens de multiples nationalités dans les rues de la métropole. Qu’ont-ils vécu pour ainsi quitter leur pays natal et venir s’installer au Québec, province de paix et de quiétude ? C’est principalement ce à quoi le projet Histoires de vie Montréal s’est engagé ; ouvrir les yeux à la communauté.

En effet, c’est par le biais de centaines de témoignages que le projet se fera entendre au courant du mois de mars 2012. Histoires de vie Montréal est une alliance de recherche « université-communauté » basée à l’Université Concordia. La grande particularité de ce projet réside surtout dans le fait qu’il regroupe une équipe de plus de 150 chercheurs et de 18 organismes assez hétéroclites ; des Rwandais, des Cambodgiens, des Haïtiens, des Juifs réunis dans le seul but de changer le monde. Comment ? En recueillant et en diffusant l’histoire de 500 Montréalais originaires de diverses régions. Pour faciliter la diffusion de leur message, de nombreux événements sont mis en place allant de la marche commémorative aux expositions. Les « Rencontres » se dérouleront majoritairement en français et en anglais. Elles se prolongeront jusqu’au premier avril. C’est jeudi dernier que les membres ont fièrement annoncé les activités qui auraient lieu prochainement. Madame Lisa Ndejuru, membre du groupe Rwanda, était très émue. « Je ne peux pas vous expliquer de manière courte et précise ce que ce projet a signifié pour moi », déclare-t-elle.

Pourquoi raconter son histoire ? « Mettre un visage humain sur des événements historiques peut amener le public à s’intéresser davantage aux droits de la personne, à se sentir concerné et éventuellement, à faire des gestes concrets. » Les événements auront donc lieu partout à Montréal dans l’espoir que les histoires de vie de ces courageuses personnes mènent à une réflexion de la part de la population, mais aussi du gouvernement. Par ce projet, les organisateurs veulent sensibiliser les gens au racisme et aux problèmes de violence qui pourraient par la suite survenir dans le monde. Pour transmettre plus facilement leur message, quelques témoignages sont accessibles en ligne ainsi que dans quelques musées, tels que le Centre commémoratif de l’Holocauste à Montréal.

Les propos de Histoires de vie Montréal sont divers et sont exprimés à travers dix réflexions principales. Le premier point résume bien le projet : « Le partage d’histoires de vie, rapproche les gens de toutes les cultures, dans une perspective de réappropriation de l’histoire et de libération des personnes et de leurs communautés. Ce travail a une dimension réparatrice pour tous les témoins. » Le côté historique du projet demande quant à lui « l’appui gouvernemental à la création de centre d’archives ou de documentation communautaire, car elle est essentielle au transfert des connaissances des nouveaux arrivants d’une génération à l’autre ainsi qu’entre les différentes communautés. » Pour ce qui est du côté plus humain, on explique que « la compréhension de l’histoire personnelle est essentielle à la compréhension de l’histoire dans son ensemble : apprendre avec les gens est mieux que de simplement apprendre sur eux. »

Les survivants, quant à eux, ont apprécié l’importance qu’on leur a soudainement donnée. Ils sont ravis d’être entendus et reconnus par des chercheurs en ce qui concerne leur passé. Les rescapés de certaines tragédies sont donc fiers de montrer qu’ils ont réussi à continuer de vivre, malgré les drames du passé. Le poids est plus léger à supporter après toutes ces années de silence. Nolsina Yim, membre du groupe Cambodge, affirme que les Cambodgiens « ont redécouvert et se sont réappropriés leur Histoire avec un grand h grâce à ces petites histoires racontées ». Ils peuvent enfin dire ce qu’ils ont vu, entendu et ressenti. Sans accablement, ni culpabilisation, tous ces gens tentent de transmettre la reconnaissance qu’ils ressentent d’être vivant aujourd’hui.

Grâce aux témoignages rassemblés depuis 5 ans, la population perçoit en ce mois de mars les victimes d’une nouvelle façon ; ils sont devenus les éducateurs de notre histoire et non pas les victimes.


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