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Le PLC de Zachary Paikin

Le Délit a eu l’opportunité de s’entretenir à cœur ouvert avec Zach Paikin. Après le McGill Four néo-démocrate, le PLC aura désormais un représentant de choix.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Le Délit s’est entretenu avec Zach Paikin au sujet de sa campagne pour le poste de président de la politique nationale du PLC et de l’actualité.

Le Délit (LD): Connais-tu Le Délit ?

Zach Paikin (ZP): Oui je connais bien Le Délit. D’ailleurs je le parcours souvent lorsque je ne suis pas focalisé sur ma campagne. Je suis très admiratif des membres du conseil de rédaction parmi lesquels je connais quelques personnes.

LD : Cette campagne, nous allons évidemment l’évoquer. Tout d’abord, tu présentes ta candidature à un poste important au sein du Parti libéral du Canada. Quel est ce poste et en quoi consiste-t-il ?

ZP : Je me présente pour le poste de président de la politique nationale du parti. Il s’agit d’un poste très exigeant qui consiste à engager des adhérents au parti, améliorer la capacité du parti à développer des plateformes innovantes et progressistes, ce qui facilitera la tâche de celui-ci. 

LD : Quelle était ton implication au sein du Parti libéral du Canada avant de présenter cette candidature ?

ZP : J’adhère au parti depuis quelques années. Mon implication était surtout basée à Toronto ; cependant, depuis que je suis à Montréal, évidemment, je suis bien plus engagé ici.

LD : On voit souvent beaucoup de jeunes très engagés en politique, qui plus tard changent d’allégeance, ou même renoncent à la politique par dégoût. Qu’est ce qui t’a poussé à rejoindre le Parti libéral du Canada, hormis ta passion pour la politique ?

ZP : Si on analyse l’histoire de notre pays, il y a de toute évidence qu’un seul parti politique qui a su unir les canadiens lorsque les temps étaient durs, et peut aujourd’hui encore les unir : c’est le PLC.

Vous savez Sir Wilfrid Laurier, le premier ministre libéral à la fin du XIXe siècle, avait dit très clairement que l’enjeu le plus important et qui doit être adressé en priorité est l’unité nationale, car l’unité nationale enfante la cohésion, le rassemblement et le consensus, qui nous permettent d’établir les grandes réformes qui, à travers l’Histoire, nous ont toujours réussi. Il y a malheureusement actuellement une bipolarisation entre le Nouveau Parti démocrate et le Parti conservateur qui divise la société canadienne.

Historiquement, le PLC est le seul parti qui a su mener une politique décentralisée tout en conservant la realpolitik et un État fort. Le PLC peut prendre un rôle de leadership parmi les Canadiens mais a aussi fait porter sa voix à l’international. L’ALÉNA et d’autres grands projets ont été consolidés grâce au Parti libéral. Pour répondre à ta question, j’ai peu de respect pour les querelles internes, et les querelles de petite politique. Je suis un adepte de la politique constructive non partisane, et le PLC reflète le plus cette idéologie.

Alice Des | Le Délit

LD : Revenons au paysage politique canadien. Le PLC est-il selon toi un parti de gauche ou de droite ?

ZP : Le Parti libéral est un parti progressiste avec des « bold ideas ». Je tiens à le dire car ça doit entrer dans la tête des gens. Certaines personnes le considèrent un parti du centre, alors que le centre est historiquement un parti qui s’est placé sur l’éventail politique en fonction de la gauche et de la droite. Comment le PLC peut-il être du centre alors qu’il est en vérité un parti d’avant-garde progressiste ? La sécurité sociale, c’est nous. La santé publique, c’est nous. Dois-je même rappeler que la Charte des droits et libertés, c’est nous encore ? On est hors de l’éventail politique, on est en avance sur les autres. Le Parti libéral est celui qui a réussi à éliminer le déficit budgétaire. On a uni le pays et on l’a renforcé avec des gens de gauche, de droite et du centre.

LD : À t’entendre, le Parti libéral c’est le général de Gaulle, un parti d’union nationale. Tu nous as rappelé toutes les grandes réformes politiques du PLC, je souhaite désormais évoquer le parti au pouvoir qui, lui, a été réélu contrairement au tien. Comment considères-tu la politique Harper ?

ZP : Il faudrait que nous fassions un entretien de trois jours pour évoquer tout ce qui ne va pas avec la politique de Stephen Harper mais je vais l’illustrer avec deux exemples.

Premièrement, la politique de justice de Harper consiste à incarcérer la majorité des criminels. Les sentences sont excessivement dures envers les jeunes qui résultent par des dépenses de milliards de dollars pour la construction de prisons qui illustrent bien le tournant sécuritaire qu’a pris Harper. Mettre des gens en prison, cela crée inéluctablement un cercle vicieux, qui annule totalement la réinsertion de ces jeunes, et ajoute accessoirement un grand coût pour le budget national qui, je vous le rappelle, est financé par les citoyens canadiens.

Deuxièmement, par rapport aux finances publiques du pays, sous le gouvernement Harper, le déficit budgétaire a incontestablement augmenté. Les conservateurs réduisent les impôts, ce qui diminue les recettes fiscales et par conséquent tendent vers le déficit budgétaire. Le Parti libéral sous Jean Chrétien et Paul Martin avait eu des surplus dans le budget.

LD : Parlons du raz de marée des dernières élections, la vague orange comme on la surnomme. Elle a permis au NPD de rafler plus de cinquante sièges au Québec et de former l’Opposition officielle à la Chambre des Communes, titre anciennement porté par le PLC. Le NPD accusait les libéraux et les conservateurs de faire partie du même système, d’être identiques et d’entretenir le bipartisme. Confirmes-tu cette analyse ?

ZP : Le raz de marée du NPD n’a rien à voir avec les similitudes entre le Parti conservateur et le Parti libéral. Ils ont certes prononcé des accusations de la sorte, mais si l’on regarde les résultats, les Canadiens n’ont pas pensé ainsi. C’est au Québec uniquement que le NPD a réellement percé. Il faut savoir que dans toutes les autres provinces du Canada, le NPD ne s’est pas ajouté plus de dix sièges. Le succès du NPD n’a en fait à voir qu’avec la décrépitude du Bloc québécois qui n’avait rien d’autre à proposer que la souveraineté du Québec. Les Québécois ont d’autres priorités, ce qui les a poussés à sanctionner le Bloc en votant NPD. Je leur reconnais néanmoins un certain succès, et je reconnais également que les partis libéral et conservateur ne proposent rien aux Québécois, alors que le NPD s’est montré pro-Québécois en promouvant des valeurs socialistes et nationalistes québécoises.

LD : Sachant que le Parti libéral n’est plus l’Opposition officielle, quelles sont tes ambitions pour donner un nouveau souffle à ce parti qui est aujourd’hui en déliquescence ?

ZP : Le Parti libéral doit être ouvert et se présenter comme un parti où tous les adhérents peuvent s’exprimer. J’ai une plateforme avec trois points centraux qui essaie d’adresser tout cela et ces trois points sont sur mon site internet de campagne votepaikin​.ca

LD : Revenons au Québec. Le Québec s’est toujours distingué idéologiquement des autres provinces. Plus de justice sociale, une langue et une culture différentes, etc. Que veux-tu et que vas-tu faire pour ramener le Québec sous le giron du PLC connaissant aussi le vote historique des Québécois au PLC ? 

ZP : Je suis tout d’abord très fier d’être résident québécois, je suis également très fier d’être le seul candidat à ce poste qui vient du Québec. Les intérêts du Québec ont terriblement changé ; je suis certain que le Québec est conscient que ses intérêts seront mieux servis à travers le fédéralisme canadien.

LD : Il y aurait selon tes propos une fierté nationale Canadienne au sein du Québec. Tu irais même jusqu’à dire un patriotisme canadien digne de celui de la France ou des États-Unis par exemple. Un Québécois serait fier d’être canadien comme un Alsacien serait fier d’être français ?

ZP : Je suis content que tu me poses cette question ; il y a un changement extraordinaire au Québec aujourd’hui. 80% des Québécois se déclarent fiers d’être canadiens. Il y a un patriotisme canadien, c’est évident. Il y a un destin canadien et un héritage commun, c’est aujourd’hui encore plus flagrant. Il n’y aura pas de référendum, les Québécois en ont marre de tout cela ; ils veulent parler éducation, santé, économie.

LD : À t’entendre, l’option souverainiste serait-elle obsolète ?

ZP : Je ne pense pas que ce soit obsolète, mais c’est assurément secondaire. Ça se voit avec la fragmentation du PQ.

LD : Prônerais-tu une fusion avec le NPD ? 

ZP : Non, pas du tout. Je ne suis pas pour une alliance avec qui que ce soit. Je veux un gouvernement majoritaire libéral, et je travaille dur pour cela. En cas d’un gouvernement minoritaire, on pourrait éventuellement discuter, mais le NPD et le Parti libéral sont clairement distincts ; ils ne convergent sur aucun sujet. Une alliance n’est absolument pas envisageable. Je souhaite un gouvernement libéral majoritaire, afin d’éviter des élections tous les deux ans.

LD : Avec toi, le PLC s’ouvrira aux Canadiens, mais pas aux partis politiques ? 

ZP : J’ouvrirai volontiers la porte du Parti libéral aux adhérents déçus des partis conservateur et néo-démocrate et du Bloc québécois. Je suis prêt à débattre, à écouter les idées des uns et des autres, mais le Parti libéral a une grande plateforme politique, que je m’acharnerai à faire progresser sans cesse si je suis élu ; mais je ne veux pas entrer dans des jeux d’alliances à vocation électorale uniquement.

Propos recueillis par Alexis Chemblette


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