Est-ce que le prochain rendez-vous sera plus peuplé ?
À en croire le peu d’étudiants présents, ils n’y aura pas beaucoup d’ambassadeurs pour passer le mot. La tenue d’un événement se voulant rassembleur et rassurant dans une salle de théâtre d’une froideur d’église n’a pas contribué à tempérer l’atmosphère. Courtney, la dernière étudiante au micro avant la conclusion de la rencontre, a très justement fait remarquer qu’elle ne se sentait pas à l’aise de parler dans ce contexte :
« Je ne me sens pas confortable de parler ici, et je vais vous expliquer pourquoi. D’un, c’est assez formel, j’aurais aimé avoir une conversation plus décontractée avec les administrateurs. C’est ce à quoi je m’attendais en tout cas. De deux, la scène, les micros, n’aident pas non plus.»
Étrangement, juste avant qu’elle ne prenne la parole en regardant une des caméras, je me faisais la réflection que les administrateurs avaient peut-être l’habitude d’être filmés dans certaines circonstances comme au sénat, pour légitmiser le processus consultatif. Cependant, ils ont pleinement conscience du malaise qu’ont beaucoup d’étudiants se retrouvant devant la caméra sans leur consentement. Rappelons que cette pratique, qu’affectionnent particulièrement les gardiens de sécurité sur le campus, remonte au débuts des troubles, lorsque les étudiants protestaient pour MUNACA.
« Une autre chose qui me rend mal à l’aise est qu’il n’y a ici que 40 personnes et que les étudiants sont une minorité.»
Pour qu’il y en ait plus la prochaine fois, Manfredi a proposé que « l’on en parle à nos amis ». Le problème de la participation à ce genre de forums s’est plutôt amélioré depuis les deux occupations, car plus d’étudiants, sans tout-à-fait se sentir concernés, se sentent en tout cas interpellés. Mais je retire ce que j’ai dit. C’est justement à ce genre de forums, c’est-à-dire ceux qui impliquent une interaction entre une administration qui prétend la consultation et des étudiants plus ou moins désabusés par cette prétention, que la présence étudiante se fait rare. N’empêche que si l’invitation venait sous forme de carte ludique comme celle des occupants et non dans un de ces MROs que nous avons appris à détester, l’effectif s’en verrait peut-être accru.
« J’ai l’impression qu’en m’exprimant ici, en ce moment, je suis entrain de valider ce type de consultation.»
Alors que c’est précisément ce qui nourrit son malaise.
Pourtant l’événement n’étais pas du tout sans intérêt. Le moment le plus fort était un duel réthorique entre deux adversaires aux talents complémentaires. Lyne Thibault, conseillère juridique de l’université et attaquante futée. Arme : une question rhétorique ; savoir où se trouve la limite de l’association pacifique. Catherine Lu : professeur de théorie politique à la défense philosopique de plomb. Arme : la nuance bien pensée.
Thibault : « Quand les occupants sont turbulents, bruyants et empêchent les employés de discuter avec eux, ce degré de violence verbale ne signifie-t-il pas qu’ils ont dépassé la limite de l’association pacifique ?»
Lu : « La question n’est pas de savoir si la limite du pacifique a été franchie empiriquement, mais à quel point l’université devrait utiliser la force pour faire sortir ou disperser les manifestants.»
Potin intéressant pour les étudiants en théorie politique : Catherine Lu a été formée par la police de Vancouver comme opératrice du 911 lorsqu’elle était étudiante.
On retient deux chose :« C’est une grave erreur d’avoir choisi où les étudiants peuvent protester » (Lu) Il n’est pas constructif de déterminer un endroit précis et délimité où les étudiants auraient le droit de manifester tel que demandé dans le nouveau protocole établi par l’université.
« L’université répond aux interrogations de ses étudiants » a affirmé un professeur. Réflexion pour la postérité : à quoi bon répondre par des consulations unilatérales ? La prochaine consultation : le 12 mars, endroit à déterminer.
Délectez-vous du spectacle sur BCoolTV, la chaîne de télévision favorite de la communauté mcgilloise.