Aller au contenu

Le Tombeau des trottoirs

Du Montréal du XXe siècle au Montmartre de l’entre-deux-guerres…

Crédit photo: Audiogram

Au National, Béatrice Bonifassi nous propulse dans un voyage entre la Belle Époque et les Années folles, deux périodes bien distinctes selon elle. Dans son Tombeau, Betty entend faire revivre la chanson réaliste sans nostalgie, mais avec joie et bonne humeur.

La chanson réaliste est un genre musical né des cafés-concerts et cabarets à la fin du XIXe siècle et qui durera jusqu’à l’entre-deux-guerres.

Crédit photo : Audiogram
Principalement chanté par des femmes (on se rappelle tous la Môme Piaf), il relate avec mélancolie la vie des quartiers populaires.

À peine un pied dans la pièce que la transition débute ; après avoir passé le comptoir, nous voici dans un bar enfumé, on discute autour d’une bière ou d’un verre de vin. La salle aux airs de cabaret se remplit peu à peu de familles, de couples et de bandes d’amis qui attendent patiemment la chanteuse des Triplettes de Belleville.

Le spectacle commence. Accompagnée de son Orchestre du Nouveau Monde, coiffée d’un mini haut-de-forme rouge, Béatrice nous emporte sous des airs de Piaf, Ferré, et Boyer. Il est difficile d’ignorer sa voix magnifique ainsi que son charisme qui communique le naturel et le mystérieux à la fois. Si on ajoute les lumières qui jouent entre ombre et clarté, nous voilà transportés au début du XXe siècle dans un café chantant de Montmartre.

Mais ce n’est pas tout : par un tour de passe-passe, la troupe parvient à introduire du Alain Bashung et du Nirvana dans leur répertoire. Ce qui aurait pu relever de l’anachronisme apporte, au contraire, un renouveau au genre.

Lorsque Betty propose un entracte, on la retrouve au bar, cigarette et verre de vin à la main. Pendant que la pianiste, Fabienne, joue sur un piano-vélo ; les clients du bar dansent et célèbrent Piaf à coup de « Padam Padam Padam » !

Le spectacle peut parfois paraître chaotique avec ses nombreux musiciens sur scène, ses objets saugrenus dans le piano de Fabienne (des insignes religieuses, un globe, un tube, etc.), ses jambes rouges élastiques en guise d’écharpe et la bagarre entre musiciens. Néanmoins, ce qu’il faut retenir de ce spectacle, c’est qu’il permet avant tout d’entretenir une atmosphère bon enfant et de ne pas tomber dans la nostalgie.


Articles en lien